L'origine des origines

Stranger of Paradise: Final Fantasy Origin est l'un des très rares action-RPG soulesque auquel je n'ai pas eu envie de jouer, en partie à cause de sa campagne de promotion catastrophique, et des différents retours sur la démo. Mais je me suis finalement laissé aller avec une prévisible grosse solde du jeu. Résultat en demi-teinte.

Pour une fois, on va commencer par le gameplay. Bien plus proche d'un Nioh que d'un Dark Souls, le jeu insuffle habilement l'ADN de la licence Final Fantasy pour se démarquer. Il vous sera possible de jouer avec un certain nombre de classes de bases différentes, qui pourront toutes évoluer en des classes avancées plus puissantes. De manière assez classique, ça va du guerrier bourrin au voleur agile, en passant par le mage plus tactique. Cette dernière classe et ses évolutions est d'ailleurs selon moi l'une des plus intéressantes, puisqu'elle permet de lancer des sorts à distance, offensifs ou curatifs. Toutes les classes sont entièrement personnalisables, à savoir que vous pourrez attribuer les combos et compétences que vous préférez à divers enchaînements, à condition de les débloquer au préalable sur un arbre de compétence, avec des points de compétences engrangés à force d'utilisation en combat. Ce système pousse à régulièrement changer de classe au cours du jeu, en plus d'exploiter au mieux les faiblesses de vos ennemis. A cela s'ajoute un système d'équipements identiques à celui de Nioh, à savoir que les ennemis vaincus vous donneront des loot à foison, beaucoup trop pour être analyser un par un. Personnellement, je conseille d'attendre d'arriver à un checkpoint et de cliquer sur "optimiser", cela vous évitera de la gestion laborieuse, et vous offrira souvent des apparences sacrément cocasses :p.

Concernant vos deux compagnons, je suis un peu mitigé. En temps normal, ceux-ci sont relativement inutiles, excepté lorsqu'ils ont une classe de soigneur ou pour attirer les ennemis. Mais il suffit d'appuyer sur les touches directionnelles pour leur dire d'utiliser leurs capacités, et ils deviennent alors de véritables machines à tuer, avec pour seule contrainte qu'il faut attendre quelques minutes pour pouvoir refaire l'opération à nouveau (sous réserve qu'ils aient assez de PM). Je vois très bien les développeurs rajouter cette mécanique après s'être rendu compte que les compagnons étaient bien trop forts :p. En jeu, cela crée une sensation un peu nulle, on a presque l'impression de tricher quand on leur demande d'agir pour de vrai.

Niveau progression, toujours comme dans Nioh, on se contente de choisir la mission sur une carte du monde, et on enchaîne. Chaque mission peut être effectuée à l'infini, dans différents niveaux de difficulté, et chaque lieu possède une ou deux missions secondaires plus ou moins intéressantes. Le jeu est globalement très facile si vous êtes habitués du genre, même si il y a quand même quelques pics de difficulté aberrants, en particulier pour deux ou trois boss. En vérité, il suffit généralement d'identifier les faiblesses du boss et de changer son équipement, mais les joueurs têtus comme moi pourront se frustrer un peu.

Dans l'ensemble, jusque-là, le jeu est vraiment "feel good". On avance sans se prendre la tête, les feedback sont plutôt bons, et on peut toujours adapter la difficulté en cas de galère ou d'ennui.

Et malheureusement, en ce qui me concerne, alors que pourtant mes attentes étaient quasiment nulles sur ce point-là, j'ai été terriblement frustré par l'histoire et la narration (et tout le monde ne sera pas d'accord). L'histoire n'est pas si nulle que ça, mais je dois dire que je suis allé faire un long tour sur Wiki Final Fantasy après la fin pour vérifier si j'avais tout compris. Déjà, il est préférable d'avoir bien en tête l'histoire du premier Final Fantasy si l'on veut saisir tous les enjeux de l'intrigue, ce qui n'était pas mon cas. Ensuite, mon Dieu que c'est mal raconté. Les dialogues sont pitoyables, à tel point que l'on n'arrive pas toujours à comprendre les relations entre les protagonistes ou encore leurs objectifs. Alors oui on incarne un groupe d'amnésiques, ce que le scénario justifiera dans le dernier quart, mais pendant 10h on se tape un groupe d'inconnus allant tabasser des monstres sans raison, dans un monde inconsistant et dénué de tout charme. Il ne s'agit évidemment pas d'un RPG de 50h avec pléthore de quêtes annexes permettant de s'attacher aux personnages, mais alors pourquoi se lancer dans une narration aussi complexe ? Les amoureux de FF risquent de prendre une sacrée douche froide devant la morosité de cet univers (à l'exception des fans du premier opus, et encore), en plus de découvrir un gameplay qui peut être déroutant la première fois ; et les amateurs de Nioh n'en auront de toute façon rien à faire de l'histoire. Cerise sur le gâteau, ce qui ressemble à une "véritable fin" n'est à priori disponible qu'en DLC, pratique bien sombre du jeu vidéo.

Tout ça fait que le jeu a beau être sympa à jouer, on n'est jamais vraiment récompenser par une jolie cinématique, ou par un moment d'histoire fort. On se contente de suivre des personnages apathiques dans un monde factice, tout en comprenant à peu près où le jeu vous nous emmener tant bien que mal. Encore une fois, oui l'apathie fait partie du truc, oui on voulait tellement faire notre twist final avec Final Fantasy qu'on a nous-mêmes spoiler dans le nom du jeu :p... mais franchement, je pense que ça aurait été bien plus simple et sympa de juste... refaire Final Fantasy en Nioh-like... non ?