Depuis toujours , jeu vidéo et cinéma entretiennent une relation privilégiée , voire intime. Il n’est pas rare de voir actuellement bon nombre de jeux donner naissance à des (piètres , mais la n’est pas la question) adaptations filmiques , tout comme de remarquer que de tout temps , le jeu vidéo s’est inspiré du cinéma , et particulièrement de sa mise en scène , en vue de « scotcher » le joueur à son siège et lui suggérer qu’il est en plein film interactif…
C’est précisément le cas de ce premier opus de THE GETAWAY. Sorti à la fin de l’année 2002 sur Playstation 2 , ce GTA-like s’était démarqué par son scénario d’assez bonne qualité : vous incarnez John Hammond , un homme au passé trouble , fraîchement sorti de prison. Il s’apprête à retrouver sa femme et son enfant , lorsque qu’une bande de gangsters fait son apparition. Quelques secondes plus tard , tout dérape et une balle se loge dans la poitrine de la femme de John , et les ravisseurs en profitent pour enlever l’enfant. Notre héros n’a alors qu’une seule idée en tête : les rattraper et les faire payer.
Malheureusement , tout n’est pas si simple : même si John finit par retrouver les truands , il ne fait pas le poids face à eux ; c’est prisonnier , les mains nouées derrière une chaise de bureau poussiéreuse qu’il rencontre le cerveau de cette opération , qui n’y va pas par quatre chemins : « On va jouer à un petit jeu : je t’appelle , tu fais le boulot. Si tu craches le morceau , si tu es en retard , si tu me laisses tomber…ton fils crève. »
Ce pitch , même s’il n’a rien de très original , a pour but de planter le décor : nous sommes en plein thriller , et ses enjeux , lourds de conséquences , laissent présager le pire. Même si l’ambiance noirissime d’un MAX PAYNE n’est pas restituée , c’est tout de même avec une pression monumentale que commence le jeu.
Hélas , ce scénario , certes très correct , est bien la seule qualité que l’on peut trouver à ce THE GETAWAY. Fidèle à son coté « thriller » , le jeu joue la carte du réalisme. Pourquoi pas ? Sauf que le résultat n’est guère probant : il n’y a aucune interface , absolument aucun indicateur à l’écran. Ce parti pris artistique serait passé comme une lettre à la poste s’il n’avait pas la fâcheuse tendance à handicaper le joueur : en effet les phases de conduite sont extrêmement poussives , fades , plates , exténuantes , l’absence totale d’indication (à part un clignotant , lancé automatiquement) accentuant cette sensation de lenteur , d’autant plus qu’il nous est impossible de nous référer à une quelconque mini-map durant le jeu. Pas de carte dans un GTA-like , oui oui , vous m’avez bien lu… Les phases d’action quand à elles , représentent le « ponpon » de tout ce qui peut agacer un joueur , tant la maniabilité s’acharne à être LE POINT NOIR du jeu ! Jugez plutôt : un stick analogique gauche pour se déplacer (normal…) , un stick analogique droit…inutile , qui ne déplace pas la caméra. Oui , oui messieurs , c’est donc totalement à l’aveuglette que l’on progresse dans les niveaux. S’ajoutent à cela des commandes mal pensées , handicapantes , pataudes , qui iront vite fait de vous faire mordre la poussière (le jeu n’étant pas particulièrement facile). Ajoutons à cela un système de couverture complètement à la ramasse , extrêmement facétieux , qui ne sera , lui non plus , pas votre allié pour évoluer dans ce jeu.
Pour résumer , si ce THE GETAWAY possédait quand même quelques qualités bien senties ( un scénario classique mais travaillé , des graphismes honnêtes pour l’époque , un doublage français ainsi qu’une écriture/narration impeccables) , c’est quand même une intense sensation de frustration qui s’emparera de nous , tant ce jeu aurait pu être d’un tout autre niveau si l’essentiel n’avait pas été tronqué au profit d’une volonté de paraitre le plus réaliste possible : un bon scénario n’empêche pas un bon gameplay , et force est de constater que la team Soho à eu tendance à l’oublier , en pensant (surement trop ?) son jeu comme un film.