The Longest Journey par diegowar

The Longest Journey est un point & click finalement assez classique sur la forme, et du coup pour le juger c'est relativement simple, il en va de l'enveloppe, des énigmes, et du scénario.

En ce qui concerne l'enveloppe, il n'y a pas vraiment à se plaindre pour l'époque, certes les modèles 3D des personnages ont un peu vieilli aujourd'hui, mais on traverses de bien jolis décors en background, il y a une variété dans les types de lieux visités, et au global on prend un grand plaisir à découvrir l'univers visuel de ce jeu, également ponctué de quelques cinématiques vidéo. La partie audio n'est pas en reste avec des musiques qui sans se démarquer collent bien à l'ambiance, et une multitude de personnages chacun avec leur voix. L'interface est simple et efficace, on peut facilement se déplacer où l'on souhaite, et utiliser les objets de l'inventaire sans avoir à l'ouvrir (la plupart du temps). Les objets-clés peuvent parfois être compliqués à remarquer cependant.

La partie énigme du jeu, je l'ai trouvé au global assez déséquilibrée. Il y a tantôt des énigmes extrêmement simples, tantôt d'autres extrêmement tordues, et tantôt comme j'ai dit, des énigmes où l'on risque de tourner en rond pendant 20 minutes si l'on a loupé un objet bien caché dans le décors (par exemple un fragment de miroir, mais qui lorsqu'on passe la souris dessus, le nom reste "miroir", et du coup logiquement on n'est pas amené à penser que c'est un objet différent). Il y a quelques autres bizarreries comme à un moment où je suis resté coincé parce qu'il fallait que je mange un bonbon, mais pour le manger j'étais obligé de passer par l'inventaire pour sélectionner l'action "bouche", impossible d'utiliser l'objet directement sur moi, mais 10 minutes plus tard alors qu'il faut manger un autre truc, cette fois-ci impossible de le manger en passant par le menu avec l'action bouche, et on est obligé de le manger en utilisant l'objet sur soit.

Enfin bref, si on n'est clairement pas encore sorti d'une ère de point & click où il vaut mieux garder une soluce pas trop loin si l'on bloque plus de 15 minutes, au global j'ai bien aimé faire ces petites énigmes, par exemple celle pour réveiller le géant. Cependant je trouve que d'autres énigmes ont gâché leur potentiel, comme celle des questions sur les contes du village des Alatiens, excellente sur le principe, mais lorsqu'on en vient aux questions, on se rend compte qu'on aurait pu y répondre directement sans rien faire tellement c'est d'une facilité déconcertante. Donc bon, à part quelques moments d'énigmes vraiment sympa ici et là, le côté "gameplay" du jeu ne brille pas suffisamment pour justifier à lui-seul de le parcourir, et sert finalement à sympathiquement casser le rythme d'un scénario aux multiples péripéties.

Pour le scénario donc, le jeu nous embarque dans une quête assez ambitieuse dans sa structure, et si j'ai trouvé qu'un assez bon travail avait été fait pour poser toutes les bases de cette quête (j'ai apprécié faire la phase d'introduction, les premiers pas dans Stark, dans Arcadia), j'ai trouvé qu'au fur et à mesure qu'on avançait dans le jeu, le focus s'éparpillait un peu, et que finalement si certains personnages sont pas mal, au global il n'y a pas de carotte suffisamment brillante pour te donner envie de continuer. L'héroïne, qui est finalement un personnage comme on en a vu des dizaines d'autres dans les point & click (subi complètement ce qui lui arrive, et dé-dramatise la chose avec de multiples remarques rigolotes), elle poursuit sa quête mais elle-même se demande pourquoi. Parce qu'elle n'a pas vraiment le choix en gros, et du coup je n'ai pas trouvé ça hyper motivant, l'aventure et ses différentes sections sont longues. J'ai tout de même fait de longues sessions sur le jeu, mais la frontière s'amenuisait, entre le faire parce que ça m'amusait, et le faire parce que je voulais simplement que ça avance.

Et malheureusement lorsqu'on arrive au fin mot de cette histoire, j'ai trouvé que l'éparpillement progressif du drama a finalement été obligé de se simplifier pour que ça colle. Ce qui avait l'air d'être un problème très complexe et ambigu lorsqu'il nous est présenté pour la première fois, se résume finalement à quelque chose d'assez manichéen, et se résout à la fin par une action assez simple. Tout ceci étant dit, ça ne veut pas dire que le scénario est mauvais, il peut y avoir des scénarios excellents qui sont pourtant pleins de facilités et avec très peu de contrastes, je trouve juste dommage que dans la deuxième moitié du jeu il n'y ait pas eu comme dans la première moitié, plus de longues discussions qui concernent directement l'évolution du scénario. Au lieu de ça on a eu pas mal de longues discussions mais qui concernaient des problèmes secondaires. Le jeu réussit cependant du coup à créer une impression marquante avec son univers riche, qui restera en mémoire pendant un bout de temps, et c'est là pour moi sa plus grande qualité, celle de la construction de son univers, même si ça part dans tous les sens, il y a de multiples thématiques abordées, et cette somme de péripéties forme dans notre tête une image du monde du jeu où l'on se dit qu'on aimerait bien aller l'explorer encore plus (enfin, surtout Arcadia), juste pour voir quels genres de personnages et de légendes antiques on peut débusquer.

Au global ce n'est pas un point & click que je peux classer parmi les indispensables, mais je pense qu'un fan du genre peut facilement y trouver son compte.