Vraiment dommage que le jeu accumule les poncifs du genre en termes de narration et de personnages, et en devienne parfois culcul, comme beaucoup de productions Tales Of, et beaucoup de jrpg actuels tout court, qui me semblent tout de même moins audacieux qu'il y a 10-15 ans dans ce qu'ils proposent au niveau scénaristique. C'est d'autant plus à regretter que l'audace apparaît bien souvent sur cette gen dans les systèmes et le gameplay, et c'est encore le cas pour ce Graces F, qui bénéficie d'un des meilleurs systèmes de combat qu'il m'ait été donné de voir. La team destiny est décidément la plus ingénieuse des deux lorsqu'il s'agit de concevoir et peaufiner un gameplay précis et intelligent, et je conserve à ce titre une préférence indiscutable pour les opus pilotés par cette équipe.
D'une base qu'on croirait trop molle pendant une bon quart de jeu, les combats deviennent en effet de plus en plus vifs à mesure que l'on avance, pour atteindre un dynamisme impressionnant une fois nos persos développés. Le niveau de difficulté, ajustable en pleine partie (et heureusement!), déterminera quant à lui la dimension tactique de ces combats sous speed, pouvant ainsi les transformer en véritables chorégraphies requérant, en hard, une rapidité de décision indispensable, un timing au poil de cul dans les actions, et un sang-froid immense face à l'impondérable. Une jouissance sur chaque fight, même le plus petit (premier rpg dans lequel je n'ai pas fui un seul combat de tout le jeu, c'est dire). Si le système d'évolution des personnages est quant à lui moins fascinant, il innove néanmoins avec un usage particulièrement inventif des titres, aspect bien souvent anecdotique dans les autres Tales Of.
Si le scénario est donc bateau, et rempli de moments niais à de trop nombreuses occasions, il faut garder à l'esprit qu'on joue rarement à un Tales Of pour s'en prendre plein le cerveau Xeno-style, et que l'intérêt résidera plus souvent dans un gameplay poussé et soutenu par une aventure distrayante à défaut d'être originale. A cet égard, cet épisode remplit le contrat avec efficacité, et on gardera d'ailleurs le souvenir d'un casting plutôt solide (sans être le plus fabuleux de la saga), et dénué à mon avis de véritables têtes à claques irritantes, comme peuvent l'être Luke ou Anise dans Abyss par exemple. On regrettera cependant une OST pas bien bandante et trop facilement oubliée, sans thèmes forts et accrocheurs.
Pour l'amateur de rpg à la nippone, Graces F vaut largement le coup qu'on lui pardonne ses défauts pour découvrir un gameplay d'une richesse incontestable qui tiendra en haleine pendant 40 à 50 heures le guerrier esthète qui sommeille en chacun.