Solar Ash échappe difficilement à la comparaison avec Hyper Light Drifter, son ainé avec lequel il partage une esthétique techno post-apocalypse bizarre, à mi-chemin entre Evangelion et les jeux de la Team ICO, teinté d'un mysticisme Zelda-esque. Un sacré melting-pot, finalement assez classique dans le jeu vidéo, et pourtant, Heart Machine tire son épingle du jeu en accentuant sur la violence et l'hémoglobine.
Du coup, parcourir Solar Ash est franchement surréel. On ramasse des goutelettes de sang, on explose des seringues sur des corps immenses et torturés, on meurt implacablement et on tue sans arrière-pensée. Le monde est mort et continue de mourir, nos ami sont morts et les quelques vivants errent comme de zombies. Et partout, des apparitions monstrueuses, dispersées aux quatre coins d'une map gigantesque, que l'on parcourt en ridant à toute vitesse sur des nuages.
Cette navigation, c'est le grand plaisir qu'offre Solar Ash. Une simple pression de la gâchette permet de lancer notre personnage à toute vitesse en avant, et l'autre de glisser à l'infini vers l'avant. C'est assez déstabilisant au début, et le premier combat de boss dans mon cas a été assez comique. J'avais l'impression de jouer à un héritier mal léché de Sonic Adventure. Je ne comprenais pas où j'allais, la caméra ne suivait pas, et je mourrais sans cesse. Ce n'est que quelque heures plus tard, après avoir arpenté le premier niveau que j'ai commencé à avoir Rei, l'héroïne de cette histoire bien en main. Et à partir de là, c'est que du bonheur. Glisser, sauter, profiter de l'inertie pendant un demi-tour, grinder sur les rails... Tout ça fonctionne extrêmement bien. Par ailleurs, si on se castagne bien contre des ennemis, Solar Ash a le bon goût de rendre ses combats secondaires dans l'expérience, et ils sont la plupart du temps vite réglés. Pour aller avec cette vitesse, un monde vaste et ouvert était nécessaire. Heart Machine a poussé le bouchon un peu plus loin en proposant un monde en trois dimensions, qui évoque forcément Mario Galaxy ou Gravity Rush. Le jeu avance, on gagne en vitesse, en hauteur et le vertige s'accroît.
Les combats contre les boss gigantesques évoquent forcément Shadow of the Colossus, bien qu'ils s'en distinguent en proposant non pas de les escalader jusqu'à leur point faible, mais bien de les rider comme une piste de ski. On nous impose de réaliser une chorégraphie un peu comme on rentrerait une série parfaite de tricks dans Tony Hawk jusqu'à triompher du vilain. En affrontant le premier boss, j'ai été très déstabilisé à la fois par le gameplay et par cette exécution franchement originale. Un peu plus tard, je prenais beaucoup de plaisir à effectuer ses séquences, d'autant plus que les combats sont de plus en plus spectaculaires. Ça reste un peu branlant et injuste par endroits, mais le plaisir demeure.
Solar Ash est donc un vrai concentré de jouissance dans un univers morbide. Dommage que son scénario ne suive pas. L'histoire est très conventionnelle et ses PNJ anecdotiques, et c'est dommage parce qu'on sent que chaque personnage a été travaillé avec beaucoup de soin. Fort heureusement, on peut réaliser le jeu en profitant seulement de l'ambiance et en ne perdant pas trop de temps à lire les codex disséminés ici et là. Le jeu est d'ailleurs assez court pour qu'on ne s'ennuie pas, et la fin a le bon goût d'être vite expédié (en dépit d'un boss final cassé).