L'hommage à Daniel Cohn-Bendit
Tout d'abord ne tombons pas dans l'écueil des sites de critiques traditionnels qui tentent d'expliquer le concept de The Path. C'est une aberration dans la mesure où l'un des principaux intérêts du jeu est justement d'en comprendre le concept et d'en identifier les mécaniques par soi-même.
Car le premier adjectif qui vient à l'esprit lorsqu'on se lance dans le jeu est : « déroutant ».
Mais peut-on parler d'un jeu ? Résolument non dans la mesure où l'aspect ludique est quasi-absent. En revanche on parlera bien volontiers de « conte-interactif » afin d'entrevoir la possibilité malgré tout de prendre du plaisir sur The Path.
Ici on nous propose de revisiter le conte du Petit Chaperon Rouge dans une version gothique et psychédélique à la sauce « Lewis Carroll ».
Perdons-nous dans les bois en espérant que le loup y soit... Un bois oppressant dans lequel il est plaisant d'errer en raison du cachet artistique qui, à défaut de briller sous l'angle de la technicité, brille par sa capacité à mettre en valeur l'atmosphère et les émotions suggérées. La bande son joue exactement le même rôle : techniquement modeste et répétitive, elle s'imbrique néanmoins de façon parfaitement homogène, si bien qu'on imagine mal comment il aurait pu être possible d'opter pour un meilleur choix.
Les jeux indépendants offrent généralement la possibilité de sortir des sentiers battus. Et si c'est une prise de risque conséquente, c'est souvent par ailleurs la seule possibilité de réaliser un véritable « coup de génie ».
Pour The Path il sera toutefois difficile de crier au génie. Car en effet malgré des atouts puissants, on pestera sur la répétitivité, des lourdeurs techniques ainsi que des problèmes de collisions et pathfinding difficiles à excuser à la vue de la sobriété minimaliste du titre.
Après quoi en bouleversant les codes du genre et en s'attaquant à certaines thématiques audacieuses (voir taboues) mais toujours avec une pudique retenue pour favoriser le procédé de « suggestion », The Path se risque à la désapprobation du grand public.
Aussi selon sa sensibilité propre, ou bien on va adorer ou bien à l'opposé détester, sans possibilité de tempérance entre ces deux extrêmes. Et même s'il y a fort à parier que la frange des 13-17 ans de Call of Duty se positionne sur le second cas de figure, il n'est pas certain que le duo de Tale of Tales ait eu la moindre vocation à ratisser aussi large.
En résumé, une expérience dépaysante qui vaut le détour, mais à consommer au calme, en rythme circadien « down tempo », et avec une ouverture d'esprit certaine.
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