C'est en ce début de mois de septembre 2022, quelques temps après l'annonce du report de sa suite initialement prévue en cette fin d'année et malheureusement daté à un énigmatique 2023, et quelques jours avant une éventuelle réponse à son égard lors d'un célèbre "Direct"...qu'une entêtante idée à germé dans mon esprit...relancer un titre que j'avais quitté il y a 5 ans, replonger dans un univers que j'avais parcourus dans ces moindres recoins, effacé volontairement la soixantaine d'heures que je lui avait consacré...bref repartir à nu, uniquement sur mes quelques souvenirs et mon instinct...afin d'entreprendre un trajet bien différent, plus en accord avec mes principes, en étant plus maître de mes envies, en me fixant mes propres objectifs, en déterminant mes règles et en remodelant une incarnation...en gros me réapproprier "Zelda Breath Of The Wild" à ma sauce...


C'est donc après un simple titre, sans son, sur fond noir...qu'une douce voix nous appelle, nous réveille, nous incite à briser une longue léthargie, à quitter les eaux chaudes d'une sépulture, à récupérer un objet "familier", à retrouver une mémoire "oubliée", à sortir de la "grotte"...une lumière chaleureuse au loin, une unique issue...on avance instinctivement, à poile...on chaparde un vieux pantalon à gauche, une vieille chemise à droite...on crapahute un rocher...on sort, le vent caressant notre nuque, le soleil réchauffant notre peau, la végétation titillant nôtre rétine, la faune égayant nos oreilles...on se tait, on écoute, on regarde, on ressent, on respire...un panorama brumeux, une peinture a peine détaillée, une fresque impressionniste se dresse devant nous...mais pas le temps de traîner, un objectif, un but, une urgence nous a été annoncé...on continue...une fumée, un feu de camps pas trop loin...une silhouette rondouillette, un vieil homme barbu, tenant une lanterne, encapuché de rouge, assis là gentiment, statique, comme ci il nous attendait depuis longtemps, visiblement bien plus éclairé et érudit que nous...nous indiquant avec malice un lieu...on s'exécute...pas trop le choix...au vue de notre mutisme et amnésie...on réactive un ancien vestige, prenant de la hauteur, offrant un nouvelle vue...on y retrouve comme par magie notre ancêtre à peine croisé, débarquant des airs...visiblement bien mieux équipé le bougre...nous offrant un hypothétique échange équitable, une hypothétique récompense mais nécessaire à notre progression...on acquiesce...on réactive une autre antiquité, celle-ci souterraine...on apprend à maîtriser un "talent"...on réussit un "défi"...on s'enthousiasme à l'idée de recevoir notre dû...on retrouve encore une fois cet ancien vagabond...un peu joueur et roublard...abusant de notre naïveté et pauvreté...exigeant de nous encore quelques efforts...on repart donc, on découvre quelques récits, on récupère quelques maigres ressources, on lutte comme on peux, on explore a l'arrache, on croise quelques autochtones peu civilisés, aux mœurs archaïques et un brin fêtards...espérant ce fameux "trésor" tant vanté...on continue d'apprendre, d'acquérir, d'enregistrer des "compétences"...le salut est proche...et le revoilà encore, visiblement il est capable de se dédoubler...on l'écoute encore une fois une parole joueuse...une dernière énigme...on comprend vite...on situe un ultime point de rencontre...une église gothique en pierre grise éventrée, au milieu d'une ancienne cité fortifiée moyenâgeuse dévastée...entre d'étranges carcasses d'entités antiques et une nature luxuriante...un autel en son cœur...on prie...on se purifie...on récupère...un appel à grimper sur le toit de cette édifice en ruine...nôtre viel homme nous y attend encore une fois...une révélation...une explication...une longue conversation lourde de sens...évoquant un passé, un temps anciens où l'homme, l'humanité apeuré par un mal, une malédiction à sombré dans la démence, la folie, la surenchère, la violence...un véritable échec, un raté ayant provoqué une catastrophe, un cataclysme dont il fut l'unique responsable, coupable...ayant impacté son environnement de manière irrévocable, le plongeant dans un cycle infini...laissant un pesant héritage, un douloureux fardeau aux générations futures et offrant le monde hostile, morose qui semble nous être destiné...où le temps semble arrêté voire reculé, où la peur et la crainte semble être une routine, où l'espoir semble être loin ou perdu, où la vie semble plus sauvage qu'humaine...mais laissant entrevoir un possible retournement, un éventuel changement, une hypnotique modification et dont nous sommes la clé...nous titularisant d'une mission, nous suggérant une première étape...mais nous laissant seul avec peu, car convaincu de notre intelligence, notre volonté, notre engagement...donc on quitte attristé, troublé, ému ce "prélude" et on se lance vers l'inconnu, on franchi ce cap, on s'envole vers l'aventure...des premiers pas hésitants à travers une steppe montagneuse avec ces yourtes blanches en toiles, fanions orangés et bordeaux, abri de nomades portant dignement leurs Janjin et Deel, fiers défenseur d'une tradition de dresseur d'étalons sauvages, nous enseignant quelques rudiments bien pratiques au vue de cette immensité...la soumission amoureuse d'un compagnon après un élégant tango, quelques marcheurs ça et là narrant leurs vécu et ayant un fort besoin de vider leurs sacs, une musicale rencontre avec un ménestrel grassouillet, peu paumé et pas très débrouillard...on vadrouille un peu, à l'aveugle, on arrive enfin à notre destination...un village au milieu d'un cirque tropicale, des rizières en escalier, un enchaînement de Toori, des cahutes en bambou, éclairé aux lanternes de pierres, bercé par les notes d'un Shamisen, des Shide se mouvants au gré du vent, des Ema accroché a des pins, des statuettes de Kappa bien gourmandes...abritant en son sein un modeste temple Shintô de bois rouge...une vieille shaman, visiblement consommatrice d'herbes psychotropes, égayée par nôtre arrivée visiblement programmée, évoquant un précédent parcours commun, amusée de notre perte ou dysfonctionnement mémorielle, révélant une histoire de boucle temporelle infini, suggérant un éternel recommencement et nous inventant à entreprendre quatre taches principales et de rallier une nouvelle escale, sans trop en dire...hypnotisé par surprenante rencontre et curieux de continuer notre visite, de toute façon notre destinée semble bien balisée...on s'exécute a nouveau...on repart à l'aveugle...on suit sagement cette directive...encore un peu d'efforts de notre part, encore un peu de temps perdu...on rejoint enfin cette dernière étape...une vallée verdoyante, des moulins à vents, des habitations en stuc blanc, des champs de poivrons, un petit monastère roman, une ganaderia en fond et un phare sur un monticule observant l'horizon maritime...encore un ancêtre à écouter, encore l'évocation d'une relation de longue date, encore l'invitation à se remémorer, encore cette joie de nous revoir, encore une fourberie de la part d'une vieille au caractère enfantin, à l'apparence douteuse, visiblement dépendante de décoctions un brin alcoolisées et désireuse de rester jeune éternellement...encore une fois on se fait piéger, on obéit sans dire un mot, mais on ravive notre flamme intérieure, on récupère un peu de clarté...un dernier aller-retour bien plus rapide...une dernière tâche à accomplir...et là "cocorico"...nous voici extirpé de ce balisage, délivré de toute forme d'esclavagisme, allégé de toute contrainte, totalement libre...


