Après des débuts plus que réussis pour Spyro l’an passé, ce deuxième épisode avait fort à faire (même si à l'époque le simple fait de contrôler Spyro m'aurait suffit ^^) pour être encore meilleur que son prédécesseur en seulement une année de développement. Si Sony n’en aura pas fait sa mascotte malgré son succès, comme pour Crash, ils sont devenus l’éditeur du jeu, Universal n’en devenant que distributeur, témoignant de la confiance grandissante accordée à Insomniac pour propulser Spyro parmi les plus gros hits de la Playstation 1 à l’approche de sa fin de vie. Je vous propose de découvrir si je pense le pari réussi en écoutant le thème des Terres de Skelos.



GAMEPLAY / CONTENU : 8 / 10



Le maniement est repris du premier Spyro en un peu plus complet avec la possibilité de battre des ailes, de papillonner en planant, c'est donc excellent puisque ça affine davantage les phases de plate-forme, qui restent le cœur du jeu. Encore une fois, level-design et bestiaire exploitent très bien le gameplay de base, les qualités du premier Spyro sont toujours là. Une belle nouveauté c'est qu'un dragon a appris à nager, certainement en vue de ses vacances estivales, pour que l'on se retrouve avec des niveaux subaquatiques étonnamment très réussis, surtout pour une première dans la saga et malgré une inertie nettement différente de celle sur le sol qui pouvait vite se traduite par catastrophique à l'époque.


Si les mini-jeux furent rares auparavant, désormais on en a une pagaille, en général au moins deux différents par niveau sans compter leurs versions plus difficiles, ce qui s'avère énorme et une certaine remise en question à ce point de l'expérience de jeu. La plupart de ceux-ci sont réussis, une poignée très amusants et quelques uns plus lourds qu'autre chose il faut bien l'avouer, mais globalement le pari est gagné. Ceux et celles qui auraient pu trouver la formule de base un peu trop monotone, ce qui n’a jamais été mon cas, tiennent là un bon moyen de contourner le problème.


C’est renforcé en plus par des situations de jeu assez inédites et très réussies pour la plupart en dehors de ces mini-jeux avec quelques séquences reprises dans l’idée de Spyro mais seulement le temps d’un niveau, comme traquer des voleurs ou libérer des êtres emprisonnés sous une forme de statue. C’est donc plus une forme de clin d’œil que de recyclage quand ça a lieu et ça se présente vraiment de façon différente, donc on ne peut pas dire que ce soit de la fainéantise ou du manque d’idée sans être de mauvaise foi, Spyro 2 ayant suffisamment ses propres idées originales.


En revanche, les capacités qui se débloquent au fur et à mesure forçant à des allers-retours ne sont pas forcément bien intégrées, il faut parfois refaire certains mini-jeux pour rien pour accéder à celui qu'on a pas fait parce qu'on n'avait pas la capacité adéquate à ce moment-là et cela même si on emprunte un parcours optimal, ce qui n’est pas terrible. On se retrouve à refaire une séquence à l’identique sans aucune récompense à la clef ni variation, je n’en vois pas l’intérêt et j’y vois là un manque de maîtrise que je n’ai jamais vraiment ressenti dans l’épisode antérieur, mais ça reste anecdotique. D’autant que, le système de progression repose sur le même principe qu’avant mais avec la nécessité de parcourir a minima chaque niveau ou presque pour poursuivre, c’est pas plus mal.


Il est à noter que la difficulté a été revu un peu à la hausse, certains mini-jeux demandent de l'apprentissage par cœur et les boss sont bien plus retords, enterrant tous les boss du premier épisode sans soucis. Heureusement, car ce jeu ne compte que 3 boss, ce qui est vraiment peu mais au moins ils sont de qualité, donc ça reste acceptable. Globalement, le jeu semble moins généreux en contenu, avec moins de niveaux notamment, mais tout est plus complet et plus diversifié et la durée de vie en est finalement identique, voire légèrement supérieure si on prend en compte les défis annexes les plus difficiles qui ne comptent pas pour finir le jeu à 100 %.



RÉALISATION / ESTHÉTISME : 8 / 10



Adoptant des couleurs plus vives, une interface plus détaillée, une bien jolie crête... Spyro 2 conserve une distance d'affichage pure comme principal défaut technique malheureusement, mais encore une fois l'univers colorié et varié reste très plaisant à regarder au fil du temps. Sa plus grande évolution visuelle se situe pour moi d’ailleurs dans ces décors beaucoup plus riches en détails tout en étant assez grands, il y a vraiment plein de niveaux magnifiques qui mettent en scène plein d’ennemis, d’effets visuels... et cette évolution est assez notable pour seulement un an entre les deux épisodes, Spyro 2 étant sorti en 1999.


On la retrouve aussi dans les animations, dans le nombre de petites cinématiques avec le moteur de jeu, dans les détails des objets les plus récurrents... il n’y a qu’avoir les passages subaquatiques où l’on voit bien les petites bulles s’échappant de Spyro, Sparx qui s’entoure d’une bulle d’air, et ce sont tous ces petits détails, anodins séparément, qui accumulés révèlent une réalisation très solide et soignée. Cette dernière est loin d’être négligeable tant Sony comptait dessus pour continuer d’affirmer sa puissance auprès du grand public dans la plate-forme 3D, qui trouve ici une bien jolie illustration grâce au travail d’Insomniac qui maîtrisent mieux le support.


