J’ai toujours été un gars très en retard en matière de jeu vidéo. A l’époque où la GameCube était sortie depuis déjà longtemps, je découvrais en 2005 mon tout premier Zelda sur N64, je vous le donne dans le mille : Ocarina of Time.
Je me souviens encore du choc culturel qui s’était imposé au p’tit garçon de six ans que j’étais. Certes, j’avais déjà joué à du Super Mario 64, Rayman, Diddy Kong Racing, mais disons qu’Ocarina of Time a été celui qui sortait du lot. Le jeu ultime à mes yeux. Et du coup, j’ai continué à jouer à du Zelda. Peu de temps après, je m’étais procuré une GameCube, et j’avais pu jouer à Wind Waker (depuis mon jeu préféré), puis Twilight Princess, puis Skyward Sword sur Wii, puis les épisodes sur DS et quelques vieux épisodes que j’ai découvert encore après.


Mais voilà, à force de jouer, rejouer, encore et encore aux mêmes Zelda (j’ai dû finir Ocarina of Time une bonne dizaine de fois), la franchise n’avait plus rien à me mettre sous la dent. C’est dire, voilà dix ans que je n’avais pas frémis d’excitation en lançant une partie de Zelda (depuis Twilight Princess en fait). Et en vrai, je n’attendais plus grand-chose de cette saga, et même l’annonce d’un jeu tel que Breath of the Wild ne m’excitait guère. J’étais comme qui dirait… passé à autre chose. Je n’avais aucunement l’intention de débourser 300€ dans une Switch juste pour jouer à un Zelda.
Et fort heureusement, deux ans après la sortie de Breath of the Wild, un ami ayant la Wii U et le jeu me prêta tout son matos pour que j’y mette. Et j’étais très excité ! D’un coup comme ça, j’allais jouer à un nouveau Zelda que beaucoup acclamaient comme étant le meilleur depuis… bah le meilleur même.


A peine je recevais le jeu et la console que je m’y plongeais et…


Oui, c’était ouf. C’était génial, toute l’introduction sur le plateau du prélude ne faisait que confirmer les avis que je trouvais sur le net. J’étais bien face à un jeu aux mécaniques de gameplay riches en possibilités, avec de nombreuses nouveautés par rapport aux autres Zelda. J’étais plongé dans un monde immense où tout était à découvrir et bordel, les combats étaient juste géniaux. Très vite, j’ai réussi à prendre en main le gameplay et je me suis jeté à corps perdu dans ce nouveau Zelda. Fini les soirées films et séries, maintenant, c’était soirée Zelda. Pire encore, je rechignais à l’idée de sortir voir mes potes, ratant une occasion de jouer à Zelda (chose qui n’était pas arrivée depuis bien dix ans).


En bref, je consacrais tout mon temps disponible à Breath of the Wild. Surtout que j’avais un délai, vu que dès septembre, je repartais pour Paris. Donc je profitais un maximum du jeu avant de le quitter.


Est-ce que j’ai rushé le jeu ? Un peu.


Je vais donc décrire mon évolution dans le jeu tout en exprimant mon ressentit au fur et à mesure de ma partie. Car mon avis concernant Breath of the Wild a beaucoup évolué au fil du jeu. Vous êtes donc face à une critique chapitrée.


1- A la recherche d’Impa et du passé
Alors voilà, je viens de quitter le plateau du prélude, tout excité à l’idée de découvrir ce monde qui me semble immense et vaste. Dès que je vois une tour ou un sanctuaire, je fonce. J’agrandis ma carte, je collecte les badges de triomphe, je parle un peu aux PNJ mais je ne perds pas de vue mon objectif, me diriger vers le village Cocorico rencontrer Impa. La marche est longue et j’ai tout mon temps pour contempler les paysages splendides du jeu et trouver les repères de monstres pour les battre (après une bonne dizaine de game over).


