Solitaire
5.9
Solitaire

Jeu de Xbox Game Studios (1990PC)

Se morfondre, se languir, perdre du temps, s'adonner à des tâches répétitives sans intérêt, s’abêtir consciemment, esquiver le conflit, la difficulté. Si ceci fait écho en vous, vous êtes sûrement un amateur de "Klondike".


Durant l'intégralité de cette critique, je nommerais le Solitaire "Klondike". Pour deux raisons, la première est historique. Il s'agit là de son nom originel avant l'accaparement par Microsoft à des fins pécuniaires et d'abrutissement des masses. "Klondike" aussi, car c'est un nom absolument ridicule, à la consonance déplaisante, presque grossière et vulgaire. A la hauteur d'un système de "jeu" qui l'est tout autant.


Le défaut principal du "Klondike" est sa prévisibilité. Chaque partie lancée est une partie gagnée d'avance. Il n'y a pas de complexité, le "joueur" est amené à ne faire aucun choix. L'idée même de "jeu" à mon sens est comprise dans cette idée de choix: on choisit (ici synonyme de prendre une décision), on suit le déroulement de ce choix, on s'adapte aux conséquences, on choisit et décide donc à nouveau à cause de ces dernières. On "joue" en somme. Ici rien de tout cela. Une seule possibilité par carte dévoilée, guère plus. L'esprit peu affûté croit véritablement "jouer", alors qu'il ne fait que suivre un plan pré-établit.


Reprenons point par point les règles et le système de "jeu" afin de mieux en démonter la petite mécanique servile et sans subtilité. Nous n'avons ici que 52 cartes, 4 couleurs (contrairement au 8 du Spider Solitaire -mode difficile-). Déjà les possibilités sont mécaniquement, arithmétiquement moins nombreuses. Mais ce n'est pas tout. Tout se tient dans lors d'un "roulement" qui va rythmer bêtement l'intégralité du déroulement du jeu. Un roulement d'une pile de carte cachée que le "joueur" doit utiliser afin de les combiner avec un tapis de 6 colonnes de petit tas décroissant, dont seul la dernière carte est retournée. On constate ici une ressemblance ridicule et risible avec la simplicité complète et totale du Spider Solitaire -mode difficile.
Toutes ces cartes sont dans le désordre et le joueur doit bien sûr, comme dans toute Patience, les remettre dans l'ordre, en posant d'abord des "A" dans 4 case situé en haut à droite du Tapis de Jeu.


L'une des plus grandes infamies du Klondike est la façon dont est gouverné le déplacement des cartes. Vous ne pouvez que procéder en les mélangeant. Ceci fait bien sûr désagréablement peu sens avec le but final : les remettre dans l'ordre. Jamais vous n'aurez ce plaisir primordial de toute bonne partie de Spider Solitaire -mode difficile- de voir peu à peu, en suant et bataillant, émerger la suite que vous êtes en train de reconstituer, en en rassemblant épars les fragments dispersés sur le Tapis de Jeu.


Le scandale de l'auto-complétion. Le joueur est comme je l'ai précédemment démontré, très vite prit dans des rails, qui le mèneront immanquablement à la victoire. Croyant avancer, l'ordinateur avance en réalité sa place, suggérant la combinaison qui est de fait l'unique possible. Mais, dans ce délire de simplicité et de facilité, le "Klondike" pousse encore le vice plus loin. Il nous offre sur le plateau d'argent de la lâcheté, une possibilité de déposer les cartes dans les espaces réservés aux suites à reconstituer, automatiquement. Voir même si l'on est suffisamment avancé, de déposer le faux tri (rappelons la mécanique absurde nous forçant à mélanger les couleurs) d'un seul coup. Il n'y a là même plus de tentative d'imiter un Jeu. Tout est factice, il pourrait même n'y avoir personne devant le Tapis de Jeu que rien ne se trouverait altérer, le comble absolu de l'absurde et de l'inutilité, incarné vous l'aurez bien compris par le "Klondike".


Comme si cela ne suffisait pas, à la fin de la partie (qui se soldera automatiquement par une victoire, sauf si vous êtes sévèrement déficient) les cartes se retrouvent écrasées jusqu'à leur destruction pure et simple. Oui vous m'avez bien lu, les cartes sont détruites par le programme en fin de partie. C'est tout simplement scandaleux. On comprend dès lors que l'on a affaire à une oeuvre profondément mauvaise, qui sciemment nous montre que tout temps perdu à l'utiliser (je ne peux plus employer le terme "jouer" à ce stade de ma démonstration) est un temps par définition, perdu et disparu.
On est bien loin de la symbolique de fête et de réussite incarnée dans le feu d'artifice chatoyant au gerbes si superbement animé du Spider Solitaire -mode difficile-, vous en conviendrez.


Pour ma part, j'ai perdu en tout et pour tout deux heures de mon existence dans l'infâme "Klondike". 5 parties "jouées" et autant de gagnées, bien sûr. Cela fait que j'ai ainsi sur ce "jeu" un taux de victoire de 100%. Pour vous donner un élément de comparaison, je suis un Joueur particulièrement expérimenté de Spider Solitaire -mode difficile- et bien mon taux de réussite est actuellement de 67%.


J'aimerais presque, organiser une pétition afin de supprimer le "Klondike" de tout les ordinateurs du monde. En effet, un divertissement plus abrutissant encore qu'une télé réalité mettant en scène des Marseillais dans des villas luxueuses est plus rageant encore. Mettre nos progénitures en face de "jeu" tels que cela ne risque de produire qu'une chose. les abrutir autant qu'ils ne le sont déjà.


Parce que soyons honnêtes, si l'on regarde la baisse de Quotient Intellectuel dans le monde moderne on pourrait presque raccorder cette chute drastique à l'apparition du "Klondike" sur les ordinateurs mondiaux.


Ce qui m'amène à un point consternant Brad Fregger que j'admire pour avoir permis à l'humanité d’accéder au Spider Solitaire -mode difficile- est le même programmeur ayant permis à posséder le "Klondike" gratuitement.


Après il faut aussi savoir relativiser, tout le monde n'à pas les ressources nécessaires, ni le temps à investir pour comprendre les subtilités presque philosophiques du Spider Solitaire -mode difficile-. Alors il faut trouver un moyen de divertir la populace. Et là dessus le "Klondike" fait fort. il permet à celles et ceux ne cherchant pas à s'élever d'avoir un semblant de progression. Le "Klondike" est l'opium des "joueurs".


Et c'est fondamentalement vrai, depuis que j'ai joué au "Klondike" j'ai un peu le sentiment d'avoir régressé. Le "Klondike" ne mérite pas son appellation "Solitaire" car pour comprendre un jeu nommé "Solitaire" il faut s'enfermer dans le Jeu et en soit même.


En espérant vous avoir donné une optique plus profonde et vous donner l'envie de quitter votre partie et ainsi vous adonner à des activités plus probantes.


Spider_91300

Spider_91300
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le 12 août 2021

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