Violence !
Splatterhouse 2 ou la découverte par votre jeune Révérend de l'atroce réalité : les jeux pouvaient faire peur, ou du moins être dégueux. A la même époque, je jouais également à World of Illusion Starring Mickey Mouse and Donald Duck et à Sonic 2, pas vraiment la même ambiance, ni la même qualité d'ailleurs.
Toujours est-il que je bavais devant ce jeu depuis que j'en connaissais l'existence, grâce à la cassette vidéo que j'avais eue dans Megaforce, le magazine de Maître Sega, qui présentait les sorties de 1992 sur les consoles de la marque. La note médiocre dans Playerone ne m'avait pas refroidi. Peu importaique ça soit un jeu moyen, je voulais la violence, les monstres qui éclatent et le sang !
Le héros fait furieusement penser à ce bon vieux Jason (avec un masque tête de mort par chez nous), et il manie la barre de fer comme personne (comprendre qu'il ne la manie pas, il se contente d'en flanquer de grands coups pas subtils), transformant les malheureux zombies qui croisaient sa route en un revêtement mural d'un genre dégoulinant, justifiant ainsi très bien le titre du jeu. Au cours des différents niveaux on le suit dans un affrontement ardu contre des hordes de monstres, zombies, "mimi hurlantes" (on dirait des alien violets, verts ou roses qui bondissent en hurlant "hurrrl"), des formes vaguement humanoïdes et gélatineuses, des mains coupées comme dans "Evil Dead" et quelques autres bestioles pas très sympathiques. Les décors sont glauques à souhait, du manoir aux égouts, de la rivière charriant des cadavres en décomposition à la cave... Les boss c'est la crème de la crème : gros glouton du premier niveau dont le ventre éclate en répandant un liquide vert visqueux, savant fou à moitié décomposé et les mémorables bébés sanglants qui finissent par recouvrir l'écran de rouge après quelques coups de tronçonneuse bien placés. Splatch !
Pour ce qui est de l'ambiance, on est dans le ton. La musique est mémorable, sinistre au possible, parfois plus enlevée lors des phases d'action ou de poursuite, le décor n'oublie aucune référence, de Vendredi 13 à Evil Dead avec quelques touches Lovecraftiennes ça et là (du Lovecraft sous testostérone hein).
Je parlais d'action, mais pas d'action trépidante : c'est plutôt mou. Le pauvre Rick est lourd comme un camion de camions et avec ses malheureux trois ou quatre coeurs, il a bien du mal à faire face quand s'enchaînent les vagues d'ennemis. Je n'ai jamais réussi son attaque glissée, à part une ou deux fois par erreur, alors que pour certains boss c'est l' presque l'unique condition de la victoire (cette espèce d'homme mouche dégoulinant sous la pluie qui se change en araignée à 4 pattes). Bref, dire que la difficulté est mal dosée par rapport à la lourdeur des commandes c'est encore très gentil, ce jeu n'aime pas le joueur et il le fait bien comprendre.
Heureusement à l'époque, les magazines m'avaient fourni les codes pour atteindre chacun des niveaux du jeu, et même comme ça je n'ai jamais réussi à dépasser la première phase du dernier boss. Rendons-nous à l'évidence, ce jeu est impossible pour le commun des mortels et vraiment très rageant ! (le commun des mortels c'est moi, je ne suis pas super fort non plus) Il m'aura fallu attendre l'émulation pour découvrir la "superbe" fin (tout comme le numéro 3, pourtant beat'em all sympathique qui n'a pas eu la chance de sortir chez nous).
Alors oui, j'y jouais tout le temps, et encore aujourd'hui, j'ai une certaine tendresse pour ce jeu. Je ne sais pas si c'est le miracle de la violence et de la fascination morbide qui m'avaient poussé à m'acharner, car je me demande bien qui aurait, de nos jours, le courage de s'y confronter avec autant d'ardeur, ça n'a vraiment rien d'une partie de plaisir.
Malgré tout, avec son ambiance horriblement kitsch, sa musique très réussie et sa brute épaisse de héros, Splatterhouse 2 reste pour moi un très bon souvenir de la Megadrive.
PS : En appuyant sur la touche haut, Rick se tourne vers le fond de l'écran, ça ne sert qu'à un moment du jeu, pour récupérer le fusil de chasse, dans les autres niveaux, on dirait juste qu'il fait une pause pipi, et ça c'est marrant !