Et on dit OUISTITI !

A écouter pendant la lecture : https://www.youtube.com/watch?v=_6cIA5S77IU

Je dois dire que je n'en attendais pas autant, on est là face à un jeu tout à fait réjouissant.
On me l'a plusieurs fois recommandé en tant que grand fan de ce que peut faire Tim Schafer et j'attendais qu'il tombe en promo pour me le prendre, et franchement je ne regrette absolument pas cet achat.

L'histoire se déroule dans un lieu étrange, en dehors du temps, perdu au milieu d'on ne sait où, on se réveille dans une chambre assez désuète, il y a juste un lit parlant qui nous drague à plusieurs reprises dans le jeu.
Ce lieu est donc dans une espèce d'asile de tristes, tous les personnages (22 au total) sont vraiment dégoutés de la vie, et en tant que fleuriste, c'est à nous de faire tout notre possible pour leur redonner le sourire, cependant, il y a quelque chose sous la surface, quelque chose cloche, en effet, le Docteur Habit qui est censé soigner les patients de leur tristesse, agit de manière de plus en plus étrange de jour en jour du haut de sa tour...

Le jeu s'articule comme une espèce de puzzle géant en temps réel, on nous demande de trouver les bons objets pour chaque personnage afin de les faire sourire, les rendre heureux. Nous avons chaque jour un laps de temps pour effectuer nos actions (laps de temps relativement long, heureusement on peut accélérer le temps pour passer au jour suivant grâce à un objet). Les énigmes sont vraiment assez faciles, on est loin d'un Lucasarts de la grande époque.
Il y a quand même 2,3 trucs qui vont demander un vrai temps de réflexion mais on est jamais vraiment bloqués car le jeu a l'intelligence de donner des indices régulièrement.
En Effet, si une des énigmes vous donne du fil à retordre, vous pourrez reparler au personnage en question pour qu'il vous donne un indice par jour, on peut donc mettre sur pause un des puzzles et se concentrer sur un autre en se disant qu'on verra bien demain.

Chaque matin on a le droit à une petite vidéo du docteur sous forme de spectacle de marionnette nous en apprenant un peu plus sur l'univers, qui plus on rend les gens joyeux, plus se révèle être en réalité une dictature du sourire forcé.
Le scénario est assez sympa quoiqu'un peu nébuleux par moment, on se demande un peu si c'est vraiment crédible, j'ai ressenti un petit hic à ce niveau là, on dirait même que la personnalité de "l'antagoniste" se contredit de jour en jour sans que ce soit justifié, disons que la psychologie des personnages n'est pas assez fine pour rendre le tout implacable.

Même si LE point fort de ce jeu, c'est justement ces personnages, on sent que Gabe Lane et Yugo Limbo ont fait le bon choix en choisissant de les faire en 2D dans un environnement 3D (à la technique assez discutable mais on s'en fiche).
Ils ont tous un design vraiment sympas (à part peut-être le Docteur) et sont suffisamment attachants pour qu'on ai l'envie de les aider, on a réellement envie de les voir sourire.
Soyons clairs ce ne sont pas les meilleurs personnages du jeu vidéo, ni même des modèles d'écritures, mais ils restent suffisamment intéressants pour qu'on se dise qu'ils sont tout de même réussis. Leur sound-design est vachement marrant, ils gémissent tous des onomatopées improbables; quant à l'OST, je la trouve assez sympa mais trop répétitive étant donné les allers retours nombreux que l'on fait entre chaque lieux.

J'ai personnellement interprété le jeu comme une critique faite au dictateurs de la bien-pensance, et que la vraie gentillesse (et donc le sourire sincère) se trouve dans l'empathie et le pardon. Et comme c'est une thématique qui m'intéresse j'étais content de parcourir son traitement dans un vrai petit bijou vidéoludique.

On a là pour moi l'entre-deux parfait entre point and click traditionnel et jeu narratif actuel.

Bref un jeu bien fichu, qui est conscient de ses moyens pour ne pas en faire trop tout en restant foutrement original.

Ah oui et le jeu est en anglais uniquement.