Familier de la série mais pas du premier opus (joué en diagonale il y a des années de ça, alors que je ne jurais à l'époque que par Resident Evil), j'ai décidé de sauter le pas en me procurant le titre fondateur de la saga sur le PSN pour la modique somme de 5€.
Et il faut dire que jouer à un tel jeu en 2009, c'est au départ assez... éprouvant. Graphiquement d'abord, une telle 3D, déjà approximative à l'époque, a bien vieillie, et ce à tous les niveaux. De même, la jouabilité est affreusement rigide, qu'il s'agisse des déplacements et des combats, insipides à cause d'un bestiaire ridicule et peu intéressant à combattre et d'une maniabilité sclérosée.
Seulement voilà, aujourd'hui encore il émane de Silent Hill quelque chose de profondément malsain, et la direction artistique réussie permet à une technique aujourd'hui défaillante de toujours exprimer son potentiel à l'époque flamboyant. La descente aux enfers de Harry Mason, venu à Silent Hill sur demande de sa fille Cheryl n'en est que plus déstabilisante. Ses textures devenues immondes renforcent un sentiment de pourriture et de claustrophobie ambiante. Silent Hill est étouffant et ne laisse pas une minute de répit au joueur, alternant constamment entre ville brumeuse et déserte et monde alternatif cauchemardesque. Au point qu'au final les deux se confondent et le joueur lui même se met à douter.
Le jeu est de plus toujours agréable à jouer dans ses phases d'exploration, certes un peu monotones, mais enrichies par des énigmes au challenge corsé et à un sentiment de liberté peut-être illusoire mais extrêmement bien entretenu. Le level-design brille aussi dans un enchevêtrement de ruelles et de couloirs savamment conçu.
L'histoire quant à elle parait incohérente et impossible à comprendre une fois le titre fini (quelle que soit la fin obtenue), mais elle devient limpide si l'on se penche un peu plus sur le sujet (http://www.silenthill.fr/accueil.htm : voire section "théories et explications", premier lien) Mais outre une trame principale un peu étrange, Silent Hill exhibe aussi une portée symbolique de tous les instants, presque érudite pour le joueur lambda, mais qui permet au final au titre de se forger une véritable identité tout en empruntant aux plus grands noms, films, concepts...
Enfin, les musiques signées Akira Yamaoka n'ont pas pris une ride, compositions à la fois morbides et lyriques, elles font définitivement de la série, et de cet opus fondateur plus que tout autre, une série à part dans le monde du jeu-vidéo.
En définitive, on peut dire que Silent Hill n'est pas un bon exemple de jeu-vidéo qui a bien vieilli. Pénible à jouer de nos jours, il s'en dégage pourtant toujours une ambiance extrêmement saisissante et une portée narrative et symbolique qui passionneront encore. Un jeu culte bien que difficile à appréhender aujourd'hui. Il faut toutefois s'incliner devant le titre qui a posé les bases d'une série qui allait accueillir par la suite son ultime chef d'œuvre : Silent Hill 2.