Jeu de vikings garanti sans flèches dans le genou !
Le Monde s'écroule, le Soleil n'est plus, les Dieux sont redevenus poussière, l'alliance entre les humains et les Varls se fragilise de jour en jour et une gigantesque armée de dangereux et hostiles Dredges fait route vers les contrées du monde civilisé.
C'est dans ce contexte pré-apocalyptique, en proie au chaos, que les destins de deux caravanes vont se croiser.
L'une est une caravane diplomatique lourdement défendue dirigée par Harkon, un varl combatif qui a pour mission de protéger l’héritier du Royaume des Hommes.
L'autre, est une caravane de réfugiés menée par un chasseur émérite du nom de Rook, accablée par le désespoir, la faim et le froid mordant de l'hiver.
Après les multiples débâcles de Bioware dans le domaine du RPG scénarisé, je me suis rapidement tourné vers la scène indépendante pour essayer de retrouver ce qui faisait un peu le charme de leurs jeux : un univers envoûtant, des personnages attachants et une écriture cohérente. Coup de bol, « The Banner Saga » correspond à cette description...normal il a été crée par 3 anciens de chez Bioware.
La qualité fondamentale de « The Banner Saga », c'est tout d'abord son esthétique sensationnelle couplée à son ambiance polaire communicative.
Que ce soit les décors, le bestiaire ou les personnages, le jeu est d'une beauté sidérante. « The Banner Saga » emprunte à la mythologie scandinave et arrive a créer son propre univers sans faire dans le grandiloquent ou dans l'exagération. La patte graphique est simple mais très inspirée et permet au jeu de se doter d'un monde fantasy original et extrêmement agréable à parcourir.
Pour accompagner cet aspect graphique irréprochable, le jeu nous offre une atmosphère glaciale renversante qui parvient à nous communiquer la détresse des personnages avec justesse sans trop verser dans la pathos inutile. Le jeu parle d'un hiver qui semble éternel et le fait avec une précision exemplaire.
Cet aspect est renforcé par une OST timide mais d'une indéniable qualité et par une écriture fine et maîtrisée au service d'une histoire qui s'annonce d’ores et déjà riche et prometteuse.
Au niveau de gameplay, le jeu est divisé en deux partie : l'une se base sur la gestion de ressources et la possibilité de faire des choix qui peuvent impacter positivement ou non le bien-être de votre caravane. Tandis que l'autre se base sur des combats tactiques au tour par tour qui empruntent énormément aux J-RPG.
L'aspect gestion est bien sûr la principale qualité du titre car c'est lors de ces phases de jeu que le scénario avance et que l'aspect « roleplay » est mis en avant.
Concrètement, la gestion de caravane consiste à gérer le moral, la ravitaillement, les héros et la vitesse du groupe. Si celle de Harkon est plutôt facile à administrer, celle de Rook est en revanche bien plus délicate : la nourriture se fera rare, le froid sera de plus en plus présent et les Dredges de plus en plus nombreux. De nombreux choix, lourds de conséquences, devront être faits au cours de ce périple et ils mettront souvent à mal votre sens moral.
Les combats au tour par tour sont, quant à eux, classiques mais épiques et très engageants. Les différentes classes sont plutôt bien équilibrées et les batailles sont suffisamment difficiles en mode normal pour que les victoires soient gratifiantes ! (après avoir battu le boss de fin c'est apéro!!)
Chose plutôt bienvenue : le résultat d'un combat a également un impact sur la gestion de la caravane et sur le déroulement de l'histoire.
Malgré cette cascade de qualité, le jeu souffre malheureusement de quelques défauts.
Tout d'abord les dialogues ne sont pas doublés et les animations des personnages sont assez minimalistes ce qui nuit légèrement à la narration du titre. Si vous n'aimez pas la lecture, vous allez avoir du mal à rentrer dans cet univers.
Ensuite, la traduction française est bonne mais les tournures de phrases sont bien trop simples par rapport à la version originale. Il y a, à certains moments, une familiarité de ton qui n'a rien à faire dans un monde de fantasy comme celui-ci.
Et pour finir, il y a le Boss de fin : très (trop?) frustrant, votre victoire dépend en grande partie de votre chance...surtout que le petit rigolo se fait en deux étapes sans sauvegarde et avec un personnage imposé, alors armez vous de patience si vous voulez le battre en normal...
« The Banner Saga », en dépit de ses petits défauts et de sa durée de vie moyenne (14 heures) dispose d'une esthétique agréable, d'un univers de fantasy basé sur les meilleurs aspects de la mythologie scandinave et d'une qualité d'écriture remarquable teintée de poésie et de lyrisme. Des qualités qui justifient largement son succès !!
Un coup de cœur !