En somme, je suis émerveillé, en extase. Les quelques défauts ne me gênent pas. Le fait que mes armes cassent ne me pose pas de soucis, j’en ai toujours plein en stock et le fait que beaucoup de mes ennemis me tuent en un coup me rappelle Dark Souls et sa difficulté ahurissante me poussant à développer mes techniques de combat. J’apprends à tirer des flèches sur les têtes de mes ennemis, j’apprends à user des spécifiés des différentes armes (notamment les armes lourdes à deux mains). Je suis encore dans la phase de pure découverte et je suis époustouflé par tout ce que je peux faire.


Concernant le scénario, j’en ai un peu rien à foutre, il se révèlera plus tard. Après tout, je joue un Link amnésique, c’est bien normal que je sache peu de chose au stade où j’en suis. Enfin j’arrive devant Impa, elle me révèle ce que j’ai à faire, retrouver les quatre créatures antiques et les « réparer ». Je vois un peu mieux ce que j’ai à faire et je me dirige alors vers le domaine Zora.


2- Les créatures divines
S’ensuit ce qui sera sans doute la partie la plus appréciable du jeu. Retrouver les quatre créatures antiques du jeu. Je rencontre de nombreux personnages, des peuples que je connais déjà bien (Zora, Gorons, Gerudo et Piafs), et je résous leurs problèmes. Je me confronte au premier adversaire imbattable, le Lynel des Zoras. Du coup, j’abandonne momentanément ma quête pour aller agrandir ma carte, trouver des tenus plus robustes, des armes plus efficaces et des boucliers plus résistants. Toujours stupéfait par la grandeur de la carte, le jeu continu de me surprendre et je passe véritablement un moment exquis devant.


Puis je reviens vers mon Lynel, je l’abats, puis m’occupe de la créature divine sans trop de difficulté. J’irai même jusqu’à dire que c’était… trop facile ? Alors oui, les énigmes au sein de la créature étaient plutôt bien trouvées, j’ai même dû me remuer les méninges plusieurs fois, mais tout ça me paraissait finalement assez simple. Même le boss était d’une simplicité ahurissante, ne représentant aucun défi après le Lynel. Bon… on va dire que c’est la première créature divine et que les suivants seront un peu plus compliquées.


Même pas. Je me dirige à l’autre bout de la carte et m’occupe de la créature divine des piafs avec la même facilité, c’était même encore plus simple que celui des Zoras. Je me mets à enchaîner les créatures divines avec beaucoup trop d’aisance. Serai-je devenu vraiment trop fort ? J’ai même pas cette impression, étant allé voir quelques vidéos sur le net, je voyais des gens jouer avec deux fois plus de cœur et d’endurance que moi. Merde alors, si les premières heures du jeu représentaient un sacré défi, le reste de la partie se fait la main dans le slip.


Et au bout de la quatrième créature, je commençais même à trouver la quête redondante sur certains aspects. Bah oui, c’est le quatrième peuple qui me raconte ses soucis à cause de la créature divine, j’ai droit à une cinématique flash-back, je m’associe avec quelqu’un du peuple pour monter sur la créature, je la répare et voilà…


Du coup, très vite je me suis retrouvé au bout de ma quête. Il ne me restait plus qu’à aller zigouiller Ganon et j’en aurai fini avec le jeu. Pour moi, cette quête principale m’avait paru courte comme c’est pas possible. Alors qu’il fallait bien finir une dizaine de donjons dans les Zelda précédents, tout ce dont j’ai eu droit dans celui-ci, c’est quatre « donjons » foutrement simples avec des boss tous identiques (seul celui de l’électricité m’a poussé au game over).


Du coup, je me retrouvais devant le Château d’Hyrule, à pas trop savoir quoi faire. Il me restait bien une semaine avant de repartir à Paris, du coup, je suis allé faire des quêtes secondaires.


3- Que faire avant de défoncer Ganon ?
Et à mon avis, ce serait injuste de critiquer ce Zelda pour sa quête principale, car ce n’est pas le cœur du jeu. Le véritable intérêt de ce Breath of the Wild, c’est l’exploration pure et dur du monde dans lequel on est. Et il faut dire que sur ce point, le jeu s’en sort incroyablement bien. De la quête pour trouver l’Épée de Légende aux trois labyrinthes en passant par l’Île Isolée, l’Île Noire et les Dragons, il y a beaucoup à faire dans ce Zelda, autre que d’affronter Ganon. J’avoue ne pas m’être attelé à toutes ces tâches. Je n’ai pas fini l’Île Isolée, je n’ai pas sauvé tous les dragons par pur manque de temps (et peut-être de volonté).


