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Shadécompte : 2/6

Sonic Adventure 2, c'est le jeu que je craignais le plus de revisiter. Je ne l'ai fait qu'une seule fois (sur GC), mais il a pendant quelques années occupé la première place de mon top jeux vidéo. Un exploit qui n'est pas mince, mais je me doutais qu'une revisite en 2024 allait le plomber. Parce qu'aujourd'hui quand je pense à SA2, je me rappelle plus des mauvaises phases que des bonnes.

Et effectivement, comme son grand frère, il n'a pas fallu trop longtemps pour que mes craintes se confirment.

Sorti sur une Dreamcast dont le destin était déjà scellé en 2001, il s'agit de la suite de Sonic Adventure premier du nom (ça va jusque-là, pas trop dur à suivre ?). Mais c'est surtout le jeu qui introduit Shadow dans l'univers du hérisson, la version sombre de Sonic au passé torturé et qui sera l'antagoniste principal pendant une bonne partie du jeu. La franchise n'a plus jamais été la même après l'introduction d'un personnage aussi classe.

On va commencer par un point positif : scénaristiquement, le jeu est aussi ambitieux que son prédécesseur mais encore plus réussi. La mise en scène est mieux maîtrisée, les personnages ne sont plus statiques et sont bien mieux animés, c'est graphiquement plus joli, l'histoire s'inscrit dans la continuité de son prédécesseur et même le doublage est meilleur (à l'exception de Knuckles, où son nouvel acteur l'a rendu trop calme et posé à mon goût, il s'améliorera dans Heroes ou Battle). Le scénario est même carrément plus explosif qu'Adventure et nous narre une course contre-la-montre héros vs vilains où l'armée s'en mêle, ça fuse dans les cinématiques, les personnages ne tiennent pas en place et c'est jouissif !

Je pardonne volontiers les plus gros angles morts du scénar, comme cet étrange message enregistré par Gerald juste avant son exécution mais uploadé on ne sait comment sur les serveurs d'une colonie spatiale désaffectée. Je pardonne moins l'atroce mixage audio qui ruine certaines des cinématiques qui devraient être les plus iconiques de la licence sans ça (la palme revenant aux deux cinématiques où Sonic se prépare à affronter Shadow).

Manette en main, le jeu se contrôle globalement mieux que SA1. Seuls trois des gameplays ont été conservés (course, méchas et recherche) et les phases de terrain ont disparu, ce qui permet d'avoir un gameplay plus fluide et moins de superflu (au revoir Big). On a tout de même deux niveaux de conduite de voiture un peu paumés dans la masse, pas géniaux du point de vue des contrôles, mais pourquoi pas.

Les niveaux de course sont clairement les meilleurs du jeu, mais ils ne représentent que 10 niveaux sur 30. Mes souvenirs ne me faisaient pas défaut sur ce point, ils sont plus linéaires que dans SA1, en revanche la physique est toujours suffisamment souple pour permettre de prendre des raccourcis dès qu'on maîtrise les subtilités du jeu. Bonne surprise à ce niveau-là, c'est donc à partir d'Heroes que ça a commencé à vraiment dégénérer. On a même des améliorations de gameplay qui font plaisir, comme le Light Speed Dash qu'on n'a plus à charger, c'est grisant !

Les méchas ont mauvaise réputation mais je les aime bien. Ce sont des phases de plate-formes plus classiques et lentes, avec un gimmick de combo plutôt marrant à exploiter. Ils sont peut-être un poil trop longs et le bruit du laser vrille les oreilles au bout d'un moment, mais je ne peux pas dire qu'ils m'aient ennuyé.

Les phases de recherche en revanche, ouïe ouïe ouïe… Les niveaux sont plus vastes que dans SA1, ce qui est une bonne idée sur le papier, mais le radar permettant de repérer les Emeraudes ne peut plus en chercher qu'une à la fois, ce qui rend ces phases interminables, sans parler du côté labyrinthique de certains niveaux (ceux dans la pyramide et dans l'espace en premier lieu). Et évidemment, tout est randomisé, à chaque essai (ou mort) on doit refouiller même dans des endroits qu'on avait déjà vidés, au cas où. J'ai détesté quasiment tous ces niveaux, et ils sont pour moi le point faible du titre. On y passe trop de temps pour que je puisse les ignorer et mettre 9 au jeu, comme je l'avais fait naïvement en 2016.

