J'ai bien aimé ce jeu à la fois simple, relativement dépouillé, et très prenant, grâce à sa superbe direction artistique - très originale en tout cas, à base de dessins (peu) animés -, à sa narration très directe et surprenante digne d'un livre dont on est le héros, et enfin à son système de combat là aussi plutôt simple mais bien pensé et qui se révèle réjouissant.
La proposition de Banner Saga est mine de rien très originale, je trouve que le jeu arrive à tirer partie de son minimalisme propre aux jeux indé pour offrir une aventure unique en son genre aux partis pris intéressants. Le jeu est très linéaire, il déroule son récit devant nos yeux, de temps en temps un évènement survient sous forme de texte et l'on doit prendre une décision sur la marche à suivre (on gère une caravane de personnes qui fuient les monstres qui envahissent le pays). C'est très simple mais très astucieux pour garder le joueur impliqué, alors qu'il n'y a au fond pas grand chose à faire en terme de gameplay pur, même s'il faut aussi veiller à entretenir le moral des troupes et gérer les vivres.
On peut s'arrêter, monter un camp pour se reposer et améliorer le moral de la caravane - cela consomme des vivres - mais ce sont surtout les décisions que l'on prend lors des évènements surprises qui impactent le moral et le niveau de vivres. De manière certes un peu aléatoire tant il est difficile de deviner ce qu'il convient de faire. Je ne suis pas sûr qu'il y ait de bonnes solutions, il faut peut-être oublier la logique jeu vidéo et se faire à l'idée qu'une décision qui paraît bonne sur le court terme risque de nous retomber sur la face à long terme, ou l'inverse. J'ai en tout cas essayé d'être conciliant durant mon périple et cette attitude n'est pas bien payée au final, il vaut peut-être mieux être plus méfiant. Le jeu est très sombre de ce point de vue, l'aventure se vit comme une fuite en avant vouée à l'échec.
Sinon, l'autre élément important de Banner Saga est bien évidemment le système de combat. Celui-ci se démarque par une gestion intéressante des points de vie/force et des points d'armure, les premiers faisant office de HP mais aussi de points de puissance qui déterminent les dégâts causés à l'ennemi, selon une soustraction opérée avec les points d'armure adverse. Il y a un petit jonglage de chiffre à faire, une petite gestion et un calcul qui deviennent rapidement évidents et très naturels en combat. Et les archers, utilisés à bon escient, sont dévastateurs, ce qui est très plaisant à jouer (oui j'adore les personnages archers).
L'histoire est un peu linéaire - et il y a tout un monde créé mais finalement peu exploité - mais ce n'est pas si dérangeant, puisque tous les micro évènements viennent rythmer la partie et je trouve les personnages très attachants (malgré un début laborieux). L'histoire de Rook et Alette est très touchante, certains twists sont bouleversants et m'ont complètement désemparé. Le jeu n'est pas avare en surprises et en retournements de situations assez fous, sans doute plus faciles à faire passer grâce aux textes. L'histoire nous met constamment face à des dilemmes impossibles à résoudre, nous donnant toujours deux sons de cloche par la voix des différents personnages, comme si notre propre conscience se livrait bataille, pour mieux nous laisser seul prendre une décision. Mais, vraiment, la méfiance est de mise.