Excellente surprise de 2014, South Park : Le Bâton de la Vérité étais un hommage passionné aux éléments qui ont fait le succès de la série, concocté par les mercenaires d'Obsidian et l'équipe créative officielle du show, dont les deux créateurs : son seul défaut étais un côté RPG prétexte au fan service, et une durée de vie très mince. L'attente était donc très grande, d'autant plus suite aux polémiques sur les voix et le développement par une équipe interne à Ubisoft, ce qui pouvait laisser présager d'un cash cow pour surfer sur le succès du premier jeu.


Tout commence juste à la fin du premier épisode. Après que Douchebag ait retrouvé le bâton de la vérité et restauré l'ordre dans le royaume, The Coon (Cartman) s’immisce dans le groupe en abandonnant son alter ego de magicien. Un événement va se produire dans le futur, et il doit l'empêcher. Les autres enfants se servent de ce prétexte pour changer de jeu et le nouveau, sans identité super-héroïque, repars en bas de l'échelle. Il découvrira, au fur et à mesure de ses aventures pour faire partie de l'univers étendu de Coon & Friend et avoir sa propre série Netflix, un secret terrifiant sur sa famille...


Là où le premier jeu était un patchwork d’éléments cultes de l'univers de South Park via une trame prétexte, ce second épisode est plus proche de ce qu'il se fait depuis quelques saisons dans la série, une storyline cohérente. Dans sa quasi globalité, la trame reste assez terre à terre comparé aux événements délirants de l'aventure précédente, avec des répliques qui font sourires mais ne font pas rire aux éclats, mis à part deux trois combats changeant la dynamique via des objectifs originaux. Certaines erreurs ont cependant été corrigées, notamment le retour de personnages oubliés comme Dr Mephesto ou Servietsky : on ne voit cependant pas Mr Garrisson, bloqué dans son rôle de Donald Trump de l'univers South Park.


Certaines blagues tombent à plat, non pas par manque de qualité, mais par répétition. Par exemple, là ou le premier jeu désamorçait la surabondance de pets avec sa révélation finale, celui ci appuie sans cesse sur le fun lolilol de voir des gens faire des trucs en pétant. Autre exemple, les critiques sur le genre et la race sont agréablement sarcastiques (surtout si on est un habitué d'internet) mais se distillent trop dans la durée pour avoir un effet vraiment percutant passé le premier rire face à la réaction des habitants, pour au final n'avoir aucun impact sur le message global du jeu (mais c'est sans doute volontaire pour montrer que ce n'est pas vraiment important, juste maladroitement développé).


Mais ce serait malhonnête de vouloir faire croire que l'aventure est désagréable. Les personnages sont très bien écrits, les dialogues sont mordants (voire acide) et le jeu est particulièrement généreux en terme de "personnalisation" de l'aventure. Je m'explique : lors des combats, suivant qui est présent dans son équipe, les dialogues peuvent changer du tout au tout (Cartman taunte Mysterion/Kenny, Wendy complimente Stan, etc) et même si ça ne poussera pas forcément à refaire chaque combat, c'est toujours fun de voir les personnages commenter les actions du boss avec leur petite touche personnelle.


Même si une grosse partie des événements se déroule dans la ville sans fioritures, les passages qui s'écartent de cette thématiques sont tous mémorables. Entre un combat optionnel épique contre Morgan Freeman, la visite de l'usine d'animaux à 4 culs de Mephesto et des scènes de combat dans une boite de nuit avec un thème musical digne de Hotline Miami, tout ce qui est surprenant est au moins mémorable, si n'est pas excellent.


Le retour de Jared de Subway en tant que boss, évidemment après avoir été condamné pour pédophilie IRL, est particulièrement brillant et inattendu.


Les références sont aussi légion, comme un écran de game over darksoulien qui défile avec le thème musical de Rambo et les constantes digression au quatrième mur que feront les personnages, le joueur se sent aussi sollicité tout du long et sa curiosité à vouloir découvrir toutes les conneries que les scénaristes ont concocté sera au dessus de toute frustration face a certains éléments de combat (j'y viens plus tard).


