Après un premier opus riche en contenu mais au rythme particulièrement lent, Trails of Cold Steel revient un an plus tard pour résoudre tous les enjeux mis en place dans le premier volet. Une suite bien nécessaire étant donné le renversement total amené à la fin du jeu précédent. Trails of Cold Steel II n’a alors pas juste pour rôle d’être un bon RPG face à ses concurrents, mais aussi de conclure tout ce qui a été apporté au bout des 80 heures de jeu de son prédécesseur.
Avant de continuer plus loin, il est important de noter que Trails of Cold Steel II fait office de suite directe au premier opus, et que la quasi-totalité des enjeux narratifs du jeu découlent des retournements de situations de son prédécesseur. Une section répertoriant les différents événements est disponible, mais risque clairement de ne pas suffire pour profiter pleinement du jeu, d’autant plus qu’il exploite vos données sauvegardées de l’opus précédent. La suite de ce test abordera des événements-clés du premier épisode.



L’odysée de Rean



Les différents jeux de la série The Legend of Heroes s’inscrivent dans le même univers de fantasy contemporaine, et chaque série relate l’histoire d’un des pays du continent principal. Trails of Cold Steel premier du nom se concentrait sur le pays d’Erebonia, un pays à la politique régie par l’opposition entre les castes sociales des nobles et des gens du peuple.


SPOILER DU PREMIER JEU


:
L’histoire tournait autour de Rean, jeune étudiant en académie militaire, et ses péripéties au sein de la classe VII, une toute nouvelle structure éducative sans ségrégation liée à l’échelle sociale à l’inverse du reste de l’établissement en question. Trails of Cold Steel s’achevait alors que Rean se retrouvait forcé de fuir ses camarades à un destin funeste suite à la trahison d’un ami proche. Le tout alors que le système politique qui maintenait tout le continent était en train de s’écrouler sous leurs yeux, suite à un coup d’état de la caste sociale de la noblesse.


Le second opus commence un mois après le coup d’état dans un pays déchiré par le conflit des deux principales factions politiques. Rean, évanoui durant ce temps et isolé du monde, se met alors en but de retrouver les autres étudiants de la classe VII, persuadés qu’ils sont encore en vie. L’un des grands avantages de cette suite est de pouvoir hériter du build-up massif du monde effectué dans le premier opus pour expliquer simplement les enjeux mis en place au cours du jeu. Le jeu démarre avec des enjeux narratifs très forts et beaucoup de promesses qui tiennent en haleine sur la grande majorité de l’histoire.


On retrouve cependant certaines des caractéristiques qui ralentissaient fortement le rythme du premier opus. Une fois l’introduction passée, on fait face à une structure narrative répétée tout au long du premier acte. Si chacune des retrouvailles avec ses compagnons reste un moment fort, toujours est-il qu’on ressent une certaine redondance à suivre le même schéma sur les 20 premières heures. Le jeu reste cependant mieux rythmé que son prédécesseur, avec un interlude très riche en intensité et rebondissements. Si le second acte dispose aussi de son lot de répétitions, il est narrativement plus varié et introduit une mécanique majeure pour le reste du jeu. La classe VII se retrouve alors à la tête du Courageous, navire volant introduit brièvement dans le premier opus. Cette nouvelle base d’opérations vous donne alors la capacité de recruter les différents membres de votre académie d’origine désormais éparpillés à travers le pays, par le biais de quêtes secondaires. Chacun pourra alors offrir une fonction supplémentaire une fois à bord, comme des boutiques spécialisées ou des salles d’entraînement spécifiques. La dynamique autour du recrutement offre une progression parallèle intéressante sur le plan narratif puisqu’il permet de renouer avec un cast déjà établi et sur le plan ludique pour toutes les possibilités qu’il offre.


La force du jeu réside cependant dans ses multiples chapitres de conclusion, d’une intensité difficilement égalée et remettant en cause beaucoup des systèmes politiques en place. La quantité de bouleversements dans le dénouement sont d’un impact tel qu’ils font jusqu’à reconsidérer des événements du jeu précédent. Le tout avec ensuite des moments d’audaces ludo-narratives que je ne puis développer ici sans en ruiner l’intérêt.



