South Park : Snow Day ! ou l’impression de jouer à une version démo du vrai jeu


Un passage mémorable de « Stick of Truth » est lorsque Randy enseigne une technique au personnage du joueur. Il s’agit d’une attaque consistant à péter et diriger ce pet vers une cible. C’était à la fois le déblocage d’une technique, son didacticiel et un croisement entre une cinématique et un mini-jeu. Cette superbe d’intégration du gameplay, de l’histoire et du lore était aussi un point fort The « Fractured But Whole ».

Ces deux opus ont réussi à être à la fois de longs épisodes de South Park et de véritables jeux vidéo. Cette suite abandonne cet équilibre en changeant totalement de style. La 2,5 D est abandonnées au profit de la pure 3D. Le style visuel du dessin animé n’est repris que pour les cinématiques de début et de fin. On se croirait revenu au jeu de 1998. Quant au jeu en lui-même, il entre dans la catégorie du « Hack 'n' slash » ou du « Beat 'em ups ».

Le point central de Snow Day est donc le gros combat de masse. Cela vient donc limiter le gameplay et l’immersion dans l’univers de South Park. À certains moments, cette immersion se résume à Cartman qui sort les deux mêmes insultes à chaque fois que l’on est attaqué par un archer durant un combat relativement illisible.

D’ailleurs, certaines situations en combat restent incompréhensibles même après un certain nombre d’heures de jeu. Pourquoi à certains moments ai-je mon champ de vision restreint ? Est-ce un sort ? Une attaque ? Pourquoi à certains moments, le décompte de vagues d’ennemis est affiché alors que ce n’est pas le cas la plupart du temps. Pourquoi ai-je un décompte d’ennemis restants à un moment ou deux alors que ce n’est pas le cas le reste du temps ? Combien faut-il d’ennemis restants pour que le jeu enclenche l’affichage avec les icônes jaunes au-dessus des dernières cibles ?

Les combats sont relativement confus. Entendre les insultes de Cartman quand je me fais tirer dessus par un archet n’est pas amusant du tout. C’est irritant. Oui, Cartman est un personnage désagréable et méchant, mais là c’est le jeu qui en est désagréable et méchant. Plus généralement, l’humour n’est pas un point fort du jeu. L’histoire est courte et peu développée, ce qui n’aide donc pas, mais malgré cela, il y a un manque de décalage. Il y a un manque de gags en général. Pour une arme ou un sort vraiment grotesque ou trashy, il y en a cinq qui sont quasiment banaux.

D’ailleurs, la sélection d’armes et de sorts est extrêmement limitée. Il y a trois armes de combats corps à corps, trois armes de tir et huit sortent. Il n’y a pas non plus une grande sélection de cartes d’amélioration. La redondance s’installe donc assez rapidement. L’aspect « roguelike » du jeu fait que les premières missions varient un peu lorsqu’elles sont rejouées, mais l’impression de renouveau ne dure que pour quelques fois. Le mode coopératif n’amène pas non plus de grande diversité en raison de la sélection limitée de sorts et d’armes.

Il n’y a pas de systèmes de classe de personnages, pas vraiment d’habilité unique, pas d’armures, etc. Le joueur débloque quelques avantages en échange de matière noire obtenue durant les missions et combats, mais ça n’est pas suffisant pour le séparer profondément du tronc commun. Donc encore une fois, le mode coopératif n’injecte pas de la grande diversité.

En fait, l’attrait principal du mode multijoueur est d’avoir de meilleurs compagnons de combat que ceux contrôlés par la machine. Leur intelligence artificielle n’est pas incroyable et ils n’ont pas toutes les fonctionnalités d’un joueur humain. Ce mode s’avère donc particulièrement utile pour compléter un niveau que l’on n’arrive pas à achever en solo. Toutefois, ce n’est pas ça qui va diamétralement allonger la durée de vie du jeu, à part peut-être si l’on joue avec des gens que l’on connaît.

La durée de vie est un autre endroit où le bât blesse sérieusement. Il n’y a que cinq missions. L’histoire se complète donc qu’en quelques heures. Cela vient donc aggraver les limitations du jeu en matière narrative. Il n’y a pas non plus de places à des sous-intrigues. Il y a des défis secondaires, mais ceux-ci ne sont pas accompagnés de développements scénaristiques.

Le jeu est donc plutôt minimaliste. C’est à un point où tout un pan du jeu est en fait un DLC gratuit du nom de « To Danse with Ravenous Shadows ». Ce DLC consiste à une série de combats en dehors du monde histoire. Le plus bizarre là-dedans et que ces combats sont accessibles via Henrietta dans le campement de Cartman et que celle-ci est déjà là avant même l’installation du DLC. Elle demande alors de télécharger ce dernier. Cette séparation en un DLC gratuit et disponible en même temps que le jeu est vraiment absurde.

Ce minimalisme vient amenuiser la personnalité du jeu. Certains passages rappellent davantage un jeu mobile basé sur une licence qu’à un jeu du calibre de « Stick of Truth » ou « Fractured but Whole ». Cette impression est renforcée par le peu de références au lore. En fait, le jeu fait davantage référence aux deux jeux précédents qu’à l’univers entier de South Park. D’ailleurs, parlons un peu de ce nom

South Park, c’est le nom d’une ville, d’une entité géographique. « Fractured » et « Stick » faisaient place à l’exploration de cette entité. Ce n’est pas le cas avec « Snow ». Le joueur évolue sans vraiment d’autonomie dans une petite sélection de lieux transposés en 3D et déformés par la tempête de neige. Je ne cacherai pas que cela me rappelle parfois la sensation de jouer dans la neige durant mon enfance. Toutefois, cela amoindrit l'immersion dans l'univers de South Park.

La qualité des combats de boss est variable. Le premier, celui contre Kyle, est tout simplement long et ennuyant. Le combat contre le boss final est quant à lui le plus délirant, le plus digne des deux jeux précédents. Toutefois, il lui manque ce côté épique que l’on attend d’un combat final. Toute sa phase introductive, soit les cinématiques et les combats de masse, à ce côté épique qui ne tient pas au combat final en tant que tel. Ça serait un combat de boss de milieu dans un jeu vraiment complet. Cela renforce l’impression de démo jouable et non d’un produit complet.

Je conclurais avec un irritant technique. Peut-être que ce sera résolu dans une mise à jour future, mais pour l’instant, il n’y a aucune possibilité pour désactiver le mode audio multijoueur. Il est donc impossible de jouer en mode coopératif et entendre les sons du jeu correctement. Pis encore, le son ne se réajuste pas si l’on met fin au mode multijoueur. Il faut fermer et redémarrer le jeu pour retrouver une qualité sonore décente en mode solo. Personne ne s’en est rendu compte au moment de tester le jeu ?


HT007
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le 31 mars 2024

Critique lue 151 fois

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