Libre...d'avoir du cœur ou de rester insensible, de s'ouvrir à l'étranger ou de rester un ignare, de servir le moindre péon ou d'être égoïste, de devenir un anthropologue attentif ou un furieux génocidaire, de faire vœux de pauvreté ou vivre dans l'opulence, d'être un ingénieux végan ou un fin marmiton viandard, un simple spectateur de passage ou l'acteur principal de petites tranches de vies, un écologiste consciencieux ou un capitaliste libérale, de participer à la spéculation boursière ou de faire des dons aux plus démunis, se dorer la pilule au soleil ou choper la crève sous la pluie, d'incarner un défenseur de la cause animale ou d'éradiquer une espèce entière, de vivre la vie de gitan ou profiter avec allégresse de l'hospitalité locale, d'être un sportif endurant ou un fainéant technophile, de prier avec ferveur ou de s'éloigner de tout endoctrinement, de marcher sur le feu ou de se baigner dans les eaux du baptême, d'être un archéologue minutieux ou de dynamiter la moindre roche, de prendre le temps ou de foncer à toute berzingue, de vivre pleinement sa vie ou d'accepter avec joie sa mort, de se vêtir tel un clodo ou de se saper à coût de rubis, d'avoir l'imagination d'un artiste ou le pragmatisme d'un mathématicien, d'être le pompier de service ou jouer avec le feu à en devenir pyromane, d'aimer se perdre volontairement ou demander son chemin tout les deux mètres, de s'adonner à un safari-photo ou à des selfies typique d'Instagram, de savourer quelques notes de piano ou de s'immerger du langage de la nature, d'embrasser la féerie ou de totalement la repousser, de faire danser ses pouces ou de mettre son cerveau à l'envers, de se prendre pour Nicola Tesla ou Nicolas Copernic, de jouer à être Mme Météo ou Mme Irma, d'expérimenter tel un botaniste ou un chimiste en herbe, d'infiltrer des cercles très privés ou de repousser des rabatteurs de rues bien collants, d'être le metteur en scène ou le comédien d'une pièce de théâtre, de se taper un bonne petite série TV ou de lire un bouquin d'auteur, de vivre la conquête de l'ouest ou la pérégrination vers l'ouest, de se sentir tel Christophe Colomb ou Gengis Khan, de gravir l’Everest ou briser la banquise du cercle polaire, de jouer a Icare ou à Kipchoge, de suivre son prochain ou de faire la route en solo, de se grimer en Shenerazade ou en Conan Le Barbare, de chercher du taff ou de profiter de la bonté humaine, d'investir dans la pierre ou de se construire un patrimoine, de se fier aveuglement a son application “Maps” ou de simplement bien regarder autour de soi, de visiter l’Afrique Subsaharienne ou l’Amérique des Andes, de participer à une utopie européenne ou de laisser les frontières fermées, de laisser place a l'inattendu ou de faire preuve d'une organisation psychorigide, de faire un effort de mémoire ou de surutiliser son encyclopédie en ligne, de se connecter à la moindre antenne 5G ou de rester un vieux réac, de dépendre de sa messagerie digitale ou d’être le lien physique entre les uns et les autres, de respecter les règles ou de s'en affranchir totalement, de sentir courageux immédiatement ou de se rassurer avec le temps, de se doper à la testostérone ou accepter sa part de féminité, de foncer droit au but ou de privilégier les itinéraires bis, de rester un enfant ou de devenir adulte...bref c'est offrir aux joueurs la possibilité de s'approprier un monde, se définir un parcours, se façonner un incarnant, sans le prendre par la main, sans rien lui imposer, sans trop lui en dire...


