Super Mario Bros. 3
8.2
Super Mario Bros. 3

Jeu de Nintendo EAD, SRD et Nintendo (1988NES)

Une suite authentique et ambitieuse, une démonstration incontournable de sa machine

Après Lost Levels, une première suite japonaise peu ambitieuse, puis Super Mario Bros 2, une suite précipitée par la déclinaison occidentale de Doki Doki Panic, il est temps pour Super Mario Bros de s’offrir la suite à la hauteur des attentes des joueurs alors que la franchise est devenue un véritable phénomène mondial. Deux années de conception seront ainsi nécessaires, un record pour la franchise, avant que n’apparaisse enfin Super Mario Bros 3. Comme l’a affirmé Shigeru Miyamoto, « l’idée derrière Super Mario Bros 3 c’était d’offrir le Mario ultime à la Famicom. » Ça a le mérite d’être clair.


Sa réputation cultissime n’est plus à faire mais voyons tout de même si je propulserai également le titre au rang des meilleurs jeux de tous les temps ou plus simplement d’une référence majeure de son genre et de son époque.


GAMEPLAY / CONTENU : ★★★★★★★★☆☆


L’ambition du gameplay de Super Mario Bros 3 est claire, reprendre les fondamentaux de l’épisode original et les enrichir considérablement en s’inspirant des réussites de Lost Levels et un peu de la suite occidentale mais surtout par une flopée de nouvelles idées et mécaniques propres à ce 3ème épisode, dans le maniement de base, dans les costumes, dans le level-design, dans le world-design, dans les ennemis… et autant le dire d’emblée ça va être une très grande réussite sur tous les plans.


Le jeu fait preuve de la même pédagogie subtile et efficace qu’à l’accoutumée pour présenter ses nouvelles mécaniques de jeu. Typiquement, on apparait dans un niveau en glissant le cul par terre pour se rendre compte immédiatement qu’on peut renverser les ennemis sur notre passage ainsi, ce que l’on sera bien sûr invité à faire de nous-même par la suite du même niveau. Ce n’est pas toujours aussi limpide, par exemple la possibilité de saisir et de balancer des items est un peu moins bien amenée mais on retrouve tout de même un environnement relativement serein pour l’expérimenter la première fois qu’on est contraint à le faire.


Ces quelques mouvements supplémentaires sont appréciables mais l’enrichissement du maniement vient surtout des nouveaux costumes permettant de bien mieux s’élever dans les airs, se défendre, ou nager, les rendant ainsi particulièrement adaptés à des situations de jeu spécifiques. La possibilité de stocker ces power-up permet ainsi d’appréhender un même level-design de bien des manières, d’offrir plusieurs perspectives d’exploration de zones secrètes et de proposer des dilemmes ludiques très intéressants quant à savoir quand dépenser ces précieux power-ups pour se faciliter le franchissement de niveaux plus problématiques que d’autres.


L’introduction de nouveaux ennemis emblématiques est majeure avec ce titre qui présente pour la première fois dans la franchise les 7 Koopalings qui signifient autant de variations de sous-boss, les boos qui ne nous poursuivent que quand on leur tourne le dos, les Thwomps qui jaillissent dans une direction à notre approche… et quelques items emblématiques comme le bloc (P) inversant pièces et briques. Mais si c’est déjà beaucoup à porter au crédit de Super Mario Bros 3, ce n’est pas là que son gameplay s’illustre le mieux pour moi.


La plupart des niveaux présente une situation de jeu centrale originale tandis que les mini-jeux de réflexe, de mémoire et de chance apportent des petites phases de jeu relaxantes et enfin que l’exploration de la world map comprend des raccourcis et des bonus à débloquer ? Tout cela permet d’aboutir à un gameplay hyper diversifié d’autant plus impressionnant dans un jeu qui s’avère être le plus long de sa saga et l’un des jeux de plates-formes les plus généreux en contenu de son époque. Tout ceci est merveilleux mais une ombre géante plane sur toute cette réussite.


L’absence de système de sauvegarde en parfaite contradiction avec cette philosophie est évidemment très dommageable et constitue la principale limite à la qualité du gameplay du jeu. C’est bien beau un jeu de 88 niveaux qui prend des heures à se faire et qui demande bien des essais pour repérer les opportunités de vies à glaner, les meilleurs moments pour utiliser les power-ups… Mais si tu exiges de le faire d’une traite et que tu le rends difficilement accessible au grand public que tu vises, même à un public plus confirmé d’ailleurs, ça devient un défaut pour moi, le grand défaut ludique de Super Mario Bros 3 sans lequel il aurait sans doute eu de ma part une sous-note maximale.


