Le RPG est un genre qui a connu un âge d'or sur Super Nintendo, notamment au Japon. Si en Europe, nous avons eu droit à quelques perles comme Secret of Mana, Illusion of Time ou Terranigma, l'offre était réduite à la portion congrue, nous n'avions même pas droit aux Final Fantasy. Pourtant, certains RPG auraient mérité toute notre attention. Hourai Gakuen no Bouken en fait partie. Parce que s'il n'a rien de révolutionnaire en lui, il a tout de même quelques atouts à faire valoir.

Le jeu est sorti en 1996 sur l'archipel nippon et n'a jamais franchi ses frontières. Sans doute que l'éditeur n'avait pas jugé utile de le porter en occident, étant donné que les consoles 32 bits, c'est à dire la PSX et la Saturn, étaient déjà sorties depuis près de deux ans.


Hourai Gakuen no Bouken, qu'on pourrait traduire par « les aventures du lycée Hourai » vous propose de vous mettre dans la peau d'un garçon du nom d' Hasao ou d'une fille nommée Emi, noms donnés par défaut ( vous pouvez le changer au départ), qui doit se rendre de Tokyo sur une île du sud du Japon, pour la rentrée scolaire. Mais voilà, le pilote et le copilote de l'avion qui vous transportait se sont endormis et on dépassé la destination. Notre héros va donc voir une hôtesse de l'air et lui signale le problème. Cette dernière lui propose de rejoindre le lycée en parachute. Avant même de comprendre ce qui se passe, il est envoyé dans les airs et arrive ainsi à la conférence de rentrée en faisant un énorme trou dans le toit du bâtiment, et chutant sur le pauvre Roku qui se retrouve à l'hôpital. Vous, vous êtes indemne et plutôt bien accueilli par les autres. Des élèves vous remarquent et vous invitent à collaborer au journal du lycée, le Hourai Sports, abrégé en Hospo. D'un côté c'était ça ou vous payez les frais d'hospitalisation de Roku. C'est ainsi que vous faites la connaissance de Daichi, Hinako et Haru, qui, contrairement au nom du journal ne s'intéressent pas au sport mais plutôt à ce qui ne tourne pas rond dans ce lycée. Et votre héros ne va pas tarder à s'apercevoir que pas mal de choses bizarres se passent dans ce lycée...

Hourai se déroule dans l'île Utsuho, une île fictive du japon, qui est en réalité universitaire, qui est divisé en plusieurs secteurs. C'est le plus grand établissement du pays, accueillant, tenez-vous bien, 1 million d'élèves! Au Nord, vous avez l'hôpital, le dortoir des garçons et Side Street, une rue commerçante, à l'ouest, le dortoir des filles, et le bloc est regroupe le hall, le bâtiment de cours et le siège du comité. Au sud, vous avez la jungle, une immense forêt où sont parfois organisées des joutes assez... bizarres. Les espaces étant séparés, vous avez une ligne de chemin de fer qui permet de les relier entre elles. Oui mais au départ, vous ne pourrez pas l'utiliser, le réseau étant en panne lorsque le jeu commence. Donc, vous devrez faire les trajets à pied. Ce qui n'est pas bien entendu sans faire quelques rencontres. Je vais y revenir. Laissez-moi vous présenter quelques uns des personnages du jeu :

Hasao/Emi : le nom par défaut de votre personnage, selon que vous prenez un garçon ou une fille. Représenté par un avatar somme toute commun sur l'écran de jeu ( cheveux longs et châtains et yeux bleus pour Emi), et par son ombre lors de l'écran de statut. Il n'était pas possible de personnaliser son avatar, nous étions en 1996 et sur console, je vous le rappelle!

Daichi : cet homme aux cheveux longs sera le premier personnage que vous intégrerez dans l'équipe. Membre du Hospo, il est nul en classe, mais plutôt doué en sport. En combat, il dispose de beaucoup de HP et fait partie du club de Kendo au début du jeu.

Hinako : la fille du Hospo. Elle est la fille d'un prêtre shinto et a une passion pour les arts occultes.