Libre...de se contenter de cette vision romantique du concept de monomythe, inhérent à cette franchise, ce fameux voyage du héro en 12 étapes tel que l'a codifié Joseph Campbell, de se limiter aux récits et informations délivrés lors de nos premiers pas au sein de ce "prélude", où finalement tout est clairement indiqué et visible, évoquant pour le coup des thématiques propres à cet épisode...la responsabilité de l'humanité sur son environnement à travers ses actes, la transmission d'un héritage lourd qu’ils lèguent, les choix démesurés et irréversibles d’une nation, la sauvagerie et la deshumanisation qu’ils révèlent , la plongée dans la boucle infinie de la violence et de la haine, le cycle de vie et de mort qu’elle enfante, l’improductivité de l'affrontement et de l'opposition directe, l’incapacité de l'homme à apprendre de l'histoire et à en retenir les leçons qui en découlent, d'approfondir au fil des rencontres ces thèmes, tout en révélant d'autres...volonté d'écouter ses aïeux afin de ne pas reproduire leurs échecs et ratés, de s'émanciper de leurs règles et dogmes, de les succéder de manière moderne tout en respectant la tradition et le passé, d'envisager un futur plus en accord avec cette pensée, de révéler au fur de nos différentes pérégrinations des véritables satires et critiques de nos sociétés réelles...entre crise politique, écologique, religieuse, scientifique et économique...segmentarisation ethnique, hiérarchie sociale et dérive idéologique, peur de l'inconnu, isolement communautaire, désarroi d'un quotidien pesant et crainte du lendemain changeant, dépendance et aliénation technologique, surenchère d’innovations et les risques qu’elle peut provoquer, digitalisation du monde et ses conséquences, le poids des TIC et leurs prises de contrôle sur notre futur, relation et interaction avec un écosystème, entre dominé et dominant, entre exploitation et collaboration, entre hostilité et bienveillance, de se confronter ça et là a de multiples histoires bien plus profondes, matures, mélancoliques, lourdes et troublantes, donc touchantes, de s'enthousiasmer de cette relecture magnifique de notre monde...à travers ses cultures, ses spiritualités, ses peuples, ses écosystèmes variés, diversifiés et endémiques à certains continents et peu souvent mise en avant mais surtout libre d'atteindre cet instant clé, quelques soit le nombre d'heures, de kilomètres, de quêtes, de trouvailles, d'échanges, de paroles, de lectures où ce monde, ce personnage, ce parcours se transforme en une forme d'introspection, de remise en question, d'identification, de médiation pour le joueur vis-à-vis de ses plaisirs, de son engagement, de sa détermination, de ses émotions, de ses sensations ludiques et de la satisfaction, la gratification qui en découle, qui peux prendre fin selon son bon vouloir, sans jugement ni sanction...bref une structure narrative non-linéaire et adaptative nous offrant la possibilité de s'approprier une allégorie, de se définir ses métaphores, de se façonner sa réflexion, sans lourdeur, ni prétention, sans être infantilisant...


C’est donc en toute liberté, après un ultime donjon, autel malheureux de la rancœur humaine, après un ultime affrontement, allégorie magnifique de la lutte contre des "démons intérieurs", après une ultime parole, métaphore légère de l’acceptation identitaire, un ultime panorama, peinture evoquant l'emancipation et de la détermination...libérant un monde, un héro, un récit enivrant du cycle de la "sauvagerie" que je quitte à nouveau cette œuvre, 5 années après mon précédent parcours, dont le tracé aura été bien diffèrent, dont la durée aura été doublée, dont les limites auront été les miennes, dont l’incarnation aura retrouvée toute sa mémoire et préférant davantage la reflexion à l'action, apportant une autre fin que je désirais tant, un plaisir dépassant mes attentes, des objectifs que je n’attendais pas, des histoires que j’avais omises, des lectures plus surprenantes qu’espérées, des possibilités que je n'aurais jamais imaginée, ravivant chez moi la flamme du joueur passionné que je suis, de mon amour pour cet épisode, de l’espoir pour sa suite, de l’aventure avec un grand A tel que je la désire, de ma recherche de liberté en terme ludo-narratif…me laissant nostalgique a son égard, fier de mon engagement, ému de ce qu'il à révélé en moi, heureux de son intemporalité, et impatient d’y replonger en 2023…

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le 19 sept. 2022

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AlMomoSan87

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