Deux théâtres, deux temporalités, deux récits mais une héroïne, une allégorie, une Master-class...

C'est en ce début de mois de juillet 2022, durant une bonne semaine de vacances bien mérité, parfait pour ralumer sa poussièreuse PS5, en pleine semaine de  période creuse ludique, idéale pour conclure des sagas entamées, quelques jours après l'annonce du remake de Part 1, propice à nourrir mon envie de retrouver mon Ellie...malgré le fait d'avoir terminé Part 1 et 2...mais voilà...une lumière, une idée, un truc que j'avais oublié...ce fameux DLC, déjà intégré au remaster sortie sur PS4...donc déjà en ma possession...et qui me promettait de pouvoir retrouver ma chère et tendre, durant une période de sa vie non-explorée, durant une courte et éphémère session, durant une intense et douce séquence...une dualité comme entre 2 partie...

Une dualité artistique tout d'abord, qui après une courte cinématique, permettant de poser son contexte, de nous rafraîchir la mémoire, de nous remettre en phase avec notre principale incarnation...nous plongeant immédiatement dans un premier environnement, une première temporalité, une première atmosphère...un Mall américain dévasté, dans le Colorado, durant un interminable hiver, austere, froid, dénaturé, vidé de toute vie, joie, âme théâtre malgré lui d'un arrêt forcé, d'une pause salvatrice, usufruit de notre éreintant parcours au sein de Part 1, laissant le joueur dans un sentiment de déjà vue, dans une ambiance morose qu'il connaît, dans des sensations d'antan...et puis après quelques minutes...fondue au noir...nous voilà ailleurs, dans un passé méconnu, une atmosphère jamais exploré, un autre Mall américain mais là à Boston, durant une longue nuit de fugue, bien avant l'infection massive, bien plus vivant, bien plus végétale, bien plus chaleureux, bien plus coloré...théâtre volontaire et desiré, lieu de toute les fantasmes, autel encore attractif, se rapprochant de l'ambiance de Part 2, de son atmosphère plus végétale, plus récréatif...laissant le joueur fasciné, subjugué, aimant de celui-ci...en totale dichotomie avec le premier, en constante opposition vis-à-vis de celui-ci, laissant place à un sentiment unique, jamais ressenti dans la saga, étrange manette en main, une sensation renforcé par l'enchaînement entre ces deux facettes, ces graphismes superbes et toujours d'actualité, ces sublimes jeux de lumières, cette musicalité mixant élégamment mélancolisme, tristesse, joie et vitalité, ces plans de caméras digne du 7ème art, cette épuration visuelle, cette emphase mise sur l'immersion...une dualité suprenante, ambiguë, extraordinaire...qui a un instant donnée ne fera qu'un et auquel on devra apprendre à laisser derrière soi...

Une dualité ludique ensuite, qui au sein de ces deux lieux, ces deux espaces, ces deux chronologies, ces deux temporalités...qui durant les premières minutes, le premier tableau, ce premier Mall...se rapproche de l'identité de Part 1, un TPS de survie, infiltration à l'arrache, un jeu de craft, une exploration minutieuse, une accumulation de ressources, une gestion de son inventaire permanente, une stratégie réfléchi lors des affrontements...nécessaire, obligatoire au vue de notre éreintant parcours, de nos fortuites rencontres, de la fragilité de nos incarnants...laissant le joueur dans une zone de confort, dans une sensation qu'il maîtrise, dans un sentiment qu'il à déjà vécu...et puis une fondue au noir...le voici ailleurs, dans un autre registre, dans une relecture de ces acquis, dans une refonte de ces fondamentaux, dans un autre Mall, dans un autre jeu...se rapprochant davantage de Part 2, laissant davantage place à de petites interactions usuelles, de petits plaisirs du quotidien, de petites mécaniques oxygénantes, d'exploration plus lente et douce, de contemplation légère, de choix narratifs, de flexibilité...en totale dichotomie avec nos premiers instants de jeu, en constante opposition avec eux, laissant place à des émotions uniques, des sensations manette en main jamais ressenti, sentiment renforcé durant nos heures de jeux par cette réutilisation intelligente de son gameplay, de son level-design, de sa maniabilité, de ses boucles et de son affordance permettant une emphase sur l'immersion...une dualité ludique étrange, ambiguë, audacieuse qui à un instant donné ne fera qu'un et auquel on devra apprendre à laisser derrière soi...