Au niveau des boss, on a à la fois du très bon (le Biolizard est probablement le meilleur de la série) et du très mauvais (jamais compris comment l'IA de King Boom Boo fonctionnait). Le jeu essaye de dynamiser les affrontements entre rivaux que SA1 avait mis en place (mal), mais ça donne certains combats qui sont à la limite de l'incompréhensible et où, en bourrant, on arrive généralement à un meilleur résultat qu'en réfléchissant. Heureusement que le tout dernier affrontement Sonic vs Shadow est vraiment réussi, il permet de finir les scénarios principaux sur une bonne note.

Et le scénario final est vraiment cool, tant au niveau de sa prémisse (héros et méchants s'unissent) que de son déroulé. On commence avec un niveau où on alterne entre 5 personnages, puis un boss avec le sixième perso, et enfin le boss final où Sonic et Shadow deviennent Super et doivent boucler l'affrontement en 5 minutes, avec l'éternel Live & Learn en fond sonore.

Même la cinématique finale est réussie, le sacrifice de Shadow est un peu facile et on conclut sur un vieux PNG de lui sur la Terre, mais c'est touchant de voir tous les personnages lui rendre hommage ou deviser sur le sens de leur alliance. C'est une fin douce-amère, qui aurait totalement pu servir de conclusion à la licence, au cas où SEGA n'aurait pas su rebondir après l'échec de la Dreamcast.

Evidemment, ce n'est pas arrivé, Heroes a ressuscité Shadow et la Sonic Team l'a très mal exploité dans plein de jeux, mais bon.

Le jeu nous remet aussi un Chao Garden, plus complet que dans SA1, mais il ne m'intéresse pas plus qu'à l'époque. Notons tout de même la possibilité d'élever notre Chao comme un héros ou un méchant, ce qui débloque de nouveaux jardins. Même sur GameCube je n'en ai jamais eu la patience, je laisse ça aux autres.

Cette fois-ci, le jeu a 180 emblèmes à collectionner. Cela se fait entre autres grâce un système de revisite de niveaux permettant de réaliser de nouveaux défis (finir sous un certain temps, trouver 100 anneaux…), ce qui va vous occuper des siècles si vous accrochez au principe, d'autant plus si vous voulez le rang A dans chaque mission. Mais là honnêtement, ça confine au sadisme.

Si vous y arrivez toutefois, vous débloquerez une version 3D de Green Hill Zone de Sonic 1, un très bel hommage au titre fondateur (SA2 est sorti pour les 10 ans de la licence) et qui préfigure Generations, quand on y pense !

Je mentionne les musiques en passant, comme dit dans la critique précédente j'apprécie l'OST de SA2 sans en être un fanboy. Les morceaux chantés s'en tirent vraiment très bien et restent en mémoire, les autres moins. Mais j'aime bien l'idée de donner à chaque personnage un style musical qui est décliné tout le long de ses niveaux (rock pour Sonic, RnB pour Knuckles, jazz pour Rouge…).

Notons que SEGA a fait son gros rat pour cette réédition PC, puisque le jeu est vendu dans sa version de base et que si vous voulez les ajouts apportés par SA2 Battle sur GameCube, il faut payer un DLC. Non pas que ces ajouts soient démentiels, le plus important doit être la cinématique d'intro… Mais ça veut quand même dire que SEGA a vendu une cinématique en DLC !

A propos de SA2B, je mentionne un bug que j'ai beaucoup rencontré sur GC mais jamais sur cette version PC, mais je faisais très souvent un double-saut au lieu d'un saut simple, ce qui ruinait complètement certaines phases de plate-forme. Jamais compris d'où venait le problème, mais ça m'avait beaucoup fait rager à l'époque.

Du coup, petite déception à la fin de cette nouvelle partie, les niveaux de recherche plombent complètement mon appréciation du jeu alors qu'ils étaient juste comme il fallait dans le précédent jeu. SA2 a peut-être les meilleurs niveaux principaux de toute la série (quel jeu de plate-forme peut s'asseoir à sa table et dire "Mon niveau d'intro est mieux que le tien" ?), mais il pêche sur son ambition démesurée.

Et au final, j'ai trouvé ma partie d'Adventure 1 plus plaisante, au moins les niveaux de Big ne prennent pas trois plombes quand on sait où chercher. Grosse chute de piédestal pour ce jeu qui aura néanmoins toujours une place dans mon coeur.

Allez, on skip Heroes et je vous renvoie vers ma précédente critique du jeu. Pas envie d'y rejouer une quatrième fois juste pour être sûr que le jeu soit toujours aussi nul.