Twilight Princess est un épisode atypique dans la série Zelda. Il s'agit du jeu le plus sombre de la franchise (du moins dans son esthétique) et de la première apparition d'un Link adulte depuis Ocarina of Time 8 ans plus tôt (bien qu'on l'ait aperçu dans les Smash Bros et Soulcalibur 2 entre-temps). Le jeu avait pour ambition de renouer avec l'ambiance adulte des épisodes N64, après la relative déception qu'avait été The Wind Waker pour certains. Le pari a-t-il été réussi ? Et franchement, un remake était-il bien nécessaire ?



The Legend of Zeldark



Le jeu commence dans le petit village de Toal, où 4 familles vivent en harmonie sur un terrain de 100m². Link est fermier et s'occupe des boucs du village, tout en distrayant les gamins. Sa vie bascule au bout d'une heure de jeu, puisqu'après avoir rangé les boucs (deux fois), pêché un poisson, acheté un lance-pierre et sauvé un singe d'une lapidation en règle, un groupe de bokoblins et leur chef kidnappent tous les enfants du village. Pourquoi ? On ne le saura jamais.
Après s'être remis de ce plot-twist lui faisant furieusement penser au début de Wind Waker, Link part à leur recherche avec sa fidèle jument (nommée Findus dans ma partie), mais tombe dans un portail qui le mène vers un monde où la caméra est bloquée sur le mode "sépia", puis se retrouve transformé en loup...


J'ai cru comprendre que beaucoup trouvaient le début du jeu lent. Ce n'est pas mon cas.
En effet, Link est souvent amené à faire des tâches assez inutiles au cours de cette première heure de jeu, mais leur enchaînement est suffisamment bien rythmé pour que le tout soit assez fluide. Cela permet également d'introduire des éléments de gameplay plus ou moins originaux qui seront utiles (ou pas) dans la suite de l'aventure (la pêche, la saisie d'un ennemi, l'aigle...).
On peut néanmoins pester sur deux points : le premier, c'est que Link est un gros soumis de la vie. D'accord, il n'a jamais été le personnage le plus rebelle du jeu vidéo, mais merde quoi, le héros de la légende élu par les déesses (tout le monde dans son village le sait, il a la marque de la Triforce sur la main) se fait mener en bateau par des gosses de 7 ans ! Tu passes une demi-heure à leur acheter un lance-pierre et t'as même pas le droit à un merci.
Le second, c'est que beaucoup d'éléments ne sont pas bien expliqués du tout. La pêche par exemple, c'est à toi de deviner le moment où il faut appuyer sur le bouton et comment ramener le poisson ensuite : aucun PNJ ne vient te l'expliquer. Par contre le combat à l'épée, tu vas bien avoir droit à tes 5 minutes de tuto, au cas où tu serais trop con pour comprendre que l'icone "épée" sur le bouton B signifie que c'est le bouton d'attaque.


Outre cette phase légèrement crispante, ce qui choque le joueur dans ce début de jeu, c'est l'esthétique. Tous les personnages ont un look pour le moins...atypique (ça veut dire "laid"), et cela se reconfirmera par la suite. Même notre princesse favorite est devenue brune, scandale ! Les décors sont quand à eux assez sombres, même en plein jour.
Autrement dit, le jeu se veut absolument plus sombre que ses prédécesseurs, et cherche peut-être l'inspiration du côté de Majora's Mask pour ses personnages aux looks plus malsains que la moyenne. On aime ou on n'aime pas, mais perso je ne retrouve pas le grain de folie présent dans la majorité des épisodes de la saga, ce qui fait que je n'ai absolument pas accroché à l'univers et ses personnages. Sauf un.



Cinématique Princess



Au cours de sa quête (qui durera tout de même une trentaine d'heures, beau score), Link rencontrera de nombreux personnages plus ou moins intéressants et partira sur les traces du peuple du Crépuscule, accompagné d'une fille de ce peuple à la langue bien pendue : Midona. Celle-ci lui prodiguera moult conseils, souvent assez inutiles puisque les énigmes où elle intervient sont d'une simplicité déconcertante. Peu importe, le personnage est très attachant, malicieux et a d'adorables mimiques, ce qui fait que le voyage avec elle se fait dans la bonne humeur. Cela dit, je regrette son assagissement dans les dernières heures du jeu. Sans ça, elle avait toutes ses chances de dépasser Linebeck dans mon coeur.


D'ailleurs, heureusement que Midona est là pour pimenter un peu le scénario, parce qu'il est effroyablement convenu et est une pure redite d'A Link to the Past : Link est un paysan qui vit une vie paisible à Hyrule jusqu'au jour où un sorcier arrive dans le Royaume et renverse la Monarchie. Link ayant perdu sa seule famille (d'adoption) , il part dans une quête pour affronter le sorcier mais tombe dans un portail vers une autre dimension où il est transformé en animal. A la fin, on apprend que le sorcier était un pion travaillant pour ressusciter Ganon(dorf), ce dernier n'apparaissant en personne que lors du combat final.
Alors oui, je grossis le trait, TP est un peu plus dense qu'ALTTP, mais la sensation de déjà-vu est bien réelle (et le fait que j''ai été spoilé par différents Trophées dans les Smash Bros et sur des forums n'aide pas non plus). Du coup, le jeu tente de briser cette sensation en incorporant un maximum de scènes "classes, cools et matures". Si certaines sont tout à fait réussies (un Link victorieux face au kidnappeur de ses amis), voire de purs chefs-d'oeuvres qui ont marqué les fans (Midona agonisante sur le dos de Link loup sous la pluie), d'autres sonnent malheureusement faux (Link qui se la joue Cloud Strife à chaque plante verte abattue).
Mais la scène qui m'a sans conteste le plus paru hors-sujet est celle où Link, durant une hallucination provoquée par un Esprit de Lumière (sympa le mec) assassine froidement son amie d'enfance avant de voir ses yeux devenir vitreux. Cette scène est totalement ridicule, ne sert à rien dans l'histoire (ce n'est qu'un rêve) et donne une allure faussement d4rk au jeu, pour compenser son manque de prise de risque dans le scénario. Qui joue à Zelda pour voir ce genre de scène honnêtement ?


