Space Harrier est un jeu de tir de type « rail shooter », c’est à dire qu’on est derrière le personnage et que l’on va « vers l’avant », et l’on élimine des vagues d’ennemis qui nous sautent sur la figure.
Sorti en arcade en 1985, il fait partie de la première vague des jeux « super scaler » de Sega, qui a massivement utilisé et raffiné ses techniques d’agrandissement et de réduction de sprites, à une époque où faire de la 3D polygonale adaptée à un jeu d’arcade était extrêmement difficile, car très cher pour un résultat pas très impressionnant ; la même année, les salles d’arcade étaient plutôt remplies de jeux comme Ghosts’n Goblins, Gradius, Tiger Heli, ou encore Yie Ar Kung Fu, bien moins impressionnants mais aussi beaucoup moins chers, aussi bien à produire qu’à jouer.
Space Harrier est aussi connu pour avoir utilisé un système « taikan », ou « body sensation » : la borne, en tout cas en version « deluxe », était montée sur vérins qui faisaient basculer le joueur lors de ses déplacements. Ce n’était ni le premier du genre, ni exclusif aux productions Sega, mais cela contribuait énormément aux sensations et à l’intérêt du jeu, et c’est évidemment impossible à reproduire aujourd’hui : y jouer en émulation, sur un système moderne, fait perdre cet aspect-là. Ces types de bornes culmineront d’ailleurs avec G-Loc et sa borne qui pivote à 360 degrés dans toutes les directions.
Jugez plutôt : https://www.youtube.com/watch?v=lwebY2KeGcw
Pourquoi je vous parle de tout cet historique et de tout ce contexte ? Eh bien tout simplement parce que aussi bon qu’il ait pu être à l’époque, c’est un jeu qui a très mal vieilli : de techniquement impressionnant, il est devenu un peu moche, très répétitif et souvent illisible ; de fun, dynamique et relativement original (les rail shooters ne couraient pas les rues), il est devenu vieillot, basique, et un peu ennuyeux, sa difficulté « Sega Hard » étant à peine compensée par un mode facile et des crédits infinis. Je dois rajouter que, malgré tout le soin que M2 porte à sa gamme Sega Ages, la version Switch ne permet pas d’inverser le stick de déplacement, ce qui m’a causé de nombreuses morts.
Sans doute très impressionnant en 1985, surtout avec sa borne pneumatique, aujourd’hui Space Harrier est vraiment médiocre : dans le même genre et à la même période, je lui préfère largement After Burner 2. Un monument du jeu vidéo, à tester une fois dans sa vie, mais plutôt en émulation.
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