L'invocation d'un sentiment simple et positif
The Last Story. Le titre qui sonne comme un écho à un autre représentant légendaire de la lignée des RPG, Final Fantasy. Et de l'écho, vous allez en avoir dans cette aventure, tant The Last Story en vient à convoquer, tout au long du jeu, les codes que les anciens du J-RPG connaissent aujourd'hui sur le bout des doigts.
Mais en fait, derrière ce texte se cachent en fait 2 critiques de The Last Story, tant le jeu navigue entre les notions d'héritage (au sens positif du terme) et d'archaïsme ...
Commençons par la critique négative du jeu.
Quand vous allez lancer The Last Story, attendez vous à avoir un peu mal aux yeux pour commencer. L'introduction de l'aventure (et une grande partie du tutorial) va se dérouler dans une grotte peu reluisante qui va vous projeter dans la gueule de monstres tout aussi peu avenants. Et c'est donc dès les premières minutes de jeu qu'on se rend compte que, techniquement, The Last Story est complètement à la ramasse. Ca pixelise, l'aliasing fait pleurer, les textures (et pourtant je n'en parle jamais des textures) sont d'une tristesse remarquable. Bref, vous allez prendre quelques années de technologie dans la figure.
Même si je ne suis pas à cheval sur le volet technique des jeux, il faut admettre que les lacunes de The Last Story ne peuvent quand même pas être passées sous silence, et ce pour 3 raisons :
- la première, toute personnelle, c'est que j'ai enchaîné The Last Story avec The Last of Us, et que franchement, comme grand écart, il y a pas pire
- la seconde, plus objective, c'est que le fait d'être sur un jeu Wii n'explique pas tout, et Xenoblade Chronicles avait montré que l'on pouvait encore nous sortir un jeu techniquement potable qui ne soit pas HD
- la troisième, la plus embêtante, est que les manquements techniques du jeu nuisent parfois à l'expérience en elle-même. Il s'agit très occasionnellement de lieu à explorer qui deviennent difficiles à appréhender en raison des textures et des ralentissements, mais les passages les plus difficiles concernent les combats qui, en raison de violentes chutes de frame-rate, deviennent par moment injouables. Et ça c'est plus grave.
Au demeurant, pour rester dans l'appréhension négative, The Last Story est un RPG comme on en fait plus, et peut-être pour certaines raisons. Il est vrai que certains d'entre vous pourront être rebuté par le classicisme du déroulement de cette histoire déjà entendue - pour partie - maintes et maintes fois. Le héros orphelin, devenu mercenaire, qui veut devenir chevalier pour faire le bien, et qui va tomber amoureux de la princesse promise à un vil et hautain noble. Et oui, cette histoire, vous vous dites que vous l'avez entendu au moins 50 fois et qu'on va vous la resservir réchauffée ...
Mais, au moins, on ne vous la resservira pas pendant longtemps. Car la durée de vie du jeu, pour un RPG en tout cas, reste relativement mince avec une vingtaine d'heures de jeu. Vous admettrez qu'en comparaison avec la durée de vie d'un Final Fantasy, on est un peu loin du compte. D'autant plus que TLS vous mettra finalement assez peu de quêtes annexes sous la main, et que celles-ci sont d'un intérêt plutôt limité (mais ça aussi c'est classique en matière de RPG).
Et je mentionnerai également ici l'aspect assez incroyable de la fin du jeu, pas vraiment surprenante dans son contenu, mais particulièrement bizarre dans son déroulée qui nous mettra face à un épilogue d'une longueur surprenante et d'un intérêt limité, venant contre-balancer toute la tension créée sur la dernière heure de jeu !
The Last Story, jeu du passé sur une console à bout de souffle ? Simple représentant d'une lignée technologique en voie d'extinction ? Mais non, rassurez-vous, il faut aussi voir au-delà : il y a plus !
Car TLS, vu d'une optique plus positive, c'est encore une fois l'histoire des vieux pots et de la soupe. Sans atteindre le degrés de maîtrise, allié à une part d'éléments innovants, d'un Xenoblade Chronicles, The Last Story démontre encore une fois que les recettes du passé, sans parvenir à nous surprendre, sont encore bien agréables à goûter. Car malgré l'extrème classicisme du jeu, on se prend à voir se dérouler l'aventure, à s'attacher aux personnages, et à tout faire pour sauver l'Ile de Lazulis.
Contrairement à ce qui a été dit dans de nombreuses critiques que j'ai lu, je ne trouve pas que le rythme du jeu en soit l'atout principal. Certes, il y a peu de temps morts, mais c'est en fait parce qu'il y a dans ce jeu très très peu d'exploration. Sans vouloir en remettre une couche avec mon éternel discours sur FF13 (je vous invite à lire la critique pour me ré-entendre radoter), TLS est également un jeu pas mal atteint du syndrome du couloir. L'histoire se déroule, avec une certaine fluidité, mais avec pour seuls moments de liberté les passages dans la Cité, certes sympathiques et amusants (il faut d'ailleurs remarquer un certain travail sur la patte esthétique et architecturale) mais qui ne sont finalement que des pauses au sein de l'histoire principale, sans attraits majeurs.
Ce qui touche plutôt dans ce jeu, c'est - au-delà de leur naïveté - une certaine justesse dans les personnages et dans leurs rapports. Le scénario et l'évolution des relations entre personnages sont bien entendu convenus, mais finalement très naturels. La construction des personnages jouent beaucoup, et malgré leur côté "Bande de potes Benethon", on s'y attache. Le duo Lowell (le séducteur un peu bovin mais attachant) et Syrenne (la séduisante et attirante ... pochetrone) est à ce titre particulièrement réussi et très représentatif de cette réussite.
De même, certaines situations, pourtant déjà vues, 30 fois, fonctionnent bien grâce à une mise en scène pas forcément toujours percutante, mais en tout cas juste et bien calibrée par rapport au message qu'on veut nous délivrer (je pense notamment à l'observation de la pluie de météorites au début du jeu entre nos deux principaux héros). L'OST du jeu (Uematsu aux commandes !) ne restera peut-être pas dans les annales, mais sonne elle aussi très juste. Le thème principal du jeu reste plutôt réussi et entêtant ; ses variations en fin de jeu intéressantes.
Le positif, le négatif, TLS apparaît donc comme un jeu dual, un peu manichéen, finalement très en phase avec son propre scénario et sa propre histoire faisant fi de nombreuses subtilités qui nous sont devenues quotidiennes dans les productions récentes. Mais qui l'emporte ? Le Plus, le Moins, le Bien, le Mal ???
Pour un jeu aussi classique que The Last Story, ça ne pouvait être que le Bien qui devait l'emporter, et je considère mon expérience sur ce jeu plutôt réussie bien que très imparfaite et super criticable sur certains points. En fait, je trouve que le jeu provoque chez nous une certaine bienveillance : par sa naïveté, touchante, par ses faiblesses - notamment techniques - qui font qu'on a envie de le défendre face aux productions AAA ultra-next-gen, TLS provoque chez nous ce sentiment de vouloir devenir chevalier pour protéger le plus faible ... des jeux.
La boucle est bouclée. Invoquant les schéma simplistes de notre enfance, et finalement les schémas des J-RPG d'antan, The Last Story fait de nous Zael, le héros du jeu, en quête de Bien. Rien que pour ce moment de positivisme, il faut laisser sa chance à ce titre.