A côté de ça, Ganondorf (si si, vous savez, l'antagoniste principal) est à peine introduit au cours du jeu. OOT nous l'avait montré menaçant et avide de pouvoir, TWW avait dévoilé une face plus sensible et sage du bonhomme, TP se contente de le faire sourire méchamment sur son trône. Il a réanimé Zelda sans qu'on sache trop comment (son corps s'étant désintégré plus tôt dans le jeu), et comme dans TWW il sera vaincu par la magie du QTE. Meh...



Let me spit in my ocarina !



Etrangement, alors que le jeu emprunte beaucoup à ses prédécesseurs, il décide d'innover en ne proposant aucun instrument de musique dans le jeu. Adieu ocarina du temps, ciao baguette des vents, salut triangle de corail, et bonjour hurlements de loups insupportables.
Ces hurlements n'ont d'ailleurs aucun effet in-game et ne peuvent être joués qu'à certains points précis de la carte. Ainsi Link ne peut plus appeler Epona quand il le désire (il doit d'abord trouver des herbes à cheval), n'a aucune possibilité de passer le temps (embêtant quand on sait que beaucoup de lieux sont inaccessibles la nuit) et n'en apprendra pas plus sur le lore de la famille royale. Bref, grosse perte.


Après avoir hurlé à la mort, Link peut apprendre de nouveaux coups d'épées, comme dans The Minish Cap. Bien que la plupart des bottes apprises ne lui serviront jamais, il faut reconnaître que la sensation de montée en puissance du héros est réelle et que la mise en scène avec le Stalfos est assez classe.


Jusqu'ici j'ai été assez négatif sur le jeu, mais s'il y a bien un point où celui-ci assure, c'est sur le level-design de ses donjons. Chaque temple a en effet une gimmick unique qui rend son exploration atypique et pleine de mystères : la quête des singes dans la forêt de Firone, le système d'écluses du Temple de l'Eau, les Spectres de la Tour du Jugement... Et évidemment, les énigmes de chaque donjon sont aux petits oignons.
Quand aux Boss affrontés, on assiste souvent à des combats épiques du fait de leur gigantisme, et on en oublie assez vite le fait que certains soient recyclés de précédents opus (comme ce pseudo-Morpha d'OOT dans le Temple de l'Eau). Le combat totalement aérien contre le dragon de Célestia restera sans nul doute gravé dans les mémoires !


Enfin, les musiques du jeu sont globalement assez peu marquantes. Oh, il y a bien sûr quelques morceaux cultes, mais en dehors de ces coups de génie, j'ai trouvé la musique dans l'ensemble assez chiante à écouter (aucun thème de donjon n'est particulièrement mémorable par exemple). Et le fort taux d'anciennes musiques (mal) remixées est encore une fois un handicap du jeu.



Haute Désillusion



Parlons maintenant de ce qu'apporte le remake par rapport à la version originale. Etant donné que je fais partie des 3 seuls guignols dans le monde qui ont une Wii U mais n'ont pas eu la Wii, je ne peux pas comparer point par point les améliorations, mais je peux voir ce qui n'a pas été amélioré. Et c'est pas jojo.


Déjà, le premier truc qui choque, c'est que si le jeu a des textures un peu plus détaillées par moment, les modèles 3D des personnages n'ont visiblement pas été retouchés. C'est juste ignoble : regardez cette image et osez me dire que c'est pas scandaleux en 2016 de sortir un jeu où les bras sont aussi polygonés et où les colliers n'épousent pas la forme du corps...
Dans la famille des éléments inchangés, on peut aussi citer Epona qui est aussi rigide qu'à l'époque de la N64 : si elle frôle un mur elle s'arrête net, et si elle n'est pas pile en face d'un obstacle elle ne sautera pas par-dessus. C'était vraiment tant de travail que ça de la rendre un peu plus souple ?


Si le remake propose peu de nouveautés en général, on notera tout de même quelques ajouts qui font plaisir, comme la nouvelle quête des tampons qui prolonge un peu la durée de vie du jeu, la possibilité de devenir loup d'une simple pression sur le Gamepad ou la bourse maximale contenant désormais 9999 rubis, contre seulement 1000 dans l'original.
Au final, même si le travail fourni a été peu conséquent, TP HD est un meilleur remake que TWW HD, puisque contrairement à ce dernier il n'enlève aucune feature (RIP le Poste Tingle) et rajoute même un donjon au passage (bien que l'utilisation d'un amiibo fera grincer les dents de beaucoup).



Cocoriconclusion



Twilight Princess est un des Zelda les moins aimés des fans, et je comprends et partage désormais cette opinion. Outre sa structure très classique et son esthétique terne, le jeu ne brille que par ses excellents donjons et quelques scènes iconiques.
S'il est un jeu d'aventure correct, il s'agit d'un Zelda assez moyen. Et sans être un gros fan de TWW (qui est un autre jeu plein de défauts), j'ai largement préféré son atmosphère, ses graphismes et son scénario.

Sonicvic
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le 14 févr. 2017

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