Au pays des jeux indépendants, il y a les grosses célébrités, ces jeux que tout le monde connait, des valeurs sûres la plupart du temps qui sont totalement incontournables et qui donnent de la légitimité aux petits studios pour concurrencer les gros éditeurs. Mais, à côté de ces perles, il y a le monde obscur des inconnus, des laissés pour compte, hanté par des jeux pauvres et/ou au gameplay approximatif, bourré jusqu'à la lie de clones de jeux plus célèbres et d'ovnis pas forcément plaisants. Mais parfois, il arrive qu'un joyau s'extirpe de la masse fangeuse des anonymes et brille avec éclat. Si de telles réussites n'ont pas toujours le succès qu'elles méritent, elles valent pourtant le détour. Super House of Dead Ninjas, royalement méconnu, en fait partie.
Mais quel est donc ce bijou dont je vous parle aujourd'hui ? Simple : SHODN, c'est un rogue-like orienté plateforme-action, proche des metroidvania, qui vous met dans la peau d'une ninjette descendant une mystérieuse tour (oui, par le sommet, c'est une de ces tours de jeu vidéo qui n'a pas de porte d'entrée, saloperie d'architectes) afin de combattre un démon... Mais dans quel but ? À vous de le découvrir.
Concrètement, c'est un de ces jeux à génération procédurale, à la manière de The Binding of Isaac ou Rogue Legacy (parmi tant d'autres) dans lesquels chaque partie est unique. Et SHODN, c'est vachement difficile. Pour passer les nombreux ennemis et pièges qui barrent votre route, il vous faudra faire preuve d'excellents réflexes et de sens tactique. Le moindre contact ou projectile signifie la perte d'une vie, que vous avez en petit nombre et qui sont rares dans la tour. Mais la prudence n'est pas pour autant de mise, car vous êtes poursuivi(e, c't'une madame après tout) par la Mort, immortelle et sans pardon, et si vous ne descendez pas assez vite afin de collecter des bonus de temps, vous vous ferez démolir. Du coup, une partie se joue vite, et frénétiquement. Pas le temps d'y penser à deux fois. Vous ferez des erreurs, et elles se paieront durement.
Pour moi, il s'agit sans doute de la meilleure transposition en action du principe du Rogue-like. Oui, même devant les deux poids lourds que j'ai cités auparavant. Pourquoi ? Outre la précision et nervosité du gameplay, je pense justement à ce timer, qui vous empêche de végéter. Se reposer ? Pour les mauviettes ! Reculer ? Impossible ! Ou pour remonter d'un étage tout au plus et choper un bonus loupé. Je n'attendais rien de ce jeu, et pourtant j'ai dépassé les 20 heures dessus (sachant qu'une partie dure rarement plus de 20 minutes, et bien souvent beaucoup moins), et je ne compte pas m'arrêter de sitôt.
Surtout que la rejouabilité est là : de nombreux bonus égrènent la tour, et bien des défis vous attendent, afin de débloquer nouvelles armes (vous avez pour chaque partie une arme de corps à corps, une de tir et un explosif, et vous bénéficiez également d'un sort dévastateur - tout cela consommant de précieuses munitions bien entendu), améliorations et bonus divers et variés. Trois modes de difficultés et trois niveaux vous attendent, auxquels s'ajoutent un mode Boss Rush et Time Attack. Ah, et y a un éditeur de niveaux. Attendez, vous hésitez encore ?
Mais je vous ai pas tout dit : dans son domaine, SHODN dispose d'une très belle esthétique, inspirée de l'époque 32 bits (de laquelle sont tirés également la difficulté, et de nombreux clins d'oeil en tous genres), et la bande son est très soignée (entre des musiques qui soutiennent avantageusement l'action et des bruitages efficaces, tout y est - ah, et l'action est ponctuée de nombreuses interventions en voix off souvent hilarantes).
Finalement, SHODN n'a qu'un défaut, pas insurmontable mais parfois un poil pénible, c'est ces ralentissements très réguliers, qui finissent par fatiguer. Mais on passe vite au-dessus tant le jeu est soigné.
Une vraie perle méconnue.