Il faudrait chercher du côté du mot "ambition" dans le dictionnaire pour décrire Shenmue 2 en un mot. Le premier volet était déjà une claque dans la gueule pour un jeu sorti en 1999 ne l'oublions pas, il suffit de voir les standards de l'époque pour le constater. Et oui, ce 2e opus donne un souffle plus épique à la saga. Je dois dire que je préfère l'ambiance plus intimiste du premier volet où Ryo rentre chez lui le soir, reste aux alentours de son quartier où il connait tout le monde... premier volet qui mélangeait donc beaucoup de styles de jeu différents, mais le côté "aventure" au sens où les gens l'entendent était discret.
Ici avec ce voyage en Chine, Ryo a perdu ses repères, le joueur aussi. Il faut apprivoiser le jeu. Un jeu qui se révèle bien plus long et vaste que son prédécesseur (qui était pourtant déjà assez long et vaste) se déroulant en 3 parties dont 2 principales. L'enquête nous fasse passer de Hong Kong aux dédales étriqués de Kowloon, jusqu'aux paysages bucoliques de Guilin. Du coup en y regardant bien, oui, certains passages fourmillent moins de détails que le premier, on repèrera plus les copiés/collés, qui faisaient partie des conditions sine qua non pour livrer un jeu de cette envergure deux ans seulement après le premier.
Car outre être plus grand, il y a tout de même beaucoup plus de quêtes annexes (parfois cachées) à faire, beaucoup plus d'easter eggs... ce jeu invite à la contemplation et bien entendu on peut aller droit au but, mais passer à côté des nombreux endroits visitables est dommage. Bien sûr presque 20 ans plus tard le tout a vieilli mais je ne me lasse pas d'admirer certains endroits du jeux.
Le fun est là aussi, il y a plus de jeux dans la salle d'Arcade... et comme je le disais dans ma critique du premier, un éditeur pas trop scrupuleux aurait pu vendre une compil des jeux présents en bonus dans cet épisode à la va-vite pour 30 euros sans sourciller. Rien que pour ça ce jeu est cool. De même, une chose qui déplaisait aux gens dans le premier volet est que perdre un combat ou un QTE conduisait à devoir simplement le refaire, ce n'est plus toujours le cas ici. Il arrive que cela mène à un chemin légèrement alternatif. Rien qui bouleverse fondamentalement le déroulé de l'aventure hein, mais ça a le mérite d'exister et d'être plus satisfaisant et moins dirigiste que d'être forcé de le refaire jusqu'à ce que tu y arrives.
Du côté des personnages importants, qu'il soient hauts en couleurs (y compris au sens propre, les couleurs sont un peu plus flashy que dans le jeu précédent) ou introvertis, toute une palette nous est proposée, leur écriture et leur caractérisation nous donne véritablement le sentiment qu'ils sont vivants. Notons en point positif par rapport au volet précédent qu'avec les quidam rencontrés dans la rue, on peut désormais aborder plusieurs sujets de conversation.
Le jeu a t-il des défauts ? Et bien, d'ordinaire dans les deux volets, les instants de calmes, de travail, les passages un poil répétitifs ne m'ont pas posé problème. Malgré tout, dans les 2e et 3e parties, certains passages abusent tout de même question répétition, dans les dernières heures lors de l'ascension de l'immeuble final à Kowloon où lors du voyage avec Shenhua, il m'est arrivé de soupirer à quelques reprises, ça ne m'était jamais arrivé dans le premier. De quoi irriter parfois, mais pas de quoi gâcher l'expérience non plus. D'autant qu'à l'inverse, à d'autres moments, il est parfois possible de passer le temps, quand nous étions toujours contraints d'attendre dans le premier volet.
Shenmue II est donc un jeu vaste et ambitieux. Plusieurs moments m'ont fait bomber le torse tant tout est fait pour qu'on sente la majesté voire la démesure de l'aventure. Le tout servi la mise en scène majestueuse appuyée par la superbe bande-originale de Yuzo Koshiro, c'est un long et inoubliable périple qu'on a voulu nous faire vivre.