Une dualité narrative pour conclure, qui dans ces deux théâtres, ces deux environnements, ces deux chronologies, ces temporalités, ces deux facettes d'un seul et même personnage...qui dès les premières minutes, les premières brides scenaristiques, les premiers enjeux nous place dans un incantation, une adolescente sûre d'elle, déterminée a agir, actrice de ces choix, aguerrie au vue des événements, responsable d'un autre fragilisé, devant assumer ses responsabilités, reprenant le rôle d'anti-héro, affirmé à tout faire pour réussir...laissant le joueur dans des sensations, des émotions se rapprochant de Part 2...et qui dès cette première fondue au noir...se voit bousculé, pris à partie, limite victime d'une bascule, d'un changement forcé...le plaçant tout d'un coup dans une incarnante inoffensive, naïve, fragile, perdue, égarée, une enfant devant suivre une autre, devant accepter de n'être qu'une seconde, devant accepter d'être protégé, devant se laisser prendre par la main...nous laissant davantage dans le rôle d'une spectatrice, se rapprochant de son statut durant Part 1...sentiment étrange et bi-polaire...permettant un approfondissement de cette métaphore de l'être aimé, du protecteur, de la victime, des relations, des liens, de la famille, de l'amitié et bien sur du couple...et renforcé durant notre parcours par les différents objets égrenés ça et là, les différents échanges verbaux usuels, les brefs tranches de vies, les réflexions intérieures de notre héroïne, les différentes interactions simples avec les PNJ ou les opposants, les boucles de gameplay établis sur cette coopération et des phases en solitaire, entre calme et tension, horreur et joie, lumière et obscurité, magie et cauchemard...une dualité narrative étrange, ambiguë, forte qui à un instant donné ne fera plus qu'un et auquel on devra apprendre à laisser derrière soi...

C'est après ce fameux instant clé, une dernière cinématique, un générique de fin, un écran titre, une musique douce, trois heures de jeux, le soleil couché, la fameuse clope de fin de game, un gamepad encore allumé, les mains moites, les yeux remplis de larmes, le cœur serré...que j'écris à chaud cette lettre d'amour, cette analyse émotionnelle...repu de mon après-midi gaming, touché par cette préquelle, frustré de sa courte durée de vie, subjugué par cette relecture du gameplay propre à cette saga, touché par sa démarche artistique et narrative, impressionné par cette cohérence ludo-narrative, heureux d'avoir exploré cette vision d'Ellie, enthousiasmé par cette redéfinition du mot DLC, surpri par la diversité de celui-ci, enivré par le taff de Naughty Dogs a travers ces trois chapitres, déçu de les voir entêté à vouloir ressortir un remake non nécessaire au vue de la qualité graphique de ce remaster, pressé de les retrouver sur d'autres projets, interloqué par ce rapport temps de jeux/prix et émotion/sensation vidéo-ludique, lassé vis-à-vis de ces devs n'ayant jamais atteint un tel niveau de qualité de réinterprètation d'une licence sans la dénaturée, critique de cette industrie n'osant jamais de telle proposition, espérant que d'autres seront s'en servir mais surtout fier d'avoir su conclure mon histoire avec cette jeune fille...et devant apprendre à la laisser derrière moi...malgré tout mon amour pour elle...........bien plus qu'une simple cerise sur le gâteau..."Left Behind" est un chef-d'œuvre incontournable, intemporelle et obligatoire...et The Last Of Us ne doit se vivre qu'à travers ces trois volets...et on les trouve aujourd'hui à moins de vingts balles...donc pas d'excuses...

AlMomoSan87

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