C'est sans grand enthousiasme que je me suis lancé dans A Link Between Worlds. J'avais adoré A Link to the Past (édition GBA), et je craignais que Nintendo, avec sa conne idée de profiter de l'aura d'un de leurs anciens succès, ne se couvre de ridicule en dénaturant complétement l'esprit de ce dernier.

Les premières minutes furent placées sous le signe du biais de confirmation d'hypothèse. Trop de blabla, un gamin énervant, le design infantile de Link et Zelda (arrêtez avec Zelda mignon! Zelda ce n'est pas mignon! Zelda c'est épique, mystérieux et tragique! Rien que le début d'A Link to the Past c'était un orage avec un oncle qui mourait!), un méchant dans la droite lignée des métrosexuels qu'on nous sert depuis... Minish Cap? Je ne sais plus. Et Lavio qui cause - blabla - et moi qui grommelle.

Et puis j'ai découvert l'homme aux oiseaux. Il s'était réfugié sous un pont, au calme.
Je lui ai dit que je détestais les oiseaux.
Silence. Il me demande si je suis venu là pour lui demander quelque chose. Je réponds que non.
Silence. Il semble surpris. Il me dit que c'est décidément une drôle de journée pour lui. Et il conclut en disant : "De toute façon ça n'a plus d'importance", et il m'offre un flacon alors que j'ai été odieux avec lui, comme un désespéré qui voudrait se débarrasser de ses biens avant de se suicider.

Je suis revenu plusieurs fois voir cet homme, en pensant confusément "Il ne sera plus là, il se sera transformé en oiseau ou bien un type témoignera qu'il l'a vu se jeter à l'eau ou que sais-je encore". J'avais des flashs du petit qui se transforme en arbre dans A Link to the Past, du fils du menuisier qui se perd dans les bois perdus dans Ocarina of Time. Finalement rien de tout ça, mais n'empêche. Nintendo a réussi à me rendre triste pour un PNJ et à regretter d'avoir été méchant avec lui.

Après cela, j'ai pris plus de plaisir à parcourir A Link Between Worlds. J'ai trouvé l'effet 3D tout à fait adapté pour la vue de dessus, j'ai trouvé la transformation en graffiti vraiment bien exploitée, j'ai trouvé que c'était une bonne idée de nous laisser aborder les donjons dans l'ordre qu'on voulait. J'ai aimé Lorule dévasté, royaume où les valeurs de la sagesse et du courage se délitent, où les bandits font la loi et où les habitants qui n'ont pas la force d'être des bandits se réfugient dans cette espèce de secte qui fait l'apologie des monstres qui ont envahi le monde - bel exemple d'identification à l'agresseur.

Dommage que le jeu soit rattrapé par le manque de difficulté : on trouve des cœurs dans chaque herbe coupée, chaque jarre brisée, chaque crâne écrasé. Il est grand temps que Nintendo propose un mode difficile d'entrée de jeu pour les habitués de la série. Le système de location des objets est aussi saboté par la grande facilité à accumuler les rubis. Je ne suis pas contre l'idée de trouver les objets ailleurs que dans les donjons, mais mieux vaut ne pas tous les rassembler dans un magasin, car finalement c'est une fausse bonne idée. Et la fin est décevante : trop de blabla, trop de gentillesse.

Oui mais. C'est le premier Zelda sur lequel je prends mon pied sur console portable depuis un paquet d'années. Oh, il n'est pas parfait, loin de là. On pourra toujours reprocher à Nintendo de s'être auto-plagié sans réussir à égaler la référence. Mais si c'est une étape nécessaire à l'équipe pour retrouver l'essence de sa série, alors je lui donne ma bénédiction (pour ce qu'elle vaut). C'est encourageant, en tout cas. Il faut juste rendre la chose plus épique, plus tragique et moins ♥mignon♥ dans le fond et la forme. Et on atteindra peut-être la mélancolie d'un Link's Awakening.
RaoulDeCambrai
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le 10 janv. 2014

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RaoulDeCambrai

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