Je m'appelle Paul Prospero, détective mais aussi esthète.
Appelé pour résoudre une étrange enquête, je me retrouve dans une magnifique contrée, teintée de lacs, d'ifs et de bouleaux, de collines pittoresques et de bâtiments d'une charmante rusticité. Les rayons du soleil d'une éternelle fin de journée baignent le monde d'une douceur orangée. On pourrait sentir le parfum des fleurs sauvages et le délicieux cliquettement des insectes. Un corps démembré m'accueille.
- "Des crimes ont eu lieu ici", me susurrè-je de ma voix la plus grave et introspective.
- "Ça sent le règlement de compte entre consanguins éloignés de la civilisation", ajoutè-je, sûr de moi.
- "Tirons ça au clair !", m'encouragè-je.
Je suis un médium.
Malheureusement, ma venue est par bien trop tardive : les cadavres sont peu bavards et n'en savaient de toutes façons pas beaucoup plus de leur vivant. Mon don de perception de l'histoire passé des lieux et des objets m'aide à comprendre les évènements et à reconstituer le déroulement de cette sombre histoire. Je fais de ce cas, particulier par bien des points, une affaire personnelle.
Je suis bien baisé !
Arrivé à l'endroit où la fin de mon périple devrait avoir lieu, j'ai soudain le sentiment d'avoir omis de résoudre certaines parties de l'énigme.
Magnanime, je propose au joueur de fermer les yeux et de me téléporter - grâce à la vibration quantique de mes molécules - en un lieu que j'aurais oublié d'explorer afin d'y enquêter derechef.
Vicieux, je ne lui accorde aucun moyen de me rendre rapidement à un autre lieu dont j'aurais pu passer à côté des mystères. Me voilà coincé au début de mon aventure, et il ne me reste plus qu'à reparcourir ce paysage - magnifique et suffisamment vaste pour éroder un calme olympien - en entier pour avoir la chance de retrouver cette unique lieu permettant l'utilisation de mon pouvoir de téléportation-par-yeux-fermés, sûrement une histoire de concentration d'énergie spirituelle.
Las, j'enjoins le joueur a néanmoins poursuivre ma quête. Étrangement, ce dernier paraît d'un coup d'un seul beaucoup moins intéressé par mon aventure, voire résolu à arrêter le jeu. Quel étrange comportem.... BZZzzz....

The Vanishing of Ethan Carter est un travail d'orfèvre. Il parvient à insuffler la vie dans la résolution a posteriori d'évènements surnaturels par des moyens qui le sont tout autant. Le réalisme et l'immersion ne souffrent pas de ce caractère fantastique et l'on se plaît à découvrir des environnements toujours plus beaux, magiques et parfois terrifiants. L'histoire qui nous est contée est fascinante et sa résolution, frénétique !
Pourquoi alors, mille fois pourquoi, nous forcer finalement à nous retaper méchamment des allers-retours méthodiques qui ont tout perdu de leur charme initial ?
Je m'appelle Paul Prospero, et je ne découvrirai jamais le fin mot de cette histoire !

Créée

le 10 janv. 2015

Critique lue 584 fois

4 j'aime

Rémi Gênant

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