Mario Odyssey. LE jeu qui m'aura fait briser la promesse de ne pas craquer pour la Switch avant une bonne année ou deux. Ah! J'étais fort! J'ai tenu bon! Point de précommande! Point d'achat compulsif! Las, la promesse de vivre une aventure au moins aussi incroyable que celle que m'avait offert Mario Galaxy2, aura eu raison de ma raison.
C'est donc délesté de quelques centaines d'euros, mais plein d'entrain et un peu fébrile, que j'insérais dans le mauvais sens la cartouche dans ma Switch flambant neuve, avant de me rendre compte qu'il fallait que je me calme, et que je me cale confortablement pour vivre cette odyssée qui, le pensais-je alors, allait révolutionner le monde de la plateforme 3d.
Il est très difficile, lorsque l'on joue à un jeu qu'on pense, que dis-je, qu'on SAIT géniallissime, d'accepter qu'il soit en fait pas si génial que ça...encore plus dur de reconnaitre qu'il a en fait de GROS problèmes.
Si difficile et dérangeant que ce soit, il faut à un moment donné admettre la vérité : Super Mario Odyssey est un mauvais Mario.
Pourquoi?
Tout d'abord, à aucun moment l'on ne ressent de magie. Cette magie qui fait que devant un Mario 3d on se sent comme un enfant transporté dans un monde fait de bulles colorées et d'arcs-en-ciel.
Cette magie, si puissante dans Galaxy2, on la cherche en vain dans Odyssey.
Vient ensuite le design global du jeu.
Les mondes sont peu inspirés, trop étriqués (pays des chutes) ou trop vides (pays des sables), peu amusants à parcourir. Certains offrent une direction artistique plus que discutable (pays de la cuisine avec ses couleurs flashy), ou très terne (pays de la forêt).
Ne cherchez pas la rédemption dans les autres pays, ils sont tous décevants.
Les boss lapins, quant à eux, sont une véritable insulte au bon goût : leur design est autant raté que leur affrontement est simple. Mais enfin QUI chez Nintendo à osé faire ça?
Globalement, on avance très vite dans Odyssey, le jeu vous presse et vous incite sans cesse à récolter le nombre suffisant de lunes pour changer de pays et découvrir un nouveau décor.
Vous êtes bien sûr libres de vous attarder et de fouiller chaque monde pour en récolter les lunes, mais, pris par la main, on se laisse volontiers mener à ce rythme effréné.
Car ON SAIT, que dans tout bon Mario3d, l'Aventure ne commence vraiment qu'à la fin du jeu, lorsque les défis les plus retords, les phases de plateforme les plus acrobatiques, et les idées les plus folles apparaissent.
Le problème avec Odyssey, c'est que, même après la fin, le jeu ne décolle pas.
On refait les mêmes pays (qu'on connait déjà par cœur ou presque), dans lesquels sont simplement apparues de nouvelles lunes...
Les nouveaux défis qui leur sont associés ne sont pas plus inspirés, et, c'est à ce moment que l'on comprend que cette odyssée ne nous offrira définitivement PAS la claque que l'on attendait.
Les fameuses transformations offertes par notre casquette, quant à elles, les chapomorphisations, ne révolutionnent en rien le gameplay. C'est un gimmick sympathique, mais qui est très dirigé : vous arrivez dans un nouveau monde, vous découvrez une ou deux nouvelles bestioles, vous les chapomorphisez et hop le tour est joué. Vous faites ce qui est prévu par le jeu pour progresser dans le niveau, aucune possibilité de gameplay émergeant.
Cette casquette magique, non contente de ne pas enrichir le gameplay comme espéré, le complexifie inutilement. Les mouvements offerts par celle-ci sont aussi nombreux qu'inutiles : qui se sert du lancer en chandelle? Qui s'amuse du lancer infléchi à gauche ou à droite? Et qui maitrisera le plongeon aérien sur casquette flottante? Pas grand monde, pour sûr.
Oubliez du coup la fameuse toupie de Galaxy, celle qui, sans fioriture chapelesque, vous permettait un air-control parfait et transformait chaque saut en un moment de plaisir.
Le véritable problème d'Odyssey, c'est que l'on dirait un Mario développé par Ubisoft.
