Si vous jetez un oeil à mon top 5 spécial The Legend of Zelda, vous trouverez Majora's, sorti en 2000 sur Nintendo 64, en deuxième position. Lisez bien : en deuxième position. Parmi tous les Zelda auxquels j'ai joués depuis A Link to the Past jusqu'à Skyward Sword, sans en rater un seul.
À l'époque, j'ai encore l'esprit imprégné de la claque que ma génération de joueurs a prise en jouant à Ocarina of Time, et je me lance à corps perdu dans sa suite comme on se jette sur de la nourriture quand on est affamé. J'y passe mon été. Et je perçois déjà à quel point il est différent, à quel point il se démarque de ses frères et soeurs, ce quelque chose de spécial qu'on ne retrouve dans aucun autre Zelda.
D'aucuns savent qu'il n'est pas un projet de maître Miyamoto mais de Aonuma. Son tout premier Zelda. La licence change de mains pour un essai qui s'avère concluant. Nous savons qu'il reprendra ensuite officiellement la série en charge à partir de Twilight. Étonnamment, ce premier essai d'Aonuma, cet ovni dans la série, modifie drastiquement l'ambiance de son univers sans toucher à sa structure, ce qu'il n'est pas parvenu à reproduire depuis.
Pourtant, tout est là : Majora's est brillant.
Comme à beaucoup de joueurs, il m'a fallut plusieurs années, autrement dit du recul pour réaliser à quel point Majora's surpasse son grand frère en tous points.
Il met en oeuvre les vieilles recettes de Nintendo : un scénario simple (pour ne pas dire simpliste), une trame courte et un monde relativement petit. Et comme toujours chez Nintendo, la richesse du titre réside dans ses détails.
Son univers est plus sombre, plus travaillé, plus contemplatif (un des points forts d'Aonuma) ; l'ambiance est portée par une BO parfaite que l'on doit à maitre Koji Kondo, le génie musical de Nintendo, et par un environnement bien plus développé (par le biais des races, notamment) ; son contenu est d'une richesse inqualifiable, délibérément axé sur les quêtes secondaires grâce à la quête des masques, raison pour laquelle un véritable travail a été fait sur les personnages secondaires ; enfin la gestion du temps, tout en apportant un véritable intérêt au scénario et au gameplay du jeu, n'est jamais pesante pour le joueur (j'insiste sur ce point).
Link quitte Hyrule pour une quête intérieure, beaucoup plus intime et bien plus solitaire. Termina n'est pas son monde et il s'y retrouve malgré lui, confronté à une réalité parfois abrupte. La mort y est en effet une notion très présente, habilement mise en scène au travers de l'acquisition des masques. Il y a là une dimension éminemment poétique, toute neuve dans un Zelda.
Cet équilibre est parfait.
Mais rien de ce que je pourrais écrire ne pourrait aussi bien vous le démontrer que si vous vous y essayiez. Le titre est puissant, immersif et touchant.
Qu'apporte donc la version 3DS à la perfection ?
Le titre est tout simplement peaufiné, au-delà de ce que la N64 pouvait fournir (déjà poussée dans ses retranchements à l'époque). Un travail époustouflant sur les graphismes (textures et détails), un journal de quête optimisé et utile, des outils qui vous permettront de gérer le temps plus facilement, quelques légères modifications en surface sans réelle importance sur le contenu d'origine.
Il n'y en a qu'une que je déplore, dans la quête des masques : la façon d'obtenir le masque de la pierre a été rendue plus... simple. C'est dommage (même si j'en comprends la raison).
Bref, si vous avez Majora's entre les mains (que ce soit la version N64 ou la version 3DS), vous touchez à l'un des titres qui constituent ce qui s'est fait de mieux à ce jour en ce qui concerne la licence The Legend of Zelda.
On pourrait débattre des heures sur la question de savoir pourquoi il n'a pas rencontré le succès qu'il mérite à sa sortie. Mais honnêtement, vous savez quoi ? On s'en fout.
Vous avez maintenant une nouvelle occasion d'y jouer si vous ne l'avez pas encore fait, une occasion que les joueurs comme moi attendaient depuis des années (à savoir que Nintendo et Aonuma ont fini par céder à la demande des fans du jeu et de la série). Alors ne la ratez pas.
Ne la ratez pas, et vous comprendrez pourquoi nous avons tant voulu qu'il soit remasterisé. Et si jamais, en refermant votre console après l'avoir terminé, vous pensez qu'il était sacrément sexy, souvenez-vous : nous fêtons ses 15 ans cette année.