Le souffle du renouveau

Cette critique arrivant 1 mois après la sortie, il serait inutile de vous conter tous les louanges déjà faites par la presse spécialisée, les différents éclaireurs sur ce site, vos copains(ines), votre grand-mère ou que sais-je encore.

Car oui, The Legend of Zelda : Breath of The Wild est un excellent jeu. Pire que ça, j'ose même employer des mots comme "meilleur jeu de la décennie" à son sujet. Clairement, je n'avais pas autant été absorbé par un univers depuis très longtemps. "Mais pourquoi ?" demanderas-tu jeune freluquet, derrière ton ordinateur personnel ou ton téléphone intelligent. On va partager ça en quelques points important, afin que tu comprennes.

Tout d'abord, le ton employé par le jeu transcende avec ce que propose généralement la série. Ici, personne ne parle de princesse à sauver, de royaume en danger et de Ganondorf à arrêter. Ici on parle de Royaume dévasté, de Princesse Zelda comme dernier rempart avant la perte du royaume d'Hyrule et de la destruction TOTALE de Ganon. Ceci nous donne alors la sensation de jouer à un jeu plus mature, mais aussi de prendre part une aventure qui se passent après un épisode de la licence qui n'existe pas, où Link et ses potes ont perdus. La maturité laisse un peu sa place au tout public dès qu'on attaque des dialogues légèrement enfantin (notamment avec le Prince des Zora, qui sort ses répliques tout droit d'un Shonen), mais le contraste entre les deux marche parfaitement, comme une alchimie improbable.

Mais BOTW à surtout décidé de revenir à la source, en proposant un feeling et une sensation proche de ce que proposait le tout premier Zelda sur Famicom en '86, mais avec beaucoup plus de pédagogie et d'instinct. Après un presque-tuto d'une paire d'heure où un vieux pépé vous explique globalement les mécaniques différentes que vous proposera le gameplay, le jeu vous lâche alors dans la nature avec votre para-voile, trois vêtements et quelques bouts de bois qui feront office d'armes et de bouclier. Tel l'oiseau qui quitte son nid, ce sera à vous de décider où aller, quoi faire, comment le faire etc. Quitte à se brûler les ailes et voir (souvent) apparaître un "GAME OVER" des familles -dont on a presque de la sympathie pour lui, tellement il nous manquait. Dès le début TOUT est à disposition (on peut même pété la gueule de Ganon, mais ça reste peu conseillé). Si ce choix peut paraître grisant en terme de progression, il est en fait très intelligent, car il montre que la courbe de progression d'un joueur n'est pas nécessairement guidée par le déblocage d'item, comme le fait le jeu vidéo depuis la fin du millénaire dernier. Pour vraiment s'en sortir de ce monde impitoyable, il faudra le tester, voir ses limites ainsi que les nôtres, comprendre les mécaniques physiques et systémiques de l'environnement qui nous entoure. Jouer à BOTW, c'est comme redevenir un enfant qui apprend à marcher, à courir, à attraper les objets et qui découvre le monde.

Avec ces deux points importants, on se rend vite compte de la vrai finalité qu'à chercher à avoir Nintendo avec ce nouveau Zelda : créer le jeu le plus libre et ouvert possible. Et ils ont parfaitement réussi. Déjà par la possibilité de Link de grimper sur presque toutes les parois, mais aussi par la volonté de ne jamais prendre par la main le joueur. Si vous chercher un village, un pont, quelque chose en particulier pour votre quête, il faudra parcourir le monde, parler aux gens, prendre de la hauteur et regarder dans ses jumelles etc. je me suis retrouvé à sortir un papier et un crayon pour noter ce que m'a dit un vieux sur ma route à propos d'un lieu que je cherchais. On se surprendra même à se fixer un objectif simple dans une direction avant de papillonner, sortir des sentier, rencontrer une dame qui nous propose une quête qui va alors nous catapulter à l'opposé de notre direction sans jamais être embêté ni forcé. Avec BOTW, c'est l'Aventure avec un grand A qui vous attends, dans sa version la plus brute et convaincante possible, seul quelques indices légèrement directeurs vous mettront sur la piste de certaines quêtes (notamment la principal), D'ailleurs cette quête principale réussi l'exploit de ne pas être linéaire et de quand même garder du sens (surtout via l'utilisation intelligente de flashback). Certes, on pourra pester là encore sur les quelques dialogues assez enfantin (comme dit plus haut), mais on garde toujours en tête que c'est un Zelda. Plus mature mais pas pour autant moins accessible, permettant même aux plus petits de comprendre les tenant et les aboutissant, sans forcément les prendre pour des demeurés. En revanche, il faudra y mettre du cœur à l'ouvrage pour avoir l'intégralité du scénario, car vous pouvez carrément finir le jeu sans savoir pour qui ou quoi on se bat.

Évidemment, Breath of the Wild n'est pas parfait, et je pense que vous le savez très bien. Entre la technique (surtout sur WiiU) qui pêche, l'interface pas très pratique ou même la non-utilisation totale de la tablette sur WiiU, ce sont des points qui ne peuvent pas nous échapper. Mais clairement pas entraver l’expérience de jeu, loin de là. Et si la question du 20/20 déchaîne encore la foule, j'appuie de nouveau ce que j'ai dis en haut de cette critique en affirmant que ce nouveau Zelda est bien le jeu de la décennie. Car il est intelligent, novateur et renouvelle un genre ET une des plus prestigieuse licence qui se perdaient peu à peu dans les méandres de ses codes et ses mécaniques. BOTW risque de faire parler de lui pendant encore très longtemps, au moins les dix prochaines années et devrait avoir un impact colossal sur les futurs Game designers et sur leur compréhension et création d'un monde ouvert et du jeu d'aventure.