L'art de la fausse enquête
Un jeu basé sur l’univers et les personnages de Sir Arthur Conan Doyle avait de quoi réjouir les joueurs en mal de véritables enquêtes. Malheureusement, le jeu n’est pas à la hauteur des...
le 18 août 2015
4 j'aime
Mon premier Sherlock Holmes, joué six ans après sa sortie à la faveur des circonstances combinées du confinement pandémique et du racolage epicstorien. Cela tombe bien j'ai toujours été curieux de la série, mais pas au point d'en acquérir un épisode.
Je suis assez mitigé quant au résultat, qui souffle en permanence le chaud et le froid.
Techniquement les personnages sont correctement modélisés et doublés, les décors parfois sommaires parfois convaincants et animations comme mise en scène prêtent à sourire. Le bilan est toutefois plutôt positif, excepté les temps de chargement entre chaque zone grossièrement masqués par la séquence 'calèche' et les allers et retours nombreux, parfois pour ne pas faire grand chose. Et en terme de gameplay je comprends la tentation des mini-jeux mais alors à condition de proposer un gameplay un minimum potable parce que là... il aurait mieux valu systématiser les petites épreuves logiques.
Les enquêtes en elles-mêmes sont à la fois plaisantes (d'une part l'univers est bien respecté et on se sent dans la peau du célèbre détective et d'autre part le système de déduction est plutôt bien trouvé) et désespérantes tant elles sont assistées et reposent sur une mise en concurrence artificielle d'improbabilités semblables. Le principal problème reste l'assistance, avec des choix très limités et encadrés dans ce qu'il est possible de faire. Ainsi il manque bien souvent la possibilité d'effectuer une vérification qui paraît pourtant élémentaire compte tenu des éléments obtenus ou d'interroger de manière exhaustive les témoins et suspects ; les interrogatoires sont lapidaires et seuls les quelques objets utiles à l'enquête sont interactifs.
Il arrive par ailleurs que certaines actions logiques soient possibles mais ne sont débloquées qu'en réalisant au préalable une autre action parfois absurde, ce qui se révèle très frustrant quand on bloque en sachant pourtant dans quelle direction aller. A ce titre je pense que la séquence 'Toby' en amusera plus d'un (aller - retour sans intérêt et personnellement j'aurais apprécié pouvoir fouiller la cabane sans attendre de 'découvrir' cette possibilité). Et le jeu oriente artificiellement les investigations en proposant des choix qui semblent parfois un peu sortis de nulle part (on dira que c'est l'intuition de Sherlock). Par ailleurs certaines conclusions n'apparaissent pas aussi logiques qu'elles le semblent (voire aberrantes) si on pousse plus avant la réflexion.
L'idée de parvenir à une conclusion erronée aurait pu être bonne si elle avait eu des incidences narratives, mais ce n'est pas le cas. Du coup on regrette d'autant plus les carences de l'enquête.
J'en veux pour preuves quelques exemples simples tirés de la première (qui fait office de tutoriel) : il est par exemple impossible de vérifier la pointure de tous les suspects ce qui est évidemment incohérent (on ne le fait que pour 2 sur les 3). Par ailleurs on peut tous les soumettre à interrogatoire sauf le coupable probable. Et alors même que le meurtre s'accompagne d'un vol il n'est pas possible de conduire une perquisition ou une fouille pour retrouver l'objet du vol chez l'auteur présumé. Et là on touche au manque rédhibitoire de mon point de vue. Malheureusement toutes les enquêtes fonctionnent de la sorte et notamment aucune ne permet de vérifier matériellement sa conclusion avant de prendre une décision. Dans ces conditions je me garderais bien d'envoyer à la potence les coupables désignés par Sherlock !
Au final même si la lourdeur globale casse un peu la dynamique, ambiance et enquête s'avèrent plaisants... jusqu'au moment inévitable où on se heurte au côté assisté du jeu qui limite beaucoup trop la liberté d'enquête et force la main. Par ailleurs c'est dommage de proposer six enquêtes (ce qui est très bien sur le principe) et de laisser la possibilité de se tromper dans ses conclusions sans proposer - je ne dis pas de manière systématique - un liant narratif et ou de renvoyer au joueur les conséquences de certains de ses choix. Un titre assez frustrant au final.
Créée
le 19 avr. 2020
Critique lue 271 fois
1 j'aime
D'autres avis sur Sherlock Holmes: Crimes & Punishments
Un jeu basé sur l’univers et les personnages de Sir Arthur Conan Doyle avait de quoi réjouir les joueurs en mal de véritables enquêtes. Malheureusement, le jeu n’est pas à la hauteur des...
le 18 août 2015
4 j'aime
Un formidable polar interactif immergeant parfaitement le joueur dans ses responsabilités concrètes d'un détective imaginaire, en proposant les choix moraux les plus intéressants que le jeu vidéo ait...
Par
le 25 janv. 2015
3 j'aime
2
Sherlock Holmes : Crimes & Punishments est un jeu d'enquêtes où l'on incarne le célèbre détective Sherlock Holmes. Voici mon avis : Points négatifs : Quelques enquêtes trop courtes Manque une...
Par
le 14 mars 2016
2 j'aime
Du même critique
Bethesda a atteint un tel niveau de médiocrité avec ce Fallout 4 que même le ressort habituel de l'exploration d'un vaste monde pour y découvrir les quelques pépites qui s'y cachent - lieux...
Par
le 16 nov. 2015
16 j'aime
3
Je ne vais pas beaucoup m'étendre sur sur ce deuxième opus et pour l'essentiel je renvoie à ma critique d'Innocence :...
Par
le 24 oct. 2022
15 j'aime
Sous la direction artistique le néant... ou presque. Dordogne est symptomatique d'un mal qui ronge le jeu vidéo français depuis (presque) toujours et indé depuis pas mal d'années : le truc narratif...
Par
le 16 juin 2023
12 j'aime
6