Quel dommage

Helas helas helas...
Me croiriez vous si je vous dit que n'importe quel Supreme Ruler met la pâtée aux meilleurs wargames de chez Paradox? Et pourtant, par la faute de quelques bugs idiots, l'édifice s'effondre au bout de quelques heures de jeu.
Oui, SR2020 est probablement le wargame le plus exhaustif que l'on puisse imaginer. Oui, plus qu'un Europa Universalis, plus qu'un Victoria et consorts. Imaginez... Vous incarnez un dirigeant dans une carte du monde légèrement futuriste, soit conforme au présent soit à la suite de conflits qui ont déchiré les frontières du monde. Le nombre de paramètres à prendre en compte est immense. Nous y attendent, par exemple, gestion complexe des finances, budgets et de la dette, de l'import-export et production de nombreuses ressources; prise en compte des avancées sociales, environnementales, scientifiques, possibilité de développer des réseaux satellites civils ou militaires; le territoire d'un pays est divisé en tous petits hexagones où l'on peut placer à sa guise de nombreux bâtiments, des complexes industriels, des usines, des villes, des réseaux routiers et ferroviaires, etc etc. Les actions diplomatiques sont nombreuses et réalistes, telles que traités d'extradition, de non-agression, défense antimissile, échange de plans d'armements, commerce d'armes ou encore libre circulation des ouvriers. Il faut veiller à l'approvisionnement sur le terrain en ressources et notamment en pétrole, lorsque gronde la guerre. Le jeu offre une quantité incroyable de documents annexes, de spreadsheets concernant vos données nationales et vos voisins, depuis les statistiques religieuses jusqu'aux effectifs de l'armée en passant par le niveau d'approbation de l'ONU ou encore la superficie du pays. La guerre, infiniment complexe, n'est même pas une fin en soi dans SR2020, plutôt une possibilité comme une autre, voire plutôt un dernier recours, pour s'imposer dans ce monde tendu.
A un niveau plus rapproché le jeu offre à utiliser des centaines d'unités militaires réelles différentes, ce qui contribue à l'immersion. La gestion des armées se fait au missile près. Je vous le jure, vos unités sont paramétrables à l'infini, depuis leur tolérance aux pertes, la consommation de carburant maximale, jusqu'au type de pathfinding à adopter, en passant par le déploiement et le tir du moindre missile, au cas par cas, one by one, oui, j'ai bien dit au cas par cas, monsieur. Ah, et il y a bien sur possibilité d'utiliser l'arme atomique. Bref, SR2020 a tout du wargame à orientation politique qu'il restait à inventer, un mix entre un Victoria et un Rulers of Nations débugué et sérieux... Mais hélas.

Arrivent les bugs, les petits riens qui font s'effondrer toute envie de continuer de percer les arcanes d'un jeu qui parait si passionant, si complet. Car dans SR2020, et cela semble récurent dans la série, nous sommes confrontés à une IA bête comme mon ex, qui reste passive, anémique, incapable de gérer ses lignes d'approvisionnement, qui envoie ses troupes au front sans stratégie, qui n'étend pas ses frontières, ou qui si elle le fait, le fait de manière totalement irrationnelle, au hasard, reproduisant les mêmes gimmicks préprogrammés d'une partie à l'autre. La Corée du nord n'hésite pas à envahir la Chine et ses 30 millions de soldats, l'Allemagne refait le coup de la blietzkrieg à la France, le Moyen orient explose de nouveau entre Israel et la Syrie à l'initiative de cette dernière qui se fera plumer une énième fois par les Etats-Unis... Bref, cest le bordel total. Mais c'est pas le plus génant. Le plus gênant, c'est que l'IA ne propose jamais de traités diplomatiques, qu'elle ne construit pratiquement jamais le moindre bâtiment, ce qui est un tout petit peu problématique pour soutenir une croissance de la population et une raréfaction des ressources... Et voila comment on se rend compte, au bout de quelques mois dans le jeu (soit quelques heures dans la réalité) qu'en partant d'une nation du tiers monde on peut conquérir le reste du monde complètement essoufflé...
Rajoutons que le tech tree est une vaste blague puisqu'il reprend des techs de l'épisode précédent alors qu'elles ne sont plus dans celui ci, autrement dit la moitié des recherches que vous faites ne servent à rien...

Rajoutons que le seul interêt du jeu devient le multijoueur, mais étant donné la complexité du soft je doute que grand monde ait perséveré jusque là. Très complexe, le jeu manque aussi d'une certaine cohérence.J'entend pas là qu'il s'agit d'un jeu de politique, de gestion nationale, mais où le contrôle des troupes se fait au bataillon près. Tout cela est très confus.
Bref, SR2020, cest Superpower 2 à la puissance 10: un énorme soufflé plein de promesses, plein de passion, de générosité, extrèmement complexe, foisonnant, prometteur... Mais qui perd tout son interet devant la bêtise de l'IA. Ouch. Et croyez bien que ça me pince le coeur d'allumer SR2020 avec une note si médiocre, car franchement il n'en fallait pas beaucoup pour faire de ce jeu un véritable hit qui renvoie Heart of Irons au rang de vulgaire partie de pogs.