Chaque pays offre une carte consultable à tout moment (sic), des points de téléportation(re-sic), et le jeu va même jusqu'à vous localiser les lunes manquantes en les marquant d'une croix sur la dite carte (aaaarrrggghhh).
Ici, point de plaisir enfantin, juste de l'efficacité d'adulte. Tu veux une lune? Ben regarde ou elle se trouve sur la carte. Ah, il suffisait juste de parler à ce pnj? Quoi, tu es déçu? Ne nous emmerde pas, l'important c'est que tu ais cette lune! Allez, maintenant continue de t'amuser.
Plus que de relever le défi de vous enchanter à chaque instant, le jeu se contente de cocher des cases. Car si autrefois seuls les fans de Mario achetaient les Marios, aujourd'hui le joueur d'Assassin's Creed doit avoir plaisir à faire le jeu. Si vous aviez un doute, soyez certains qu'avec leur Switch, Nintendo veulent ratisser large.
Il n'y a qu'à voir le système de nage d'Odyssey pour se rendre compte qu'Ubi...heuuu que Nintendo a voulu rendre le jeu accessible à tous : si la nage à la surface n'a pas changé, il n'en va pas de même pour la nage sous-marine : là où autrefois Mario flottait entre deux eaux et nageait normalement c'est-à-dire à l'horizontale, il se contente désormais de....couler à pic, droit comme un i, tête en haut pieds en bas, pour marcher au fond de l'eau en brassant des bras. Et si vous appuyez sur le bouton pour nager, il remontera vers la surface, mais toujours droit comme un i.
Pour faire simple : vous ne pouvez plus nager vers le fond, la tête en bas, il vous faudra vous laisser couler comme un piquet.
Qu'est-ce que c'est que cette merde nom de dieu?! Et bien cette merde est très simple à expliquer : faites le test autour de vous, lancez un jeu de plateforme 3d et donnez la manette à votre petite sœur, elle saura sans trop d'encombre diriger le personnage. Mais demandez-lui de se jeter dans cette mare et de nager au fond : c'est l'assurance d'une catastrophe grotesque qui se terminera à coup sûr par une noyade.
Le changement dans la nage n'est pas anodin, il traduit la volonté de rendre Mario grand public.
Alors oui, les moments de joie mêlée d'étonnement arrivent encore, mais ils sont TRÈS peu nombreux, car, en vérité je vous le dis, on s'ennuie ferme dans ce Mario. Le manque d'inspiration est flagrant, et l'on dirait que les développeurs n'ont pris aucun plaisir à faire ce Mario, pas plus que vous en prendrez à le parcourir.
Et en même temps...comment passez après Galaxy2? Comment faire mieux que l'idée géniale de jouer avec la gravité? Cette attraction qui était LA dimension à rajouter aux trois dimensions pour réinventer le plateformer 3d. A la fois tellement simple et génial...
Je n'ai pas eu l'occasion de jouer à Mario 3d World sur WiiU, et j'espère qu'une version Switch sortira un jour, mais en attendant, je me souviendrai toujours de l'émerveillement sans cesse renouvelé des 242 étoiles de Galaxy2, de ses musiques symphoniques inoubliables, de ses phases de plateforme à s'arracher les cheveux mais toujours drôles, de ses costumes loufoques changeant réellement et intelligemment le gameplay, et de sa maniabilité parfaite au combo manette/nunchuk.
Ce Mario Odyssey est très, très loin du Galaxy.
A l'heure de cette critique, j'ai récolté plus de 350 lunes, et je n'attends plus rien de la 150aine qu'il me reste à dégoter. Trouver une lune en parlant à un pnj, en frappant le sol avec une attaque rodéo, ou en lançant ma casquette sur la corne d'un crâne de dinosaure posé là, ne m'apporte aucune satisfaction.
Je parcours le jeu sans excitation car celui-ci est sans surprise. Et je n'aspire aujourd'hui qu'à une chose : rallumer ma vieille wii.
Car à trop vouloir satisfaire le plus grand nombre en singeant les formules à succès, ce Mario perd ce qui fait la substantifique moelle de cette série mythique : le fun.
En bref, si Mario Odyssey n'est pas un mauvais jeu, c'est clairement un mauvais Mario, et ça, c'est moche.