J'adore les vieilleries. Dans le jeu d'aventure, il y a des jeux qui vieillissent très bien (Beneath A Steel Sky, ToonStruck, Space Quest VI pour ne citer que ceux-là), et d'autres très mal. Bien sûr, ce jeu est souvent raillé pour son doublage français. C'est sûr que tous les doubleurs du casting ne se valent pas (mais attention, il y en a de très bons dans le lot). Mais ce côté nanardesque, couplé aux prises de vue complètement cliché, les couleurs, les vêtements… moi j'adore. Donc ce n'est pas là-dessus que j'attaquerai le jeu.
Non, ce qui ne va pas est ailleurs. Ce qui ne va pas, c'est que souvent, on ne sait pas quoi faire, ou on ne sait pas pourquoi on le fait. Les héros vont bille en tête contre certains personnages sans que l'on sache trop pourquoi, ont des lubies que le scénario peine à expliquer. Si on ajoute à ça une bonne dose de chasse au pixel, de personnages qui parlent en allemand, sans sous-titres ni traduction, mais dont on est quand même censé comprendre un peu de quoi il s'agit (car sinon on se retrouve bloqué !), des morts à répétition… la logique du jeu n'est pas accessible, et du coup l'expérience est frustrante de bout en bout. Gabriel Knight 2 propose des moments assez intéressants, où l'on apprend autant sur le plan historique que sur les légendes. Mais ça ne compense pas les phases de jeu indigentes. La monotonie globale du jeu n'est rattrapée que par la cocasserie du jeu d'acteur et du doublage à se tordre. On est loin, très loin du premier opus. Les personnages n'ont plus rien à voir, Gabriel Knight est un mec sans âme, vide de sens et de passion, son acolyte est une maniaque obsessionnelle… alors que le duo fonctionnait à merveille dans le premier, ici on se retrouve avec un ersatz de Stobbart/Collard (Broken Sword) mal assorti. Et puis, où est passé le narrateur ? C'était un élément très important de l'ambiance du premier jeu, là on se retrouve avec la plupart du temps du silence, des bruits d'ambiance, parfois des boucles courtes pas franchement à-propos… Oh, et je n'ai pas parlé des nombreux bugs, notamment ceux qui font que la scène suivante ne se charge pas, et qu'il faut donc relancer le jeu, en perdant tout le contenu non sauvegardé. Ça ne m'est pas arrivé une fois, mais une bonne dizaine. Autant dire que devoir sauvegarder toutes les deux minutes, ça casse complètement l'immersion.
Gabriel Knight 2 est de ces mauvais jeux d'aventure que l'on ne peut pas finir sans une soluce, pas parce qu'on est trop bête, mais parce que le jeu est mal pensé. Il se peut que le FMV (prises de vues réelles) en soit la cause, ce qui a empêché de pouvoir correctement peaufiner le jeu puisque le contenu était en quelque sorte verrouillé assez tôt dans la production et trop coûteux pour y apporter des modifications (ce ne sont que des hypothèses), mais en tout cas, je n'ai pas ressenti le plaisir d'enquêter, tout simplement car je ne comprenais pas ce qui comptait ou non aux yeux des personnages, j'étais tout simplement dépossédé de l'enquête. Et c'était pas amusant.