C'est un fait admis depuis longtemps : les adaptations de franchises en jeux vidéo satisfont rarement les gamers comme les fans de la licence adaptée. On trouve néanmoins des exceptions à cette règle tacite et Star Trek Voyager: Elite Force compte parmi celles-ci. D'ailleurs, ce titre a même su conquérir ceux qui ne sont ni fans de Star Trek, ni fans de jeux vidéo – ce qui n'est pas forcément un gage de qualité mais calme tout de même comme il faut... De sorte que si, comme moi, vous êtes à la fois fan de Star Trek et gamer, vous passeriez à côté d'une expérience de jeu tout à fait essentielle en manquant celui-ci.
Seconde adaptation de la franchise en FPS, après Star Trek Generations (MicroProse Software, 1997), et comme son titre l'indique, Star Trek Voyager: Elite Force adapte la série Star Trek : Voyager (1995-2001) qui présente l'odyssée de l'équipage de l'USS Voyager en perdition dans le quadrant Delta, c'est-à-dire le secteur de la galaxie le plus éloigné de celui de la Fédération des planètes unies. Cette série aspirait à revenir aux racines de la franchise à travers la découverte et l'exploration de nouveaux mondes par un vaisseau spatial dans une zone inconnue de la galaxie, et elle remporta un franc succès auprès du public.
Son adaptation en jeu vidéo s'articule dans les grandes lignes comme un épisode de la série, mais vu à travers les yeux d'un seul personnage – le vôtre. Attiré contre sa volonté dans une zone du quadrant Delta servant apparemment de casse pour navires spatiaux, l'équipage du Voyager doit se sortir de cette situation en faisant face à un péril qui s'avérera vite menacer l'ensemble de la galaxie. L'aventure vous mènera à rencontrer plusieurs races extraterrestres – dont certaines sont connues par la Fédération – à travers plusieurs missions aux objectifs variés et au cours desquelles vous vous constituerez un arsenal plus que conséquent.
Bref, Elite Force se veut classique, et c'est bien là son point fort : au lieu de tenter – assez inutilement, comme c'est le cas le plus souvent – de réinventer la roue, les gens de Raven Software eurent la bonne idée de reprendre des mécaniques de jeu qui avaient fait leurs preuves afin de mieux focaliser leurs efforts sur le développement d'un scénario respectueux de l'esprit de la franchise Star Trek et de la série Voyager en particulier. Les aficionados se délecteront ainsi des quelques références et hommages aux diverses productions de la licence, et dont certains dépassent largement le simple clin d'œil pour devenir un élément fondamental de l'intrigue.
Le tout servi à merveille par l'id Tech 3, moteur de Quake III Arena (id Software, 1999), à l'époque un des meilleurs du domaine, et dont les développeurs de ce titre sont parvenus à tirer toute la substantifique moelle nécessaire pour retranscrire l'ambiance de Voyager à sa juste mesure. Il en résulte une production encore de nos jours bien plus qu'agréable, où l'action pure le dispute à la réflexion et à l'atmosphère à travers un récit de mystères et de suspense entrecoupés de coups de théâtre et de retournements de situation tous très bien amenés. Bref, une réussite en son temps acclamée par tous les magazines spécialisés.
À ceci s'ajoute un mode multi appelé Holomatch – pour adapter le concept du holodeck propre à la franchise Star Trek – où vous pourrez étriper des adversaires artificiels, des bots, ou bien réels, vos copains, dans des parties de Match à Mort ou de Capture du Drapeau au sein d'arènes aux atmosphères elles aussi tout à fait respectueuses de l'univers dont ce titre est tiré. Mérite d'être mentionné que l'aventure solo s'entrecoupe plus ou moins régulièrement de séances d'entraînement dans ce holodeck – mais optionnelles la plupart du temps – pour par exemple tester les nouvelles armes glanées au cours du jeu.
On peut évoquer pour finir l'expansion pack, une extension commercialisée en 2001 qui ne s'inscrit pas exactement dans la continuité du titre original mais au contraire propose une sorte de « Voyager virtuel » qui permet de visiter jusqu'à 10 ponts supplémentaires de l'USS Voyager à travers une espèce de jeu de piste ; si cette expérience ravira les aficionados de la série TV, elle laissera sans doute les autres plus circonspects : on y trouve en effet aucun passage d'action à base de tir, sauf dans une paire de programmes holodeck dont un au moins vaut son pesant d'or à travers un hommage aux serials de science-fiction des années 50.
À la fois une excellente adaptation – tant sur le plan narratif qu'artistique – d'une des meilleures séries à ce jour de l'univers Star Trek, mais aussi un titre proposant une jouabilité dont le classicisme reste le meilleur gage de qualité, Star Trek Voyager: Elite Force compte définitivement parmi les meilleurs titres de son temps du genre FPS.
Notes :
Le succès de Star Trek Voyager: Elite Force amena son portage sur Playstation 2 en 2001, développé par le studio Pipe Dream Interactive de l'éditeur de cette version console, Majesco Entertainment.
Une séquelle à ce titre, intitulée Star Trek: Elite Force II, sortit en 2003 sur Windows et Mac OS.