Un beau récit en pleine Guerre Froide

Vous pouvez retrouver mon avis avec illustrations sur mon blog.

Sorti initialement en octobre 2020 sur l’Apple Store, South of the Circle est un jeu narratif promettant une histoire d’amour entremêlée avec la Guerre Froide. State of Play (rien à voir avec Sony) a déjà officié avec des titres comme Lumino City et Inks. Côté éditeur, 11 bit studio est surtout connu pour Frostpunk, un jeu de gestion qui a mis à rude épreuve même les habitués du genre.

Durant l’année 1964, en plein Antarctique, un avion s’est écrasé transportant deux hommes à l’intérieur : le pilote et Peter Hamilton, enseignant à Cambridge. Le pilote ayant la jambe cassée, c’est à Peter qu’incombe la charge de trouver des secours. Livré à lui-même au sein de l’Antarctique, l’homme va se laisser gagner par les souvenirs repensant à tout ce qui l’a mené ici. Ses recherches. Ses doutes. Et Clara, la femme qu’il aime.

Un narratif sobre dans sa composition

South of the Circle étant, originellement, un jeu mobile son gameplay est simple à prendre en main. Les choix se font via les émotions éprouvées par Peter, chacune étant représentée par un symbole stylisé. La franchise devient un rectangle vert, le doute un cercle rouge, etc. Au joueur de rester appuyé sur la touche correspondante (reprenant le pavé des symboles triangle, rond, carré et croix) pour valider son choix. Parfois, à la place des émotions, ce sont des éléments stylisés qui soulignent le sujet à aborder . Le tout reste très intuitif et il est toujours possible de voir la légende des symboles dans le menu des options en cas de doute.

Parfois, Peter sera amené à interagir avec le décor pour consulter des documents venant étayer la narration. Le défilement se fait de haut en bas, à l’aide du joystick. A l’instar du portage des Phoenix Wright, je déplore que le portage console n’ait pas conservé l’aspect tactile du gameplay. Surtout que les manettes chez Sony possèdent un pavé tactile qui pourrait être mis à contribution. Le jeu reste accessible, bien évidemment, mais je trouve que ça aurait permis de mieux restituer une part du gameplay.

South of the Circle est intégralement traduit en français mais conserve un doublage anglophone de qualité. On y retrouve Gwilym Lee (Bohemian Rhapsody), Olivia Vinall (The Woman In White), Richard Goulding (The Crown), Anton Lesser (Game Of Thrones) Adrian Rawlins (Chernobyl) et Michael Fox (Downtown Abbey). Personnellement, j’ai trouvé que chacun incarnait son rôle, avec cet accent british qui s’adapte aussi bien à l’ambiance universitaire de Cambridge que l’époque traitée.

D’ailleurs la Guerre Froide permet aussi bien de traiter de la politique que des bouleversements de la société. Non seulement le nucléaire est abordé avec ses dangers et les doutes qu’il suscite dans une frange de la population, mais aussi la place de la femme avec Clara. Professeure universitaire, elle tâche d’ouvrir les yeux de Peter sur sa place, et celle de ses semblables, au sein d’une société patriarcale les méprisant.

Intéressant par ses thématiques et la façon qu’il les aborde, South of the Circle possède néanmoins un point faible : son scénario dirigiste. Si j’apprécie beaucoup les narratifs, mon expérience est d’autant plus marquée positivement si mes choix et actions ont un impact sur l’intrigue et, encore mieux, sur sa finalité. Or, quel que soit vos choix, South of the Circle vous amène toujours à la même conclusion et les variations de scène sont minimes. Il n’y aura donc aucun intérêt à relancer le titre. Hormis pour profiter de la galerie de concept art qui se débloque après avoir fini l’histoire.

Si vous êtes chasseur de trophée, sachez que South of the Circle ne dispose d’aucun platine, se contentant d’un 100% très simple d’accès. Vous devez simplement accomplir l’histoire et interagir avec tous les éléments à votre disposition dans le décor. Le jeu effaçant votre sauvegarde dès que vous avez fini votre partie, et aucun rechargement de chapitre n’étant disponible, vous devrez tout réaliser en une partie. Ou plusieurs car votre avancée se cumule d’une partie à une autre.

En résumé

Pour autant je n’ai pas pensé un mauvais moment sur South of the Circle qui se prête aux courtes sessions de jeu (une partie complète se fait en 4 heures environ) et dont la fin met les nerfs à rude épreuve. La patte visuelle, tout en aplats de couleurs, couplée à un doublage de qualité, confère au titre une patte qui lui est propre. Il est à faire si vous êtes surtout curieux de voir ce que peut proposer un récit de critique de la Guerre Froide (résonnant en écho avec notre propre époque).