Un scénario un peu développé, une narration travaillée, une direction artistique qui tue, c'est bien. C'est d'autant mieux que les deux premiers points sont très souvent mis de côté dans les Shoot'em Up. C'est bien mais ça n'est pas suffisant, à force de se la jouer atypique Sine Mora tire à côté de la cible.
Les décors sont très détaillés, bourré de subtilités et d'animations et les ennemis : pareil. Malheureusement, à force, l'écran est surchargé de détails qui attirent l'oeil et l'action devient donc peu lisible, ou en tout cas pas suffisamment pour un jeu de ce genre, dont la base n'est pas tant la destruction des cibles que la survie aux projectiles. Les tirs dangereux et effets inoffensifs pleuvent d'un peu partout et se confondent trop souvent.
Ensuite Sine Mora réussi l'exploit d'être un Shoot'em Up sans rythme. Le déplacement de nos avions, celui des vilains, le défilement de l'arrière-plan : tout est d'une grande mollesse. Sentiment accrue par un cruel manque d'impact de nos tirs quand ils touchent, par un sentiment de puissance littéralement absent. Même nos armes, nombreuses et variant selon l'appareil choisi, sont molles. Bien qu'on ait la possibilité d'accélérer le temps le jeu a donc un déroulement plat que tous les efforts de mise en scène ne viendront pas perturber. Le titre n'est pas facile pour autant mais les dogfights n'ont aucune intensité, aucun dynamisme. Les développeurs essayent de cacher la misère avec un système de compte à rebours serré mais jamais motivant, parfois même frustrant puisqu'on ne comprend pas toujours certaines conditions d'échec. Même la musique n'a pas l'air d'y croire et semble elle aussi prisonnière d'une torpeur irrésistible.
Beau et avec une approche plutôt original Sine Mora a tout du jeu alléchant mais une fois manette en main : le vide, l'ennui et l'envie de poser la manette pour faire autre chose. Joli coup d'épée dans l'eau.