Légendes urbaines et boulet en crinoline
Un homme d'affaire déconfit s'est jeté par la fenêtre. Une discussion avec son fantôme, et le voilà remonté à bloc, prêt à affronter tous ses problèmes. Sauf que, bien sûr, il a déjà sauté et qu'il est trop tard...
Bienvenue dans l'univers sucré de la série Blackwell.
Un terme de "série" d'autant plus mérité que c'est avec ce jeu que cette dernière entre de plein pied dans le format sériesque, jusqu'à adopter le système télévisuel du teaser pré-générique. C'est aussi avec ce jeu qu'elle se plante, et c'est bien dommage.
A quoi, précisément, attribuer ce (relatif) échec ?
Si l'utilisation des légendes urbaines new-yorkaises est vraiment chouette, et la patte graphique également - sans doute la plus chouette, d'ailleurs, de toute la série - le jeu peine à retrouver ce qui faisait la force de ses prédécesseurs, et sur lequel je ne pourrai mettre assez maladroitement le doigt que sous le terme d'"émotion".
Les historiettes autour des fantômes à sauver, toujours riches en glauquerie bien déprimante (oui, c'est une qualité), se trouvent en effet un peu sacrifiées au profit d'une intrigue tarabiscotée pas forcément passionnante, et surtout remplie de personnages désespérément grandiloquents (MADELINE, JE PENSE A TOI ET JE TE VOMIS MON BN AU CHOCOLAT DESSUS).
Malgré quelques bons moments, notamment l'image du diner perdu dans l'univers, le tout finit par donner une impression de gloubiboulga s'égarant dans des eaux peu conformes à ce qui fait à mon sens le sel de la série. A savoir raconter des trucs mi-glauques mi-lumineux qui vous donnent conjointement l'envie de vous trancher les veines et de manger une glace au soleil en écoutant les oiseaux chanter, si vous m'avez suivie.
Les épisodes suivants s'avéreront heureusement plus satisfaisants en terme d'envies suicidaires, ce qui nous remplira tous de joie.