La vengeance de la sauvegarde écrasée

Jouer à Kyrandia en 2020, c'est, sinon du masochisme, au moins de l'archéologie.
Il faut retrouver le goût des jeux punitifs, où un clic de travers vous emmène sur un game over. Où la curiosité n'est pas récompensée. Où il faut tâtonner, encore et encore, dessiner une carte, perséverer, pour se rendre compte vers la fin du jeu qu'il faut reprendre une sauvegarde bien en arrière car on n'a pas emporté le bon objet. Encore faut-il en avoir gardé une...
Si la première partie du jeu se laisse encore apprivoiser, la seconde monte la difficulté au cran folie pure, sans même prévenir. Et démerde toi tout seul.
Bref, Kyrandia, même à l'époque où on ponçait chaque jeu possédé, a de quoi décourager même les plus aventureux et peu ont vu les crédits (hormis les chanceux qui ont pu mettre la main sur une "soluce").

Pourtant, ce jeu est une petite perle à (re)découvrir.
Sous un vernis médieval-fantastique des plus banals, le jeu parvient à instaurer une ambiance, musicale et graphique qui aura marqué une génération. Rien que la scène d'intro est magique et ne ferait pas tâche dans un jeu indie moderne. Les personnages, bien que survolés, sont attachants (hormis le héros, lisse à souhait). Les voix issues de la version CD sont également de très bonne qualité et ajoutent à l'ambiance.
Le gameplay aussi est un petit bijou de simplicité, du pur "point" and "click", à une époque où il fallait se battre avec tout un inventaire d'actions à activer dans les jeux du même genre. Et ils ont eu le bon goût d'ajouter une option marche rapide au personnage, ce qui évitera de s'endormir pendant les inévitables allers-retours.

Kyrandia aura laissé de nombreux souvenirs aux gamins rêveurs qu'on étaient. La mémoire étant bien faite, on aura oublié les heures à bloquer sur des énigmes insolubles et l'effroi ressenti lorsqu'on a réalisé qu'on s'était bloqué pour de bon...

À réserver aux aventuriers qui n'ont pas peur de lorgner sur leur soluce.