Le survival-horror, l’un des genres où il est le plus répandu, et même de bon goût, de dire que c’était mieux avant, bon déjà moi je dois vous avouer que je ne me reconnais pas trop dans cette philosophie, même si je la comprends. Si mes premiers survival-horror sont les Resident Evil 32 bits, ce n’est que bien plus tard qu’un jeu du genre me fera vraiment m’y intéresser à savoir Dead Space, j’y trouvais à la fois l’expérience horrifique délectable et le gameplay qui m’allait bien. Du coup, depuis je suis de loin ce genre de jeu et l’arrivée de The Evil Within par l'un des maîtres du genre Mikami (RE1 et RE4) avec un gameplay moderne m’a intrigué et me voilà avec ce reboot du genre qui a clairement divisé, en témoigne la moyenne SC pas géniale.



DIRECTION ARTISTIQUE / AMBIANCE : 9 / 10



Nous sommes bel et bien en présence d’un survival-horror en ce sens où j’ai flippé plus d’une fois avec des vrais moments de stress. Il ne s’agit pas de mettre sans arrêt des jumpscares pour faire sursauter, syndrome typique d’une peur facile et sans intérêt, il y en a bien sûr mais juste ce qu’il faut, mais surtout il s’agit de recourir à des effets plus élaborés et plus efficaces. On a pas mal de scripts qui s’enclenchent sans qu’on ne sache vraiment s’ils sont dangereux ou seulement spectaculaires donc moi j’ai tendance à rester sur mes gardes sans arrêt, j’ai pas l’impression d’être dans un train fantôme où j’attends juste que les scripts s’arrêtent.


Ce que j’adore c’est ces moments où on est piégé dans une petite salle avec un Némisis-like hyper dangereux et coriace, la musique stressante qui ne nous laisse jamais un tout petit temps de répit et on doit trouver un moyen soit de s’échapper en gardant l’ennemi à l’écart, soit de vaincre l’ennemi d’une certaine façon, le stress est immense, grandissant, notre plus grand ennemi c’est bien la panique, et je suis super content de moi quand je garde mon sang-froid, j’analyse et je trouve la solution sans céder à la panique, The Evil Within a pas mal de moments comme ça et ils sont très réussis, je serais même tenté de dire qu’à eux-seuls ils rendent le jeu à faire.


La direction artistique est très soignée pour illustrer un environnement glauque et étouffant en intérieur mais pas plus rassurant que ça à l’extérieur pour autant. On retrouve bien sûr les grands classiques cimetières sous l’orage, catacombes jonchées de squelettes... mais aussi des labyrinthes de pièges à la Saw ou autres décors dont je vous laisse la surprise qui fonctionnent parfaitement avec l’ambiance très sombre et psychédélique du jeu, je rappelle que le titre original c’est psycho break, c’est pas pour rien. Ça se remarque aussi avec un bestiaire parfois dérangeant, on a pas que de simples zombis en face.


C’est franchement l’un des jeux les plus gores auxquels j’ai pu jouer ces dernières années, la violence est explicite et omniprésente, âme sensible s’abstenir. Ça donne son identité au jeu donc je considère que c’est un point fort, ça sera pour d’autres sans doute too much. Un petit mot sur le scénario, qui n’a pas grande importance et dont je n’attendais rien, on est face à une histoire quasi-incompréhensible avec beaucoup de symboliques, peu d’explications et c’est voulu pour renforcer la folie ambiante qui règne, en tout cas c’est comme ça que je l’ai vu et pourquoi pas ?


Les personnages principaux sont réussis, les antagonistes ont un tragique passé qui m’a fait avoir de l’empathie pour eux, surtout pour cette pauvre Laura en ce qui me concerne, le personnage principal qu’on incarne a lui aussi son passé sombre qui m’a pas mal rappelé Max Payne, ça passe bien. Pour la narration c’est un peu plus mitigé, autant les textes sont suffisamment bien écrits pour qu’on s’y intéresse et qu’on y ressente même des émotions, autant les cinématiques ont une mise en scène souvent beaucoup trop sobre pour un jeu de son époque. Ces derniers points ne sont pas franchement géniaux mais anecdotiques en réalité, on m’a vendu The Evil Within comme un étant un excellent survival-horror et dans son ambiance comme dans son esthétisme, il réussit haut la main ce défi. Si seulement c’était aussi le cas pour le gameplay.



