Je ne sais comment débuter cette critique, puisqu'elle va vous introduire mon Zelda préféré, toutes consoles
confondues.
Oui, je suis fan d'Ocarina of time. Oui, je trouve Minish Cap super rigolo tout plein. Oui, j'ai passé quelques
bons moments avec les oracles sur Game Boy Color.
Mais Majora's Mask, c'est LE Zelda. Presque LE jeu. Avec un minimum d'objectivité (ou pas ?), je vais tenter de vous
expliquer pourquoi.
Après le fabuleux Ocarina Of Time, il fallait rassasier les joueurs en manque de légendes royalement zeldaïques,
encore éblouis par les péripétie de leurs héros aux oreilles pointues dans un vaste univers 3D. Et pour ce faire,
Nintendo avait plusieurs possibilités : sortir un remake tout bête du jeu à succès, éditer une suite qui contenterait tout le monde, ou proposer un jeu tout à fait inédit. Et c'est bel et bien la dernière option qui a été choisie, pour notre plus grand bonheur. Avec ce "Majora's Mask", la firme nous propulse dans un univers exceptionnel,
alliant beauté et mystère, et crée sans doute un chef d'oeuvre vidéo-ludique. Plus qu'un simple jeu vidéo,
Majora's Mask ressemble à un très long métrage, à un mélodrame au coeur duquel s'orchestrent mille et une
prouesses d'inventivité et de créativité.

Le jeu étonne surtout par son ambiance : aux quatre coins du monde dans lequel Link évolue, tout paraît être
destiné à gêner le joueur, à l'émouvoir, à le choquer. Cette fois, il n'est plus question d'arpenter les collines
verdoyantes d'Hyrule pour sauver la princesse. Cette fois, il ne s'agit plus d'aligner des temples et de réunir des reliques dont on se fiche comme du dernier album de Jennifer. Cette fois, il ne suffit pas de récolter un énième morceau de triforce qui
moisira dans la réserve personnelle du Roi D'Hyrule : l'aventure de Majora's Mask vous propose Termina, une
dimension parallèle dans laquelle tout est différent.

I - L'histoire
Parlons donc avant tout du scénario de cet opus, qui a la mérite d'être original. Link, se baladant à la recherche
de sa vieille copine Navi, est agressé soudainement par un Skull kid au masque effrayant. Le vil enfant, apparemment intéressé par l'attirail épique de notre héros, s'empare de son ocarina et kidnappe la pauvre Epona. Comme si ça ne lui suffisait pas, il transforme l'hylien en mojo et le laisse méditer sur son pauvre sort.
C'est à partir de ce moment que l'histoire devient réellement captivante : coincé dans la peau d'un Mojo, Link découvre que la lune menace de s'écraser sur Termina d'ici trois jours. Après avoir récupéré son ocarina, l'elfe devra s'en munir pour déjouer les plans du masque maudit, revivant ainsi de manière incessante trois journées qui deviendront les plus longues de sa vie !
Un principe novateur, donc, qui donne naissance à des événements tous aussi incroyables les uns que les autres.
Préparez vous à connaître les déplacement de tous les "PNJ" sur le bout des doigts, à vous familiariser avec les
horaires de tous les magasins du bourg, à vous énerver sur un personnage qui ne se souvient plus de vous après
l'avoir rencontré au moins dix fois pendant l'aventure.
De prime abord, le système temporel peut paraître gênant. En effet, la liberté à laquelle nous habitue les Zelda
est légèrement compromise dans cet épisodes. Désormais, les longues traversées de la plaine principale sont un
peu entachées par le stress du cadrant solaire, présent pour vous rappeler que la lune risque de tout fait péter si
vous ne réagissez pas. Mais ceci n'est finalement qu'un détail, une sorte de dommage collatéral très vite effacé
par la panoplie de choses intéressantes qui résultent du nouveau mode de jeu.
En fait, le stress généré par cette progression chronométrée touche à l'essence même du jeu. Majora's Mask est un titre pressant, dérangeant, sombre et psychédélique. Il est construit autour de sa propre ambiance, et c'est bien là toute sa
force. Le jeu n'a pas UNE ambiance. Le jeu a SON ambiance.

II - Ambiance / Graphismes

Aux quatre coins de Termina, tout comme chez les joueurs, la détresse est au rendez-vous. Les âmes des habitants sont tourmentées, les esprits sont perturbés, la peur s'installe comme jamais elle ne s'était installée dans l'univers de notre héros auparavant. La lune, menaçante, semble
dominer toute l'aventure. J'ose d'ailleurs noter que, plus jeune, il m'était impossible de réellement profiter de ce
jeu, tant l'image de cette gigantesque entité agressive me donnait des frissons. Et cet astre jaunâtre n'est pas le seul élément effrayant du deuxième opus 64 : certains masques, certaines musiques, certains personnages semblent réellement sortis tout droit d'un film d'horreur.