Un plasir pour les oreilles, moins pour les yeux



Le scénario de Trails of Cold Steel II ne tiendrait cependant pas debout sans le travail colossal de la localisation du jeu par xSeed. On a affaire ici à une traduction de qualité et un doublage tout particulièrement réussi. Si l’absence des voix originales est regrettable, la version offerte ici offre des performances admirables à la fois par des grands noms du secteur comme Ashly Burch (Chloe dans Life is Stange) et Rena Strober (Azura dans Fire Emblem Fates) ainsi que des doubleurs moins connus mais talentueux. Sean Chiplock qui joue le protagoniste offre notamment une performance remarquable qui participe vraiment à instaurer de l’émotion dans son rôle. Sur le plan technique, le jeu réemploie les mêmes environnements et modèles de l’opus précédent, le tout venant cependant avec des améliorations marginales sur les animations.


Les villes disposent de styles d’un niveau de détail suffisant pour pallier aux faiblesses visuelles.
Cependant, les environnements extérieurs sont grossiers en comparaison, notamment dans les zones plus larges. La version Vita souffre aussi de ralentissements dans les cinématiques les plus chargées qui tendent à nuire à l’intensité des moments les plus importants.


Le jeu compense cependant ses lacunes techniques par sa direction artistique. Le jeu des couleurs rend les personnages immédiatement identifiables. Les nouveaux accoutrements des protagonistes sont mémorables par leur diversité et leur capacité à s’inscrire dans la continuité de la personnalité des personnages. Le travail artistique se retrouve aussi dans les apparences distinctes de chacune des villes. De la petite ville campagnarde avec marché ouvert à la métropole technologique qui ne jure que par l’innovation, Erebonia offre un panel riche et large d’environnements. Une grande partie d’entre eux restent cependant réutilisés du jeu précédent avec quelques additions mineures.


Falcom dispose d’une bonne réputation concernant les bandes-son de ses différents jeux, et était l’un des premiers à faire appel à des professionnels du domaine musical. Cette image n’est ici pas remise en question, avec une bande-son au moins tout aussi mémorable que son prédécesseur. Qu’elles soient calmes et intenses, les musiques sont aussi variées que bien placées. On regrettera peut-être une diversité moindre des thèmes des zones en extérieur et l’absence de ”The Land of Blue Skies” de la liste des musiques réutilisées. Perte compensée par des nouvelles pistes aux styles variant de thèmes très électroniques aux chants d‘opéra.



Un nuage de Social Links dans votre tasse de JRPG ?



Trails of Cold Steel II réutilise la plupart des grands codes du RPG : vous gérez donc l’équipement de vos personnages et leurs capacités de combat sont définies par leurs statistiques (attaque, vitesse, etc.). Les combats classiques reposent sur les mêmes mécaniques que l’opus précédent, du tour par tour traditionnel avec gestion du mouvement sur un terrain de taille limité. Vous disposez de 4 personnages sur le terrain, avec la possibilité d’alterner avec vos personnages de réserve au début du tour de chacun. Chaque personnage dispose de son propre lot de compétences, dont l’usage est limité à une barre qui se recharge à chaque coup donné et reçu. Le positionnement de vos personnages reste un facteur primordial pour la victoire. Regrouper vos troupes est à la fois tentant pour renforcer toutes vos troupes en un coup, et risqué à cause des attaques de zone adverses . Les magies quant à elles sont régies par votre équipement, à la façon des matérias de Final Fantasy 7. Vous disposez de multiples pierres, les quartz, représentant des sorts ou bonus passifs que vous pouvez équiper à chaque personnage. Chaque personnage peut aussi équiper une unique quartz maîtresse, offrant à la fois sorts, gains en statistiques et bonus passifs très importants pouvant changer radicalement la façon de jouer d’un personnage. On retrouve le système de liens sociaux qui permet de profiter d’attaques en duo dans les combats.
Ceux-ci sont renforcés à travers des événements de l’histoire et des interactions avec les membres de son équipe entre chaque moment clé. Plus deux personnages sont proches, plus ils profiteront de bonus une fois ensemble en combat : certains soigneront par eux-mêmes leurs alliés s’ils sont blessés, d’autres couvriront leurs alliés et prendront les dégâts à leurs places, et ainsi de suite. Cet opus introduit aussi la mécanique d’Overdrive : deux unités combattant ensemble peuvent le déclencher. Cette mécanique offre un bonus de vie, magie et points de compétence, trois tours immédiats répartis parmi les deux unités concernés et la capacité de provoquer à coup sûr des attaques en équipe. Très puissants, ils peuvent renverser les moments de difficulté et offre une bonne marge de manœuvre. Cependant, ils prennent du temps à recharger et vous ne pouvez en conserver que deux à la fois, ce qui leur donne plus un statut de derniers recours.


