Les deux derniers jeux de la 8ème génération de consoles que j'ai eu l'occasion de faire étaient Mad Max et Shadow of Mordor. Des jeux propres, carrés, mais déjà-vus et laissant cet arrière-goût de jeu bâtard produit à la chaîne sur lequel on pose un certain skin selon l'univers voulu. Je commençais à me dire que le jeu vidéo triple A n'était peut-être plus fait pour moi, que je n'étais plus la génération visée. Heureusement, il n'y a pas qu'eux sur cette génération, il y a aussi The Evil Within. Et diantre, que ça fait du bien.
Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit, ce jeu est loin d'être parfait et l'on peut lui trouver des défauts, à commencer par quelques chapitres (heureusement peu nombreux) moins inspirés (mais pas dégueulasses pour autant) ou un recyclage de certains boss (mais la façon d'approcher l'affrontement diffère). Toutefois, ce que j'aime dans ce soft, c'est qu'il a un sacré cachet, et il n'a pas peur de le revendiquer haut et fort.
C'est gore, c'est malsain, ça fait franchement flipper (sans rentrer dans du martèlement de jumpscares à la con !!!), l'ambiance est au poil (autant visuellement qu'à l'audition), et l'on se prend sincèrement au jeu. De plus, le scénario volontairement énigmatique nous ballade entre différentes visions du monde et ça procure un sentiment très réussi de perte, on essaye vraiment de comprendre ce qu'il se passe, où l'on est, et le jeu a l'intelligence de nous laisser rassembler les différentes pièces du puzzle nous-même. Mention spéciale à la fin également, qui ne déçoit pas du tout, que du contraire, elle enfonce le clou vis-à-vis de ce scénario et de cet univers rondement menés.
Que l'on se rassure, The Evil Within n'est pas non plus une coquille vide. Le gameplay me rappelle notamment Shadows of the Damned (à acheter immédiatement si vous ne l'avez pas encore fait), qui était lui-même un Resident Evil 4 franchement amélioré. Munitions spéciales, armes en tout genre, infiltration possible, pièges du level-design à utiliser à son avantage ... le gameplay propose quelque chose d'exhaustif avec une bonne utilisation de l'environnement, notamment dans les premiers niveaux, relativement ouverts. L'originalité liée aux allumettes rend le concept encore plus intéressant.
Si ça ne suffisait pas, l'aventure est longue avec ses 15 chapitres d'une heure en moyenne. Les décors varient, les situations aussi (malgré quelques répétitions) et l'aventure ne donne que rarement l'impression de manquer de répondant.
Au final, j'ai pris du plaisir à flipper pendant 15 heures sur ce titre. D'abord parce qu'il s'agit d'une flippe intelligente basée sur l'ambiance, mais aussi parce qu'elle était portée par un game-design astucieux qui évite -contrairement à beaucoup d'autres jeux du genre- de nous rendre surpuissant dès la moitié du jeu. Même dans les derniers chapitres, on se sent vulnérable et les munitions ne tombent pas du ciel.
Peut-être que ce n'est pas aussi rôdé et aussi lisse que d'autres titres cités dans mon introduction, mais bon sang que ça fait du bien de jouer à un titre qui ose et qui assume son délire jusqu'au bout. J'ai enfin eu l'impression de toucher à quelque chose de nouveau sur cette fichue 8ème génération de la honte, et ça, ça n'a pas de prix.