Sin and Punishment (SAP) est un jeu N64 inédit en Europe (étant pourtant un gros hit au Japon) et que j'ai pu à l'époque tester sur la console virtuelle de la Wii. SAP offre une expérience de jeu assez spéciale, et presque dérangeante.
Au moment où j'ai fait le jeu, je n'ai strictement rien compris à l'histoire :p. En effet le jeu sur console virtuelle inclue un nouveau doublage en anglais, mais les sous-titres sont restés en japonais (en tout cas dans la version que j'avais). Enfin, après m'être récemment mis à jour, voilà ce que j'ai compris : avec l'augmentation de la population, le manque de nourriture devient un réel problème ; des scientifiques créent alors une nouvelle forme de vie animale consommable et aisément reproductible, et placent leur réserve au Japon ; cette forme de vie mute bien évidemment en monstres sanguinaires qui s'attaquent aux humains ; un groupe armé dit vouloir stopper ces monstres alors qu'en vérité il tente de s'approprier leur potentiel militaire ; un autre groupe plus restreint tente de défendre le Japon au milieu de tout ce merdier ; vous êtes désormais l'unique espoir de sauver le monde :p.
Vous incarnez donc Saki, un jeu garçon adepte du pistolet et de l'épée laser et accompagné par deux jeunes demoiselles (Achi et Airan), ayant pour but initial de nettoyer le Japon de ces monstres et de ces militaires corrompus. Bon, après le tout part dans un bordel pas possible (attention, spoil massif) :
Saki finit par se transformer en monstre géant sanguinaire en tombant dans une mer de sang ; Airan reprend alors la lutte, tente de ramener Saki à la raison, et au passage voyage dans un futur parallèle à la Terminator qui est en réalité le subconscient de Saki ; Saki finit par "ressusciter" en mode mi-humain, mi-monstre ; Achi dévoile sa véritable intention de psychopathe en puissance qui est de créer une deuxième planète Terre pour remplacer l'ancienne ; Saki redevient un monstre géant (mais conscient cette fois) et s'attaque carrément à la deuxième Terre toute entière, qui finit par exploser ; et on termine sur le classique final psycho-métaphysique. Ah ces japonais...
Bref, tout au long du jeu, l'atmosphère est particulièrement dérangeante, ce qui n'est pas sans rappeler le sublime Akira ou Evangelion, et d'autres œuvres du genre. L'histoire est en tout cas surprenante pour un rail-shooter et pleine de rebondissements.
Niveau Gameplay, c'est donc un rail-shooter assez spécial. Votre personnage avance tout seul sur un rail, caméra de dos. Avec un stick, vous vous dirigez seulement latéralement, avec la possibilité également d'effectuer des sauts et des roulades. Avec l'autre stick, vous devez contrôler le viseur de votre pistolet. Il y a deux viseurs différents, un "manuel" qui vous permet de tirer en continu et un "lock" qui suit vos ennemis, mais qui est moins puissant. A cela s'ajoute une attaque au corps à corps avec l'épée, pouvant aussi renvoyer les projectiles ennemis. Si le tout est au départ assez difficile à prendre en main, on s'habitue bien, et il faudra rapidement bien maîtriser les esquives et l'épée pour progresser sans trop galérer. Durant certaines séquences, les ennemis sont en effet largement en surnombre et peuvent vous envoyer des demi-douzaines de projectiles. C'est d'ailleurs impressionnant de voir que l'action reste fluide et que la console peut afficher des centaines d'ennemis !
Le jeu se dote de graphismes typiques de l'époque N64, qui semblent aujourd'hui un peu vieillots, mais le design et la direction artistiques sont très réussis. Ce qui fait la richesse de SAP, ce sont bien les ennemis et les boss ! C'est là que le jeu dérange le plus aussi, car les ennemis deviennent vite assez cauchemardesques. Les ennemis humains sont peu à peu remplacés par des monstres plus ou moins chimériques, des arachnoïdes et autres entités plus ou moins "gluantes" :p. Les combats contre les boss sont jouissifs, comme la plupart des passages du jeu d'ailleurs. Ces derniers peuvent survenir à tout moment dans le niveau en tant que "mini-boss". Le jeu est finalement assez difficile, court, mais on y revient avec plaisir. Les niveaux sont tous plus déjantés les uns que les autres, notamment celui où vous êtes tout du long sur un morceau de béton volant grâce à quelques pouvoirs télékinésiques, et où vous devez affronter toute une flotte marine et aérienne !
Bref, je vous conseille vivement d'essayer ce jeu qui a certes un poil vieilli et dans lequel il est assez dur de se replonger, mais qui constitue sans aucun doute une expérience vidéoludique surprenante et un défouloir de qualité.