GAMEPLAY / REALISATION : 5 / 10



Dans la lignée de Resident Evil 4, Shinji Mikami réitère le survival-horror à la sauce TPS dix ans après son reboot acclamé quasi-unanimement. Le postulat de départ est excellent : nos munitions sont très limitées (aucun moyen d’en farmer ou d’en stocker, on est toujours à la limite de ce maudit Out of Ammo !), les ennemis sont très nombreux et particulièrement résistants quand on s’y prend mal, des pièges sont partout et il faut s’en servir pour les retourner contre eux, seule et unique façon d’être en capacité de nettoyer une zone ou tout simplement de survivre à une vague. Très bien, l’intention est excellente, dans la pratique, c’est autre chose notamment parce que l’IA est complètement à la ramasse, on doit sans arrêt jouer avec elle pour l’emporter et ça donne des situations tellement absurdes que ça donne au final un gros côté aléatoire à notre survie.


Un exemple : il y a 10 ennemis à tuer, je n’ai quasiment plus de munitions mais un pote avec une hache à usage illimité (contrairement à moi ou une hache égale une utilisation unique parce que fuck la logique), je vais amener les ennemis au copain pour qu’il s’en occupe mais des fois la hache passe au travers de la texture de l’ennemi sans rien faire, parfois l’ennemi passe à côté du pote sans même qu’il ne réagisse, parfois il se regarde pendant 3 secondes sans que rien ne se passe et parfois en un coup il en décapite 3... c’est hallucinant. Et c’est pas du tout un accident isolé, je pourrais vous donner plein d’exemples de ce genre avec plein de situations différentes.


C’est quelque chose que je pourrais pardonner à un jeu qui a 10 ans, à un jeu de 2014 avec autant d’ambitions (développeur emblématique, gros éditeur...) ça m’est déjà plus difficile. Et puis il y a un autre problème, c’est la répartition des checkpoints, Resident Evil 4, également conçu par Shinji Mikami, avait un système très permissif qui permettait de reboot la séquence de jeu très rapidement et facilement pour essayer, se planter, refaire mieux en gâchant moins de munitions... ça va totalement avec la philosophie de Psycho Break sauf que là c’est moins bien fait, parce que les checkpoints sont souvent maladroitement placés, une erreur très stupide puisque le même mec avait fait mieux il y a 10 ans, ça m’est un peu incompréhensible pour le coup, si quelqu’un peut me l’expliquer je suis preneur.


Il y a aussi pas mal de soucis techniques mineurs mais qui font tâche, comme les textures qui se chargent pendant les cinématiques, c’est très fréquent, les murs invisibles hyper grossiers... Plus globalement, ça ne fait pas jeu de la 8ème gen, la sortie sur autant de supports (5 en tout) a vraiment plombé la réalisation globale je pense, les versions next-gen sont juste des versions old-gen fluides et un peu moins alliasés mais c’est pas à la hauteur d’un jeu de ce calibre. Ça n’empêche pas la direction artistique d’être efficace comme dit plus tôt par contre le moteur de jeu tel qu’il est foutu contribue au problème de gameplay, genre quand on est accroupi trop près d’un rebord le perso se relève automatiquement sans raison et déclenche une mine du coup, très sympa.


Bon par contre, je suis méchant là mais il y a bien des points positifs pour sauver le tout même sans parler de l’ambiance horrifique, notamment un renouvellement de situations de jeu assez impressionnant comparé à une durée de vie très conséquente pour le genre. À titre personnel, il m’a fallu 16 h 18 m 18 s avec 125 morts en mode survie (normal) sans visée assistée pour voir la fin du jeu à mon premier run (je ne me suis pas encore décidé si j’en ferais un deuxième), pour un survival-horror c’est clairement supérieur à la moyenne, bon y a bien Resident Evil 6 qu’était plus long mais qui dira de ce jeu qu’il est un survival-horror ne serait-ce qu’un petit peu ? Donc le gameplay n’est pas très bien foutu, en revanche il n’est pas du tout répétitif alors que le maniement n’évolue quasiment pas et il y a plusieurs passages très réussis.



CONCLUSION : 7 / 10



The Evil Within fut pour moi une expérience horrifique complète et réussie qui me donne envie de le recommander aux amateurs du genre où ceux qui voudraient s’y mettre, mais c’est clairement pas la tuerie que j’espérais (peut-être trop), la faute à une réalisation pas top mais surtout à un gameplay avec trop de défauts pour moi, la générosité du contenu et l’envie de varier les situations de jeu aident à faire passer la pilule pour que j’attribue au final la bonne note de 7 mais avec une petite pointe de déception parce que vu la qualité de l’ambiance du titre, si le gameplay avait suivi ça aurait été un gros coup de cœur à n’en pas douter.

damon8671
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le 17 nov. 2016

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