L'ambiance est aussi plus prononcée que par le passé pour certains niveaux vraiment uniques, souvent de façon surprenante en allant dans des directions artistiques assez radicales et inattendues par rapport au premier Spyro avec lequel il partagera tout de même des emprunts esthétiques ici ou là, mais qui resteront à leur juste place d’emprunts. Par contre, il n'y a que 3 mondes, chacun associé à une saison, auxquels il manque curieusement le printemps, et un petit soucis éventuellement c’est qu’on en retrouve pas l'ambiance dans leurs niveaux respectifs, leur fil rouge est moins évident que dans le premier.


Il y a plein de niveaux qui d’un point de vue esthétique aurait eu leur place dans n’importe quel autre monde que le leur sans que ça ne pose de problème de cohérence, c’est un petit peu dommage parce que ce fil rouge artistique propre à chaque monde faisait bien partie de l’ADN Spyro, et ça se perd un peu ici. Le plus important ça reste que la direction artistique est réussie et diversifiée en profitant d’une réalisation solide, ce qui est clairement le cas pour ce deuxième Spyro d’un point de visuel.


La partie sonore quant à elle reste sur un même plan qualitatif avec le même compositeur signant une bande originale toute aussi efficace et classique sans être excellente. C’est ce qui manque tout de même au jeu pour vraiment être très impressionnant de ce point de vue-là, si on omet l’absence de fil rouge artistique sur l’ensemble du monde. Néanmoins, il est à noter que ce fil rouge artistique existe bien avec des paires de niveaux, par exemple le jurassique volcanique et le jurassique glacier, mais le jeu n’arrive pas à bien le présenter, ce qui fait qu’on passe facilement à côté.



SCENARIO / NARRATION : 7 / 10



Spyro 2 est une suite directe de Spyro 1 qui commence avec des enjeux déjà beaucoup plus détendus puisque notre petit dragon a bien l’intention de partir en vacances suite à ses mésaventures, mais va se retrouver par hasard dans un monde appelant à l’aide car envahi par un méchant sorcier du nom de Ripto. Ce qui a au moins le mérite d’apporter une réelle justification dans l’intro pour que l’on soit le seul dragon pendant l’aventure puisqu’on est piégé dans un monde sans dragons duquel on ne peut sortir tant qu’on a pas terminé notre quête, ce qui montre une envie de cohérence appréciable.


Par ailleurs, oubliez la quasi-absence de scénario du premier titre, ici on compte une mise en contexte plus longue, plein de petites cinématiques en début et en fin de niveau à base de gags burlesques, beaucoup plus de PNJ sans intérêt mais marrants avec un doublage vf d'exception par moment, des péripéties intermédiaires et des petites révélations, des antagonistes ringards mis en scène fréquemment... Aucun enjeu réellement sérieux n’est présent mais c’est justement ce qui fait que ça marche, l’humour est omniprésent et le fait que Spyro prenne constamment les choses à la légère est pleinement justifié, donc ça ne dérange pas, à moins d’attendre du scénario qu’il propose ce qu’il n’a jamais eu l’ambition de proposer.


Ce côté ringard est parfaitement assumé avec quelques références amusantes au passage à d’autres œuvres culturelles diverses et variées, plutôt absentes jusque-là dans la saga. Spyro voulait des vacances, il doit se battre mais ça sera alors en mode relax ! Malheureusement, les personnages d'Avalar manquent clairement de personnalité et sont assez oubliables à mon sens. Chasseur fait beaucoup trop boulet dans les cinématiques alors qu’il est présenté comme coéquipier, rival, voire mentor à certains moments, on a l’impression qui ne savait pas trop où aller avec lui dans cet épisode.


Le professeur n'a rien de bien intelligent, vu toutes ses gaffes, mais du côté l’aspect paradoxal de ces situations peut éventuellement se justifier par le second degré, enfin c’est quand même pas terrible. Gros-Sous agace bien tout du long, ce qui est clairement recherché mais notre revanche sur lui est beaucoup trop vite expédiée pour que ça prenne autant sens que dans Spyro 3 notamment. Elora est le seul personnage qui me va encore, intelligente elle semble juste limitée par son manque de force, qui ne l’empêche pas d’avoir son petit impact sur le récit, je dirais que c’est la seule qui se démarquerait un peu du lot.


Mais bon ce n'est pas grave une seconde puisqu'il n'y avait pas grand chose à attendre de ce point de vue là, que dialogues et cinématiques peuvent être passés en un éclair... La vraie évolution c’est que les zones de jeu sont maintenant habitées par des PNJ amicaux avec plein de petites histoires propres aux niveaux comprenant leurs gags assez amusants. Ces histoires peuvent même être interconnectées et une faction ennemie dans un monde peut être une faction alliée dans un autre niveau, ce qui est assez surprenant. Le concept est évidemment sous-exploité mais il y figure tout de même et dans un jeu du genre c’est déjà un peu impressionnant.



CONCLUSION : 8 / 10



Plus complet, plus diversifié, plus amusant, plus joli, plus cohérent, plus vivant... Spyro 2 affiche les qualités attendues d’une suite classique à laquelle on pouvait s’attendre. Il lui manque une réelle maîtrise de toutes ses nouveautés, comme ses éléments MetroidVania mal intégrés, et une intrigue encore un peu plus intéressante, notamment au niveau des personnages de l’intrigue principale, pour atteindre l’apogée de ce que la saga proposera, un an plus tard, mais ça reste une bonne pioche.

damon8671
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le 1 mars 2016

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damon8671

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