J'ai enfin rejoué à cette merveille méconnue de l'industrie vidéo-ludique et j'y ai pris autant de plaisir que la première fois. "Escape from Butcher Bay" est un chef d'oeuvre. Il n' y a pas de doute là-dessus et on ne peut que le dire avec regret, au vu du peu de succès qu'il a rencontré.
D'emblée il faut préciser que le jeux ne vieillit pas ou fort peu. Les textures et le design tiennent le choc, et ne paraissent pas trop datés. En fait, loin de l'ambiance cartoon des FPS modernes, la coloration gluante des murs de Butcher Bay est plus convaincante que bien des décors actuels. La mise en lumière est certes moins efficace que nos derniers jeux, mais elle est si bien maîtrisée dans le scénario que l'on ne s'en aperçoit guère.
Mais surtout c'est par son game-play impressionnant, son histoire et son ambiance que ce jeu continue de briller comme un étoile solitaire dans son coin sombre. Le scénario est simple: Riddick (Vin Diesel, très bien modélisé, avec la voix de l'acteur) est amené à la prison haute sécurité de Butcher Bay par un chasseur de primes, Johns. Inutile de dire que les murs de Butcher bay ne suffiront pas longtemps à nous garder en cellule. Fuite, infiltration, coups de théâtre, moments de bravoure vont alors se succéder sans temps morts. Après une très bonne séquence de mise à l'épreuve avec pleins de NPCs très bien profilés qui nous familiarisent avec le milieu carcéral, on plonge vite dans une ambiance glauque et sombre à souhait dans les profondeurs de la prison , où le jeu va donner son surprenant (mais plus commun aujourd'hui) mélange de FPS et de stealth.
En dépit de son héros, ce n'est pas un jeu bourrin : on ne peut utiliser les armes des gardes, car elles sont encodées et Riddick devra utiliser des armes annexes pour survivre. On ne peut faire du rentre-dedans, il y a toujours des gardes aux aguets, ou des mitrailleuses sur les murs, en fait il va falloir prendre son temps, choisir le bon timing, profiter des ombres. Et ce qui fait aussi la grande force de ce jeu : les ennemis ne cessent de se renouveler : mechas surpuissants, mutants difformes, monstres des profondeurs, prisonniers etc... Le jeu ne cesse de nous surprendre et d'adapter nos réflexes. Un plaisir, je vous dis.
C'est d'ailleurs un très beau design d'avoir réussi dans un jeu aussi linéaire (on est quand même dans une prison, la liberté de mouvement est bien réduite) de nous tenir en haleine, sans le moindre ennui, la moindre répétition (grande plaie des FPS ). Chapeau Starbreeze pour ce scénario en béton (c'est le cas de le dire) .
Enfin , quel plaisir de jouer à un jeu qui a pris pour parti de se débarrasser de ce fichu HUD qui vous bouffe la moitié de l'écran dans nos FPS. Ici, rien ne s'affiche, pas de chiffres de dommages, pas de statistiques, pas de surbrillance à la con . Seuls quelques carrés discrets apparaissaient brièvement en haut à gauche si vous êtes touché. Pas de barre de vie non plus qui se remplit à la moindre pause, on doit attendre de trouver une station médicale dans un coin. (Dead Space était d'ailleurs revenu brillamment vers ce genre de design quand il avait choisi d'intégrer costume et HUD.) Ce dépouillement visuel ajoute à l'immersion, et vous laisse vous concentrer sur l'action et le décor.
Bref, par son game-design, son scénario et son ambiance impeccables, Escape from Butcher Bay remplit son contrat comme un chef et reste encore aujourd'hui un exemple de la façon dont les jeux devraient procéder, loin du bling bling et de la facilité navrante de beaucoup de productions actuelles. On ne regrettera qu'un chose : sa durée un peu courte. Fortement recommandé!
- je vais enfin pouvoir essayer la suite "Assault on Dark Athena" qui semble être aussi bon.