RÉALISATION / ESTHÉTISME : ★★★★★★★★☆☆


Un nouveau Super Mario Bros ambitieux, qui plus est le dernier sur la machine, implique un tout nouveau pallier graphique pour exploiter pleinement le potentiel de la NES. Pour ce faire, le support de la disquette est abandonné au Japon sur Famicom au profit de la cartouche, afin d’en exploiter tout le potentiel et de repousser ces limites. Et c’est ainsi que la palette de couleurs est très diversifiée et que les sprites sont très souvent animés et/ou de bonne taille pour une réalisation effectivement très impressionnante au premier coup d’œil.


Le choix de scrolling horizontaux, verticaux et diagonaux au sein d’un même niveau permet une mise en scène en temps réel ambitieuse dont les iconiques bateaux volants profitent pleinement, néanmoins il entraîne la multiplication d’artéfacts sur le côté de l’écran. Même si on finit par s’y faire ça fait tout de même bien tâche pour une réalisation qui se veut impeccable, c’est d’ailleurs le seul vrai problème visuel objectif du titre et autant le dire tout de suite la direction artistique sera un sérieux point fort pour le faire oublier.


Avec 8 thématiques environnementales clairement identifiables, identifiées même par des noms, pour les 8 mondes à explorer présentés sous la forme de world map conçus sur le modèle de parcs d’attraction, l’aventure visuelle est aussi dépaysante que mémorable. Ces thématiques se répartissent assez intelligemment entre des classiques duplicables à d’autres univers, comme le désert, et des originaux parfaitement rattachés à l’univers de Mario, comme les tuyaux. On a même quelques transitions parfaitement cohérentes par un niveau entre deux thématiques environnementales, comme avec le niveau vertical de bas en haut pour rejoindre le monde céleste.


L’univers visuel de la saga s’enrichit considérablement avec le design des Koopalings, des bateaux volants, des Thwomps… qui font leur apparition dans cet épisode pour être copieusement repris par la suite en restant très fidèles à cet esthétisme original. Les inspirations qui s’y associent sont nombreuses, aussi bien du côté du Japon, la possibilité de se transformer en statue invulnérable depuis la forme de raton-laveur venant du folklore japonais, que de l’occident, la posture de Mario prenant son envol venant de Peter Pan.


La direction artistique présente également un petit fil rouge sous la forme d’un théâtre sur lequel se déroulerait l’action avec l’écran-titre, les ombres projetées sur l’arrière-plan et les fins de niveaux. Si tout était pensé en ce sens, ça serait fort sympathique mais en l’état l’idée reste anecdotique en raison de son exploitation limitée. C’est peut-être là que se trouverait la marge de progression de cet esthétisme s’il fallait en trouver une, et encore je suppose que certains préfèrent que ça reste en retrait pour ne pas trop dénaturer l’univers Mario.


L’OST de l’incontournable Koji Kondo parvient également à gagner en profondeur et en richesse avec un thème par monde élaboré pour s’adapter à son ambiance et la renforcer, profitant d’effets sonores variés pour représenter une large sélection d’instruments ou simuler des effets avancés tels que de l’écho, pouvant être aussi bien inédit qu’une revisite d’un thème déjà emblématique de la pourtant jeune saga. Et même si ça fait toujours plaisir d’en parler, inutile d’en dire plus tant elle fait l’unanimité et passons à la conclusion.


CONCLUSION : ★★★★★★★★☆☆


Super Mario Bros 3 tient toutes ses promesses de suite authentique et ambitieuse au Super Mario Bros original et de titre parmi les aboutis de sa machine avec des mécaniques de jeu ultra diversifiées et très maîtrisées, un contenu hyper généreux, une réalisation quasiment impeccable et une direction artistique complète et soignée. Le jeu le plus vendu de la NES hors Super Mario Bros & Duck Hunt est l’un des sommets de sa génération et une fondation impériale pour la suite de la franchise centrale de Nintendo.

Créée

le 21 déc. 2024

Critique lue 28 fois

4 j'aime

damon8671

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