Haru : Le Geek dans toute sa splendeur, aussi bien dans son design que dans son attitude. Il aime particulièrement les ordinateurs et trainer sur des réseaux underground.
Roku : c'est le fondateur du journal. Malheureusement, il se trouvait au mauvais endroit au mauvais moment et a fait office de point d'atterrissage lors de l'arrivée fracassante du héros dans le lycée. Il est à l'hôpital, mais jure de se venger...

Julia : votre voisine qui vient des États-Unis se joindra à vous. Elle ne tardera pas à retrouver son amoureux...

Isaac: amoureux de Julia, il s'est juré de la protéger. Il est l'archétype du sportif américain : grand et musclé.

Vous pourrez avoir jusqu'à 17 personnages dans votre équipe. On notera aussi que certains vous donneront leur numéro pour que vous puissiez les appeler...



Tout ce beau monde ne sera pas de trop pour découvrir ce qui se trame dans le lycée, au gré de chapitres représentant chacun un mois de l'année. A chaque fois, vous devrez résoudre un mystère qui se trouvera publié en fin de chapitre dans le Hospo bien entendu. Le système de jeu se présente sous une forme assez classique : vous explorez les lieux, parlez aux PNJ, et bien entendu, vous faites des rencontres aléatoires dans les donjons. Les persos se mettent à clignoter lorsqu'un combat arrive, et le jeu se présente alors comme un Dragon Quest classique : vous voyez les ennemis en face de vous et entrez les ordres en vue subjective, on ne voit pas les persos agir à l'écran.
Le premier menu vous permet de choisir plusieurs options : engager le combat, combattre de façon automatique, invoquer un pouvoir magique ( mais cela demandera beaucoup de CP), échanger un personnage avec un autre ( « swap out ») ou fuir, mais là l'option s'appelle « apologize » (s'excuser). Original. Il n'est pas dit, cependant, que cela marche à tous les coups.
Si vous choisissez de combattre, l'option Get'Em permet de porter un coup, item d'utiliser un objet du menu, Skill vous permet d'utiliser une compétence, et block de parer. Rien d'extraordinaire, mais le tout se déroule rapidement. On saluera aussi la qualité du bestiaire qui se présentera à vous, varié mais surtout déjanté. Mais qui n'a jamais eu envie de frapper son prof d'EPS parce qu'il nous imposait l'endurance dès la rentrée pour le cross interclasses juste avant les vacances de la Toussaint ? Ou encore, je savais que les CPE étaient des gens coriaces mais dans le jeu, il y en a une qui fait office de boss, carrément. Malheureusement les «  vrais » boss ne sont que trop rares. En général, il s'agira d'ennemis communs ayant subi un «  color swap » ( procédé classique dans les RPG 16 bits) avec parfois un peu plus de HP ou d'ennemis ordinaires mais attaquant en nombre. La fréquence des combats est TRES élevée, impossible de faire trois pas sans qu'un ennemi comme un train fantôme, un mec se prenant pour un pingouin ( et avec le déguisement qui va avec!) ou un tournesol géant nous tombe sur le râble. Heureusement, il existe un bouton pour courir. Au fil des combats, outre l'EXP et l'argent que vous récolterez, vous aurez aussi des FP, des Frienship Points, et des points de club. Les premiers permettent d'avoir des avantages en combat. Par exemple, si vous renforcez les liens entre votre héros et ses partenaires, si celui-ci est mis K-O par un ennemi, il pourront se mettre en colère et voir leur puissance de frappe renforcée. Vous ne pouvez toutefois assigner les FP reçus qu'à un point de sauvegarde, généralement marqué par une croix rouge et blanche évoquant une infirmerie. Les points de club augmentent vous capacités, selon les clubs dans lesquels vous êtes inscrit. En effet, il existe dans le lycée un bâtiment dédié aux différents clubs, et vous pouvez être membre de trois club maximum à la fois. Si vous quittez un club avant d'avoir maitrisé toutes les compétences qu'il a à offrir, vous ne bénéficierez plus de ses avantages, mais si vous y retournez par la suit,e vos acquis seront conservés. Il existe aussi des clubs cachés que vous pourrez découvrir pendant l'aventure.