Si une telle ambiance peut paraître inadaptée à un Zelda, elle n'en reste pas moins brillamment manipulée. Finalement, le monde de Majora's Mask s'empare de celui des Zelda classique, et non le contraire. Ce jeu est une sorte de nouvelle façon de voir la saga, sous un jour plus sérieux, plus mystique ...
Le tout est accompagné par des graphismes parfaits pour une telle plateforme, qui utilise toutes ses capacités
pour nous offrir un jeu d'une beauté époustouflante. On remarquera d'ailleurs l'utilisation obligatoire de
l'Expansion Pack, qui montre bien la volonté de perfection qui caractérisa ce jeu et sa création. Les décors,
soignés, sont bien moins vides que dans le volet précédent, et donnent assez vite le ton d'un jeu soucieux de son
apparence et de sa particularité. Le monde de Termina étonne autant pour son design que pour son rendu physique.

III - Musiques / Sons
Ocarina of Time nous avait offert des thèmes somptueux. Majora's Mask réalise le même exploit, malgré quelques mélodies ratées à l'ocarina (Mais c'est un détail...). Dans l'ensemble, vous serez sûrement enchanté par l'ambiance musicale du titre : torturée à souhait dans ses moments les plus sombres, elle colle parfaitement à l'ambiance générale du jeu.

IV - Les masques

Oui, les masques méritent leur propre section. En effet, cette "nouveauté" (les fans d'OOT comprendront les
guillemets, et même les autres j'en suis sûr) donnent à l'opus une grande partie de sa valeur ludique. Parfois
inutiles, parfois capitaux, ils sont le pilier de tout le mécanisme vidéo-ludique de Zelda 6. Grâce à eux, Link
pourra diriger une armée de poussins fêtards, se métamorphoser en goron super-puissant, devenir le chef d'un
orchestre de grenouilles, paraître invisible ou encore plonger dans les méandres de l'océan en costume Zora. Le
titre lui même comporte le mot "Mask", et on ne se demande pas vraiment pourquoi : finir le jeu, c'est récolter
ces multiples visages, voire même, parfois, ces multiples identités...
Les masques prennent énormément de place dans votre inventaire classique, et dirigent toute votre
aventure. À travers les innombrables quêtes annexes que propose le jeu, vous devrez parfois suer pour tous les
obtenir tant ils sont bien dissimulés. La quête des amoureux, par exemple, vous assurera une dose de stress
non-négligeable. Ce qui est le plus intéressant, c'est, comme je l'ai laissé entendre plus haut, de pouvoir incarner
un membre des célèbres tribus du Royaume. Link n'est plus un "simple" héros à l'épée, c'est aussi un superhéros
capable de rouler en boule à grande vitesse (coucou Sonic), de se taper un boeuf avec un groupe de rock tout droit sorti d'un coquillage, de virevolter dans les airs accrochés à des fleurs... Inutile de dire que cette panoplie de nouvelles aptitudes débouche sur des énigmes
complexes, sur des situations épineuses et sur des réflexions à la limite du perturbant. Il faut sans cesse repenser sa façon de voir le monde qu'on explore, et imaginer sa découverte dans le corps d'un autre personnage, qui a des cordes différentes à son arc. Le vendeur de masque, instigateur de cette épopée
carnavalesque, semble avoir préparé le terrain dans Ocarina of time pour revenir en force quelques
temps plus tard ... avec toute une aventure dans son sac.

V - Durée de vie

Certes, l'aventure principale n'est pas d'une extrême longueur. Les bons joueurs pourront assister à la scène
finale en une vingtaine d'heures, à tout casser. C'est en creusant dans le sens des quêtes annexes qu'on trouvera
l'incroyable richesse, l'intarissable diversité de ce deuxième opus 3D. Le jeu, bourré de petites histoires
parallèles, d'aventures optionnelles, se présente comme une sorte d'épopée à double visage, qui se veut bien
plus étonnante par ses petits retranchements que par son chemin officiel.
Certains regretteront peut-être le nombre réduit de donjons, d'autres salueront l'ingéniosité des quatre
proposés. Chacun d'eux, quoi qu'il en soit, sont suffisamment longs et compliqué pour donner au joueur du fil à
retorde, et ne laissent pas vraiment de temps à l'oisiveté ou au délaissement. Les énigmes, bien trouvées pour la
plupart, s'avèrent parfois terriblement diaboliques. On n'aura jamais connu un Zelda aussi tordu dans ses
mécanismes, particulièrement pour le temple de la baie qui vous offrira quelque casse-têtes bien sadiques.

VI - En bref ?

Si Majora's Mask n'a pas plu à tout le monde, c'est parce qu'il est foncièrement différent de ce à quoi Nintendo
nous avait habité jusque là. Décalé, sombre, inquiétant, le jeu offre un univers tout particulier, réservé aux âmes
courageuses et aux joueurs assidus. Véritable chef d'oeuvre de la Nintendo 64, il dépasse selon moi
son prédécesseur, en montrant de quelles prouesses le jeu vidéo est capable.

Scénario : 10/10
Ambiance : 10/10
Graphismes : 10/10
Musiques : 9/10
Durée de vie : 9/10
Note générale : 10/10
Botwin
10
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Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Du bon Nintendo, Challenge, quand tu nous tiens., Les jeux de mon enfance, Mon Top Zelda... de celui que je préfère à celui que j'aime le moins. et

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le 7 déc. 2010

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Botwin

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