[Critique rédigée après quelques heures de jeu.]
La galaxie est grande et pleine de promesses, mais Respawn ne nous propose pas pour autant quelque chose d’inédit. L’équation est simple : si vous avez aimé Star Wars Jedi : Fallen Order, foncez ! Sinon, passez votre chemin. Le prologue nous fait pourtant visiter Coruscant, une planète totalement urbanisée et qui tranche avec les décors du premier opus. La ville-planète offre de nombreuses prises d’escalade, et surtout des possibilités graphiques intéressantes. L’éternelle ambiance à la Blade Runner connaît ici son énième déclinaison, tout en pluie, en néons et en reflets. La course des centaines de speeders et l’ambiance sonore parachèvent ce tableau. On profite enfin de Coruscant en très haute définition dans un jeu Star Wars, et c’est très agréable. Les trente premières secondes. Passé ce délai, le jeu (en tout cas sur PS5) vous rappellera constamment à quel point son optimisation est mauvaise. Chutes de framerate, freezes, downscale, tout y passe. La performance va même jusqu’aux crashs purs et durs, certains m’ayant fait perdre un bon quart d’heure de progression. Le tout en mode performance bien évidemment, ce serait trop bête de pouvoir profiter de la 4K sur un jeu de 2023. Cependant et dans la récente mais néanmoins vivace tradition des jeux qui sortent sans être finis, Survivor vous imposera un patch assez lourd à la fin du prologue, qui semble t-il stabilise les performances pour la suite de l’aventure.
Côté gameplay, peu de nouveautés mais la recette fonctionne toujours. Pour la faire courte, celle-ci consiste à proposer des phases d’exploration à la Tomb Raider entrecoupées de combats style Dark Souls. Préparez-vous ainsi à passer la majorité du temps à escalader, sauter, courir sur les murs, etc. L’exploration bénéficie cependant d’un ajout intéressant : le sacro-saint grappin. Compagnon habituel des aventuriers.ères, il insuffle une verticalité et un dynamisme assez bienvenus. Cet outil vient rafraîchir le level design sans pour autant le révolutionner. Ce dernier se construit là encore en allers-retours, en raccourcis et se compose de plusieurs zones par planètes. Les combats quant à eux offrent une expérience assez bonne dont la difficulté peut-être ajustée. Ne vous attendez pas à de nouvelles compétences chez les ennemis si vous montez le curseur, mais plutôt à des sacs à points de vie faisant d’énormes dommages. Les différentes postures de sabre laser (lame simple, lame double et une lame dans chaque main) et les compétences qui leur sont liées proposent une customisation rudimentaire mais efficace qui nous poussera à faire un choix dans l’évolution de notre personnage. Les combats de boss semblent strictement identiques à ceux du premier opus, lorgnant les affrontements épiques des jeux From Software sans parvenir à les égaler. Ils sont en premier lieu plus faciles que ceux d’un Dark Souls, par exemple, mais également bien moins réussis en terme d’ambiance, de character design et d’animation. Je n’ai pour l’instant pas croisé de boss mémorable, mais je suis loin d’avoir terminé le jeu, qui me réserve sans doute quelques belles surprises. On se souvient par exemple de la rencontre avec Dark Vador à la fin de Fallen Order, qui elle cochait toute les cases d’un combat d’anthologie.
N’ayant pas terminé le jeu, je ne me risquerai pas à une analyse globale du scénario, mais seulement de quelques éléments. De plus, n’oublions pas que nous avons ici affaire au deuxième opus d’une trilogie, et que le récit doit donc également être pensé à cette dimension. C’est peut-être pour ça que l’on tourne autour des personnages et des évènements de Fallen Order. Le jeu met sur notre chemin une des antagonistes déjà bien connue, et nous pousse après le prologue à retrouver un vieil ami. Ce qui est d’ailleurs l’occasion de réutiliser le plus usé des ressorts scénaristiques liés à Star Wars : la panne de vaisseau. Tout cela transpire le manque d’originalité et ne déroge pas au dogme nostalgique de l’industrie culturelle contemporaine : faire du neuf avec du vieux ! Néanmoins, quelques pistes semblent prometteuses, notamment celle de la lutte interne du personnage principal avec son côté obscur. L’épreuve de tous les Jedi pourrait bien être l’occasion pour Cal d’enfin se trouver une consistance scénaristique, affaire à suivre.
En résumé, ce blockbuster vidéoludique se révèle agréable mais finalement assez creux, en tout cas sur les premières heures de jeu. Comme je le disais en introduction, il ravira celles et ceux qui ont aimé le premier opus et les fans de Star Wars désireux d’explorer un peu plus cette galaxie. À cet égard, les graphismes et la direction artistique font des merveilles, à la condition que l’optimisation technique suive le rythme. Je suis dans l’ensemble assez emballé par le jeu, conscient de ne pas avoir affaire à un chef d’œuvre mais désireux de continuer l’aventure pour en savoir un peu plus.