Hourai Gakuen no Bouken n'est pas le plus beau RPG de la Super Famicom, c'est un fait avéré. Il accuserait même du retard par rapport aux productions sorties avant lui, sachant que le jeu date de 1996. Je dis toujours que c'est avec Final Fantasy VI que la 16-bit de Nintendo est entrée dans l'ère des RPG magnifiques. Quand on a eu entre les mains des jeux comme Chrono Trigger, Rudora No Hihou ou même Bahamut Lagoon pour ne citer que quelques uns de Square, Tales of Phantasia de Namco ou encore Star Ocean d'Enix, Hourai ne tient clairement la comparaison. Attention, ce n'est pas non plus absolument immonde, mais on sent le manque de budget. Les sprites sont petits, et on sent que les programmeur avaient un faible pour les carrelages à damier dans les bâtiments de l'école... les décors ont le mérite d'être toutefois colorés, bien que simples en mode exploration. Mais impossible de se perdre, un décor de WC bleu vous indique que vous êtes chez les garçons et pour les filles, c'est...rose. Un « code » permettant de distinguer les choses. Les scènes de combats bénéficient de décors plutôt pas mal faits malgré leur vide évident, mais davantage de soin à été apporté aux ennemis : non seulement, les sprites sont grands, mais en plus beaucoup ont une tronche et un nom à mourir de rire. On les aurait juste aimé plus animés.
Bref, sur le plan graphique, sans être un jeu moche, Hourai se montre très inégal.

Les musiques ont été composées par Hitoshi Sakimoto. On sent que le compositeur a fait un effort et ses compositions permettent une certaine ambiance, même si elle n' a globalement rien de transcendant. Les bruitages sont assez peu nombreux, en revanche.

La jouabilité est simple est instinctive, et les fenêtres qui s'affichent vous rappelleront sans nul doute les Dragon Quest. Il est marrant de constater que les objets utilisés sont des objets de la vie courante. Par exemple, au début du jeu, votre héros se battra avec... un ouvre-lettres, ou Hinako aura une raquette de tennis... Il en est de même pour l'équipement, pas d'armure de bronze ou de mythril, mais des judogi.... pour récupérer de la vie, vous devrez acheter des denrées alimentaires. Bien entendu une nuit dans un lit vous rétablira à 100 %.

La durée de vie est d'un peu plus d'une vingtaine d'heures. Il y a 13 chapitres et on progresse sans trop de mal pour peu qu'on prenne la peine d'équiper les personnages correctement, ça peut compter pour les boss. Les combats sont toutefois généreux en EXP et une montée de niveau vous rétablira tous vos HP et CP ( points de compétence). La fréquence des combats peut toutefois finir par agacer, d'autant que les ennemis sont parfois des pros de l'esquive des coups. Le jeu bénéficie d'une certaine rejouabilité: En effet, selon que vous soyez fille ou garçon, le déroulement de certains chapitres sera différent. Très bien vu.

De plus, le jeu arrive à retenir l'attention grâce à un humour bien senti, aussi bien dans les dialogues que dans les situations présentées. Les personnages se vannent, même ceux de vôtre équipe, et on sent tout de même une volonté de se démarquer avec certains clubs et certains noms . Car le point de fort de Hourai est bien dans sa qualité d'écriture. Que ce soit les trois factions qui se font la guerre pour imposer leurs lois aux lycéens, avec des mousquetaires à l'accent français à mourir de rire tant il est ridiculisé, et leur accoutrement ridicule, des femmes vous attaquant avec un balai, les mini jeux absurdes et remplis d'humour, les missions qui tournent systématiquement au WTF le plus complet et la retranscription de l'article dans le Hospo à la fin, on a vraiment l'impression d'être dans une variante du Kimengumi High School, d'autant plus que TOUT, absolument TOUT ce qui peut arriver d'improbable dans un lycée se produit. Remarquez ça commence dès le début...

Hourai Gakuen no Bouken fait parti de ces RPG qui sont restés dans l'oubli même dans leur pays d'origine. Sorti tardivement, accusant un retard technique évident et présentant un gameplay classique, il n'est certes pas le RPG du siècle, ni celui ultime de la SFC mais il sait se démarquer par un humour à toute épreuve et dispose d'une durée de vie plus qu'honnête. Il est donc un de ces RPG certes pas extraordinaires, mais qui a le mérite de faire passer un bon moment en sa compagnie à celui qui se lance dans l'aventure. C'est déjà pas si mal.
Julius
7
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le 7 sept. 2012

Modifiée

le 9 sept. 2012

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Julius

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