(enfile son costume de Julien Lepers) "Mains sur le buzzer… Qui suis-je ?"
"Top ! Je suis un jeu vidéo de plateforme en deux dimensions sorti au cours des années 80. Mon protagoniste peut obtenir certains pouvoirs en récoltant des bonus, comme lancer des projectiles ou détruire les murs de briques par le bas. Il récolte les richesses parsemées sur son chemin qui lui offrent une vie supplémentaire dès qu’il en obtient 100 unités. Son périple est constitué de 32 niveaux, avec visites châtelaines tous les niveaux bissextiles. Enfin, il partage une certaine gémellité avec un autre personnage, que contrôle un éventuel deuxième joueur. Je suis, je suis…?"
Perdu ! C’était The Great Giana Sisters ! Il faut avouer qu’il y avait de quoi se tromper, tellement il est évident que ce jeu est un plagiat éhonté du fameux soft de 1985 qui a révolutionné le genre. Et le pire, c’est que le développeur ne s’en cache pas, balançant même ce qu’on appellerait aujourd’hui un bon gros troll des familles au dos de la jaquette du jeu, avec un "Brothers are History" bien senti ! Le titre-même du jeu est d’une symétrie parfaite : Great/Super Giana/Mario Sisters/Bros… Pour autant, copie ou non, doit-on forcément le condamner ? Que vaut-il en tant que jeu à part entière ?
Déjà, The Great Giana Sisters est un pur jeu micro, et ça se ressent beaucoup dans le gameplay : pour sauter par exemple, on appuie sur Haut + direction souhaitée, et bordel ce que c’est pas du tout naturel pour un pur joueur console tel que moi. De plus, on n’a pas de bouton assigné à la course, mais c’est compensé par la longueur/hauteur des sauts de Giana. Par contre, la recette est un peu plus étoffée côté pouvoirs, puisqu’en plus de ceux que possédaient déjà Mario, Giana peut ramasser des items comme la fraise, qui offre des projectiles téléguidés bien pratiques, la goutte d’eau, qui rend insensible aux flammes, ou encore le réveil, qui immobilise les ennemis présents à l’écran (comme dans…Super Mario Bros. 2 "USA", sorti un an plus tard…).
En revanche, fini les warp rooms, les lierres, ou même les plantes carnivores (remplacées ici par des jets de flammes). Les zones secrètes ne sont pas dans des tuyaux (qui ici ne servent que de déco) mais dans des trous, ceux contenant un marqueur à peine visible au bas de l’écran. On remarque également que les niveaux sont souvent diablement courts (en moyenne un tiers plus court que ceux de SMB), et que beaucoup de passages peuvent se révéler délicats du fait de la profusion de plateformes friables…
D’un point de vue technique, c’est très propre, en tout cas dans la lignée (voir plus) du peu que je connais de la bécane (en gros, Turrican et la trilogie Last Ninja). Le bestiaire manque un peu de personnalité, et les décors peinent à se renouveler (encore pire que SMB), mais le tout est assez détaillé et le level design est plutôt bien foutu (notamment un très réussi pénultième niveau). Côté son, c’est très bon, et c’est d’ailleurs dommage qu’il n’y ait que quatre musiques (intro, fin, niveau classique, château).
Plagiat ou pas, The Great Giana Sisters est un bon jeu. Plutôt rigide, surtout pour qui n’a pas l’habitude de jouer au clavier (j’ai d’ailleurs fini le soft au pad, l’ayant joué sur un émulateur, comme toutes mes expériences micro soit dit en passant) et un bon cran en dessous de l’original, mais il n’a pas non plus à rougir. Un jeu qui, comme son modèle, permet de s’y essayer à deux, lui aussi en alternance, le second joueur contrôlant alors la sœur jumelle de Giana, prénommée…Maria ! La boucle est bouclée ! Perso, avant de le savoir, j’aurais plutôt misé une piécette sur Diana…