Il y a tant à faire, tellement de mystères à relever, d’énigmes à résoudre que finalement, Ganon semble plutôt être un cas à part.


C’est lors de cette longue session de vagabondage que je me suis rendu compte de la cohérence de l’univers. On est dans un Hyrule ravagé par les créatures et où le danger guette à chaque recoin. Les habitants ont appris à vivre avec, et on sera finalement peu aidé dans nos différentes quêtes. Pire encore, il y aura un bon nombre de personnes à sauver, et même des gens sacrément lâches à servir (ce cuistot qui te demande d’aller fouiller la cuisine du Château d’Hyrule soit le coin le plus dangereux de la carte juste pour trouver un livre de recette, il peut bien aller se faire foutre).
C’est un monde avec tellement de coins, tellement de cachettes, de temples et de sanctuaires cachés que très souvent, on tombe par hasard sur un nouveau truc. On a jamais le temps de s’ennuyer car il y a toujours quelque chose à faire, une quête à accomplir. Mais ce ne sont pas des quêtes chiantes, le jeu arrive à créer un intérêt chez le joueur pour chacune d’elles (à quelques exceptions près, je te pointe du doigt, le cuistot). Bref, un monde avec tellement de possibilités, tellement de costumes différents à dénicher, d’armes à s’approprier, de Korogus à trouver, de souvenirs à collecter qu’à aucun moment, le jeu ne lasse. Mais voilà, il ne me reste que quelques jours avant mon départ pour Paris, et Ganon m’attends encore sagement dans le Château, et il serait peut-être temps que j’aille l’affronter.


4- Comment j’ai éclaté Ganon en deux temps trois mouvements ?
Alors voilà, j’ai peut-être pas toutes les tenus, ni mêmes énormément de cœur, mais j’ai beaucoup de volonté, de courage (et plus trop de temps), me voilà fin prêt à aller affronter Ganon.


Lentement mais sûrement, je me dirige vers le Château, traversant la Plaine d’Hyrule avec… un peu trop de facilité encore ? Je pensais me retrouver face à tout un tas de gardien, mais finalement, je n’en vois que très peu. J’avance plein de questions dans la tête (est-ce un piège ?). Finalement, j’entre dans le Château, le thème si iconique de la franchise débarque, je me dis que je suis fort, que je suis un héros. Je ne suis peut-être pas le Héros du Temps, ni le Héros du Vent, ni même celui du Crépuscule. Je suis… le Héros de l’Alpinisme ? Nan parce que là, ton château d’Hyrule, je l’ai grimpé en cinq minutes montre en main. Pas de grand donjon ni de grosses énigmes. Allez, peut-être un ou deux Lynel, mais ça fait bien longtemps que j’arrive à les battre sans subir de game over (d’ailleurs, à quand remonte mon dernier game over ?).


Enfin, j’arrive devant Ganon, je suis fin prêt, peut-être qu’enfin, je vais l’avoir mon combat épique. Peut-être même aussi épique que celui d’Ocarina of Time ou Wind Waker. Le voilà enfin, face à moi ! Je suis à toi Ganon !!!


Et non… rendez-vous manqué.


