Les rares jeux d'aventure point 'n' click que j'ai pu faire m'ont toujours frustré car leurs énigmes finissent à un moment ou à un autre par être tirées par les cheveux. Dès que je commence à tourner en rond sans savoir quoi faire je perds patience et je ne peux m'empêcher de regarder une soluce pour pouvoir avancer. En sachant pertinemment que les concepteurs s'amusent à créer des énigmes farfelues, dès que je bloque, je me sens complètement dépassé par les solutions potentielles car, dans un contexte aussi surréaliste, le moindre pixel des décors peut être couplé aux objets de notre inventaire, sans oublier les objets qui peuvent être couplés entre eux et toutes les actions possibles et imaginables (tirer, pousser, regarder, ouvrir, fermer...) sur à peu près n'importe quoi. Et là forcément, il y a de quoi perdre la boule, même si je veux bien admettre que je m'y prends mal. Mais c'est plus fort que moi.

Toutefois, je n'avais jamais vraiment fait de classique du genre (si ce n'est les Chevaliers de Baphomet) avant de jouer au cultissime The Secret Of Monkey Island. Alors je m'imaginais que ce jeu était tellement génial et bien pensé qu'il allait enfin me prouver que les point 'n' click pouvaient faire preuve d'un peu de logique en proposant des énigmes amusantes et loufoques mais à la portée d'un esprit sain et méthodique. Peine perdue... La première partie du jeu correspond cependant plutôt bien à ce résumé, et on ressent un certain plaisir à avancer dans le jeu en résolvant des énigmes qui demeurent assez "claires". On voit où le jeu veut nous faire aller et ce que l'on doit faire, sans pour autant extrapoler et partir dans des élucubrations nonsensiques. On peste malgré tout sur des détails, toujours les mêmes en fait, comme le fait de se retrouver bloqué car on a loupé un objet dans un décor (à l'image du fameux poulet à poulie qui se trouve au milieu d'autres poulets que Guybrush ne veut même pas toucher). Par contre dès que l'on se trouve sur le bateau puis sur Monkey Island c'est vraiment la grosse galère. C'est à ce moment que j'ai commencé à lâcher prise. On essaie cinquante choses différentes sans succès, alors qu'en fait il fallait utiliser cet objet et pas celui-là alors que la logique paraît la même (utiliser un bout de papier spécifique pour allumer une mèche) ou bien il fallait effectuer une action particulière comme si le personnage n'était pas capable de récupérer les choses tout simplement (penser à ouvrir le paquet de céréales).

A la fin, à partir du moment où il faut filer les bananes au singe, j'en avais tellement marre de tourner en rond sans savoir quoi faire que j'ai bouclé le jeu avec une soluce. Le jeu n'est donc pas exempt des problèmes que l'on retrouve dans la plupart (tous ?) les point 'n' click : des énigmes tirées par les cheveux. Et je n'ai définitivement pas la patience pour cela. Et plus le jeu avance, plus les difficultés s'accumulent et moins j'ai le courage de me prendre la tête et tourner pendant des plombes alors même que la solution peut se trouver en fait sous mes yeux (par exemple donner le bouquin qui n'a jamais servi à rien et que l'on a eu le temps d'oublier - où l'avais-je trouvé d'ailleurs ? - aux cannibales, et non pas chercher, je ne sais quoi, mais après tout, tout est possible !). Donc à chaque blocage plutôt que de perdre du temps je me jette tout de suite sur la soluce. Bref, je joue trente secondes, je mate la soluce, je joue trente secondes, je mate la soluce... C'est ainsi que j'ai fini Monkey Island et je peux assurer que c'est frustrant et pas plaisant (fouiller pour la centième fois les mêmes lieux, parcourir la carte dans tous les sens d'un bout à l'autre est tout sauf plaisant, c'est... chiant, et j'irais presque jusqu'à dire que c'est l'antithèse du jeu vidéo mais je ne veux pas en faire trop non plus).

Mais j'avais envie de le finir ce jeu car on ne peut lui enlever une chose : son atmosphère qui, elle, est vraiment géniale. L'univers de piraterie loufoque est parfaitement réussi et les dialogues sont excellents. Et puis il y a quelques passages vraiment excellents et des idées de génie, une surtout, les combats à l'épée à coup d'insultes. Bref, tout pour mettre dans l'ambiance, avec des personnages aussi délirants que charismatiques. Rien que pour son ambiance Secret Of Monkey Island est un jeu qui mérite d'être joué, et puis cela ne peut pas faire de mal pour sa culture vidéoludique personnelle. Mais cela reste définitivement un point 'n' click et malheureusement je suis de plus en plus convaincu que je ne suis pas fait pour ce genre de jeu. Paradoxalement, cela ne m'empêche pas d'avoir envie de découvrir les autres point 'n' click réputés cultes, et notamment Monkey Island 2 qui est soi-disant encore plus génial que le premier mais également plus nébuleux (bigre). Bref, Secret Of Monkey Island est sans doute une référence pour les fans du genre, mais en ce qui me concerne je n'ai pas eu d'illumination... malgré le thème de fin (le love theme de Guybrush et Elaine) qui m'a totalement subjugué (je me le suis passé en boucle après avoir fini le jeu ; j'ai rarement été aussi envoûté par une musique de jeu vidéo, mais pourquoi le morceau est aussi court !? En une minute cette musique m'a filé une nostalgie pas possible pour un jeu qui m'a frustré pendant plus de huit heures. Magique. Ce thème mériterait presque une étoile supplémentaire, et globalement les musiques sont excellentes et contribuent grandement à l'atmosphère du jeu).

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le 1 mars 2011

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benton

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