Les boss de cet opus s’avèrent bien plus ardus qu’auparavant. Notamment à cause du fait qu’ils disposent presque tous de compétences pouvant réduire de ¾ la vie de vos troupes voir les oblitérer en un coup selon la difficulté. Ils restent cependant facile à anticiper et ne se déclenchent que si eux-mêmes se retrouvent dos au mur. À noter qu’en comparaison de l’opus précédent, les altérations d’état et les compétences permettant de retarder les tours ennemis sont devenues bien moins efficaces, la faute à des boss aux résistances innées bien plus élevées. Si certaines stratégies presque abusives restent disponibles, elles sont beaucoup moins nombreuses. La difficulté accrue de cet opus est nuancé par la présence de personnages aux compétences très puissantes pour les événements des premiers chapitres, afin d’introduire sans à-coups le challenge plus prononcé.


La plus grande addition au niveau des combats reste les combats de méchas. Certaines batailles font intervenir le mécha obtenu à la fin du dernier opus à ceux de vos adversaires, généralement en un-contre-un. Votre adversaire est composé de plusieurs parties (armes, bras, corps), de fragilité différente. En exploitant les faiblesses de votre adversaire, vous pouvez alors profiter de coups supplémentaires voir de frappes particulièrement puissantes pouvant oblitérer une part conséquente de la barre de vie ennemie. Cependant, votre adversaire changera souvent de pose lors du combat, vous demandant à la fois de réétudier ses faiblesses et de vous préparer à leurs frappes les puissantes. Vos alliés, s’ils ne participent pas directement, se révèlent néanmoins indispensables en tant que support et peuvent soigner ou apporter des bonus. La clé de voute de ces confrontations réside alors dans la gestion de la magie de votre machine, nécessaire pour activer les supports. Des compétences permettant d’ignorer et contre-attaquer les assauts adverses ou faciliter leur déstabilisation sont aussi disponibles, mais plus situationnelles.


Trails of Cold Steel II hérite aussi du système de cuisine et de pêche déjà en place. Ces distractions peuvent s’effectuer en parallèle de la quête principale et permettent l’obtention d’objets de soins voir de l’équipement rare pour les plus dévoués. Il est cependant dommage de repartir de zéro malgré notre progression dans le premier opus, surtout que le jeu n’apporte pas de nouveautés à ces deux concepts.


Trails of Cold Steel II remporte haut la main son statut de digne héritier de Trails of Cold Steel, quasiment indispensable pour pouvoir profiter pleinement de la série. Ce second chapitre introduit une dose conséquente de nouveaux personnages à jouer et son lot de surprises grandiloquentes. Son système de combat riche et permissif ne laisse rien à broncher face aux ténors du genre. Il utilise efficacement les mécaniques introduites par les classiques tout en y apportant son propre charme et lot de nouveautés.


Les différents personnages sont plus attachants encore qu’ils ne pouvaient l’être avec ces conflits qui les précipitent dans l’âge adulte après le passage à l’adolescence du premier titre, le tout dans un univers développé sur deux titres, riche et cohésif. Le titre apporte cependant son lot de zones d’ombre, tant pour un troisième opus de la sous-série (actuellement en cours de production) que pour l’ensemble des jeux The Legend of Heroes, avec des enjeux qui prennent des ampleurs internationales. Toujours est-il que Rean a encore de quoi offrir suffisamment de péripéties pour justifier une suite digne de ce nom.


Il est rare de voir des séries aussi ambitieuses sur le plan scénaristique, mais The Legend of Heroes réussit le pari avec une vision d’ensemble d’une solidité prouvée sur plus de 3 sous-séries, et cet opus ne déroge pas à la règle. Toujours est-il que le rythme relativement lent des différents jeux tend à alourdir le récit, et les lacunes techniques peuvent instaurer quelques doutes pour la continuation, mais cela n’empêche pas cet opus de se placer en tant que référence du JPRG plus traditionnel.

Souv
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le 24 janv. 2017

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Souv

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