Le blizzard croissant, aucun effet sur moi. Les montagnes de Bordeciel, j'avais beau les arpenter pour la première fois, mon corps musclé de nordique était taillé pour ce périple. Je pensais que rien ne pouvait nous arrêter, ma fidèle monture plutôt épaisse et moi. C'était sans compter sur cette fantastique aurore boréale surplombant la forêt, silencieuse, majestueuse, surprenante et irréelle.
Rebroussant chemin pour contempler ce panorama au bord d'une falaise, du mont que j'arpentais jusqu'au creux de la vallée que je surplombais, ma vision fut troublée par une créature traversant les cieux, tout aussi majestueuse que ce que ces derniers m'offraient quelques secondes auparavant, mais bien plus dangereuse.
Le dragon m'avait finalement repéré. Tirant parti de mes quelques heures passées dans la région, je profitais de sa danse macabre pour enduire mes flèches de poison paralysant, puis dégainais mon arc. Attendant la fin des cercles aériens de mon ennemi, je bandais mon arme et ajustais mes flèches. Approche-toi... Encore un peu...
Quatre volées dans le mille, une flèche perdue, un prédateur voulant en finir au sol. Mon bouclier allait-il résister à ses flammes violentes, impitoyables ? Je décidais de ne pas parier là-dessus et hurla à la figure de la créature des mots qu'elle comprendrait : Les cris du dragon, mon héritage, résonnaient en lui, lui sonnèrent la gueule quelques secondes, temps suffisant pour pourfendre enfin mon ennemi de mes deux lames.
Le thème victorieux qui suivit acheva cet instant de bravoure ou, tel un immortel, j'absorbais la puissance et l'âme d'un dragon vaincu par l'homme.
Je décidais alors de faire demi-tour, revenant à ce petit village dans la vallée, dans lequel je pourrais revendre les os du monstre, et ou je pourrais me reposer. J'en profiterais pour chasser l'élan avec mon arc et ma discrétion légendaire : J'ai besoin de peaux, pour améliorer mon armure légère.
Décidément ces montagnes grouillaient de vie. Les oiseaux s'envolant sur mon passage seuls, troublaient la quiétude des cieux nocturnes mais en arrivant à destination, nombreuses furent les tentations de dévier de ma route, pourtant motivée par le hasard. Animaux curieux ou fuyants, chasseurs, voleurs, lieux insolites, temps changeant, veuve et orphelin nécessitant assistance... Pas un seul instant d'ennui, beaucoup de contemplation ébahie. En moi résonnait une musique et des choeurs magnifiant l'instant. Je me suis cru en Terre du Milieu de nombreuses fois, mais il s'agissait de mon histoire. Je décidais de ma voie.
J'aurais pu devenir un mage sage, expert sans arme de métal, dangereux et respectueux. J'aurais pu devenir un tueur sans foi ni loi, discret et impitoyable. J'ai failli succomber au vampirisme, dans cette grotte l'autre jour. J'ai aperçu des hommes se transformant en loup, ici et là... J'aurais pu devenir tout cela, ou un mélange de tout cela, ou beaucoup d'autres choses. Libre à moi. J'ai décidé de devenir un ermite nomade, guidé par la chance et les circonstances seules, respectueux de mon prochain, héros de l'individu croisé parfois. Il faut dire que les occasions ne manquent pas, en Bordeciel. La vie y est intense, et les hommes y ont la langue bien pendue. Ils n'ont pas besoin de moi pour parler, les conversations n'y sont pas obligatoirement de simples dialogues.
Je pourrais encore parler de milles choses sur une aventure qui me prendrait plus de 300 heures. Mais mon journal de voyage n'a probablement pas assez de pages et vous avez compris le message :
C'était mon Skyrim. Et croyez-moi, le votre sera tout aussi différent, et probablement tout aussi beau.
Jeu de l'année.
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