L'histoire principale du jeu décolle vraiment dans son dernier tiers, avec un enchaînements de situation absurdes qui mettent en perspective le reste de l'aventure. A partir d'un certain moment, ça ne s'arrête plus, et les conneries du premier épisode sont de retour, remettant le sourire permanent au joueur jusqu'au moment de lâcher sa manette.


Jonglant avec d'un côté des parodies des thèmes ronflants de films de super héros et de l'autre des musiques originales excellentes dans divers genre, LA grosse réussite du jeu est indéniablement la BO. Chaque thème est mémorable et colle parfaitement aux situations, surprenant même de qualité pour certaines qui pourraient être presque de "vraies" musiques en elles mêmes. Au delà d'être de simples habillages, elles servent les blagues absurdes en faisant soit référence à un élément de la série, soit à des styles populaires au moment de la sortie du jeu.


En ce qui concerne le gameplay, il à totalement été revu. Dans le premier jeu, il suffisait d'équiper ses armes d'effets secondaires (poison, dégoût et électricité ou feu) pour battre absolument tous les ennemis sans grande difficulté. Passé de RPG tour par tour classique à un tactical RPG, ici le placement sera très important pour ne pas devoir encaisser plusieurs attaques mortelles d’affilée, surtout contre certains des boss les plus retors. Les personnages, dont le nombre à doublé, ont chacun des pouvoirs spécifiques et il faudra choisir sciemment les effets secondaires souhaités selon qui on emploie, le personnage principal étant le seul à pouvoir choisir ses pouvoirs. Evidemment, les adeptes du genre bailleront durant les combats face à des jeux plus poussés, mais le tout reste suffisamment retors pour un bon équilibre entre fan casual et gamer plus expérimenté, notamment quand il faut réfléchir aux patterns des boss.


Ce qui est regrettable, c’est que ne pouvant plus équiper d’armes (les attaques sont uniquement liées aux pouvoirs de classe), le jeu à un côté irréaliste dans les affrontements, là ou dans le premier il était logique qu’un enfant fasse mal à des adultes qui ne sont pas “dans le délire” si au final il se bat avec de vraies armes. Du coup, c’est incohérent que certains ennemis aillent dans le délire des enfants comme si ils jouaient avec eux, alors que le jeu souligne bien que ce qu’ils font est vraiment dans leur tête (les briques de lego qui sont de la lave, etc), notre héros étant le seul ayant de vrais pouvoirs (avec Kenny) mais rien ne souligne vraiment ça à part quelques répliques.


L’IA est plutôt bizarre. La plupart du temps plutôt simple à lire, certains combats deviennent plus frustrant que difficile quand une des conditions de victoire est presque du hasard. Notamment, un moment où un ennemi fais des attaques de zone qui one shot et où on à juste le temps de partir de la zone. Seul problème, les ennemis nous poussent dedans même si ils doivent en mourir, du coup il faut jouer avec le hasard de l’IA pour espérer ne pas perdre son équipe en un tour… Mais, heureusement, c'est très très rare, et il reste plutôt agréable de défoncer des petits de sixième et des hommes crabes à coup de saignements et d’électricité statique.


Pour finir, la durée de vie est meilleure que celle du premier épisode (sans être incroyable), il y a des tas de missions secondaires et un système de craft a été implémenté pour ajouter un peu de profondeur à l'expérience.


Bien qu'il soit bardé de défauts et moins percutant que son aîné, ce South Park reste un jeu digne d'être complété, notamment et surtout si on est un fan de la série de la première heure. Même si le gameplay est à revoir sur certains points, il est plus agréable à jouer et surtout moins nobrain que le précédent épisode. Il ne restera peut-être pas autant mémorable, mais il vaut la peine qu'on s'y intéresse. Par contre, il perds peut-être un point si on est peu connaisseur de l'univers South Park, voire 2 si on apprécie pas spécialement la série. Mais qui achètera un jeu adapté d'une série qu'il n'aime pas/ne connais pas?


PS : pour ceux qui sont curieux, je n'ai même pas essayé la VF :)

Kaposi
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le 20 oct. 2017

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Kaposi

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