Déjà, dès le début du combat, Ganon se fait rétamer la moitié de sa vie par les Créatures Divines. C’est donc à ça que m’a servi ces nombreuses heures à réparer ces Créatures ? Diviser la vie de Ganon par deux ? Si j’avais su… Merde quoi ! J’ai pas envie que mon combat soit court ! J’ai envie qu’il soit long et fastidieux, qu’il me donne du fil à retordre. J’ai envie de me demander comment je vais approcher mon ennemi ! Ganon, je l’ai rétamé vite fait bien fait sans trop perdre de vie. Un instant, je me suis demandé si mon personnage n’était pas devenu trop fort ? Mais même pas, c’est juste que Ganon est ridiculement facile à battre. Est-ce que c’est ces cent années à rester coincé dans une salle du Château qui l’ont affaibli à ce point ? J’affronte qui là ? La réincarnation de l’Avatar du Néant, symbole du Malin Absolu ayant ravagé Hyrule il y a de ça cent ans ? Ou un vieux monstre un peu gros et moche qui fait de l’arthrose ? Il ressemble à rien en plus ce Ganon ! Son character design n’est même pas marquant et n’évoque en rien le Mal qu’il représente.


Et donc voilà, j’ai battu Ganon. Ah non, il me reste encore une phase de combat… a cheval ??? Merde quoi ! Cette dernière phase de combat consiste simplement à tirer des flèches sur un gros taureau qui n’arrive même pas à viser ! Ganon en forme taureau tire un rayon laser toutes les minutes et à chaque fois, vise cent mètres à côté de moi. A ce stade il est aussi devenu aveugle avec le temps ?


Mais bon voilà, je l’ai enfin battu, Ganon est détruit, le bien peut enfin régner et peut-être qu’après le générique, je vais avoir droit à une nouvelle tenue dans le jeu ? Un truc supplémentaire qui me permettra de débloquer de nouveaux passages sur la carte ? Je relance ma partie après la scène post générique et… le jeu me refout juste devant la porte de Ganon… décevant.


5- Réflexion post générique
J’ai encore du mal à me dire que je n’ai pas donné la note de 10/10 à ce jeu et pourtant, c’est le cas. Tout le long de la partie, je me disais que malgré ses défauts évidents, The Legend of Zelda Breath of the Wild était un grand jeu ! Un grand épisode de la franchise ! Pas forcément mon préféré, mais celui qui arrivait savamment à renouveler la formule depuis déjà bien longtemps épuisée de la saga pour offrir une expérience nouvelle tout en restant fidèle à l’esprit de The Legend of Zelda.


Oui, Breath of the Wild est un jeu immensément bon. Une expérience vidéo-ludique unique, rare et que je chéris avec beaucoup d’affection. Ne pas mettre 10 ne veut pas dire que je n’ai pas apprécié ce jeu. Au contraire, je l’adore, je le trouve incroyable. Mais voilà, pour moi, ce jeu a un peu ce que j’appelle le Syndrome Skyrim. A force de trop améliorer mon personnage, de trop de me disperser dans des quêtes secondaires à foison, la quête principale du jeu, celle pour laquelle j’ai acheté le jeu, se révèle d’une facilité ahurissante et au final, ne me comble aucunement.
La raison pour laquelle je ne mets pas 10 à Breath of the Wild, c’est tout simplement à cause de sa quête principale dénuée de tout intérêt, qui consiste simplement à réparer des Créatures dans le simple but de diviser par deux la barre vitale du boss final.


Mais sinon… visuellement c’est magnifique, les zones sont nombreuses à visiter, les mécaniques de combat réussies, les PNJ ont chacun une histoire à raconter, les sanctuaires sont plein de surprises avec des énigmes nombreuses et bien trouvées. Le doublage des voix lors des cinématiques est réussi et ce n’est aucunement choquant d’entendre des gens parler dans un Zelda… et c’est tout simplement un grand jeu, un grand open world et un grand Legend of Zelda. Un jeu qui marque par son gameplay innovant et plein de possibilités, par ses musiques, par la poésie qui s’en dégage (que j’ai passé sous silence dans ma critique), par son univers riche et ses personnages attachants (j’aime les Korogus de tout mon cœur, je veux une peluche). C’est un indispensable du jeu vidéo et on peut véritablement parler d’œuvre d’art. C’est un jeu qui dans vingt ans, continuera de faire parler de lui tout comme Ocarina of Time fait encore parler de lui depuis deux décennies. Un jeu qui marquera sa génération de console et qui restera très certainement gravé au panthéon des grands jeu de la firme Nintendo.

James-Betaman
9
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le 3 sept. 2019

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James-Betaman

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