Une critique très peu linéaire
Il est loin le temps où on pouvait jouer à un jeu sans pouvoir le critiquer vu qu'il était - de toute façon - le meilleur de sa catégorie et qu'il nous avait obligé à nous associer à Uwe Boll et à lui arracher ses maigres revenus pour pouvoir l'acheter... D'un autre côté, maintenant, vu qu'on peut condamner Boll au bucher, je suppose qu'on peut critiquer des étalons.
Faut avouer, bien que le jeu se révèle graphiquement supérieur à son prédécesseur et qu'il a l'air génialement crédible et complexe, on se pose une question momentanée au début du sombre récit de Geralt : en tentant de rester le plus calme et diplomatique possible, voici ce qui est sorti de mon infâme esprit : "mais qu'est-ce que je fous dans cette p***** de merde ??". A vrai dire, il m'a fallut un petit moment pour pouvoir faire le listing des personnages : Triss, OK. Foltest, OK. Adda (et sa citation qui prouve que le chargement d'une partie de TW1 n'est pas inutile), OK. Le Moine-Tueur-de-Rois, OK. But... WTF ?
Voilà ce que j'ai plus ou moins vécu lors de ma première heure de jeu. D'ailleurs, j'ai même failli retourner en arrière histoire d'échanger mes réponses et d'embrouiller Roche (les joueurs me comprendront). Mais bon, j'ai su résister à la tentation et j'ai continué. Sincèrement, l'histoire m'a laissé un gout amer. Assez frustrant, je dois dire. Comment dans le 1er jeu, on se fait embarquer dans une intrigue politique énorme où les personnages se révèlent plus maniaques et pervers que nos véritables diri... Enfin, je veux dire, où les antagonistes sont autant monstrueux qu'un troll mutant. Et vous verrez que pour une raison que j'ignore, la seule et unique question qu'on se pose lors des 39 heures qui suivent la première, c'est tout bonnement "dans quelle merde je vais me foutre aujourd'hui ?...".
Et là où c'est plus frustrant, c'est que contrairement à TW1, tout se passe rapidement et vraiment dans le feu de l'action. Pourtant, personne ne nous parle d'une mission suicide, d'un McFoltest's chez qui on distribue des milk-shakes à volonté ou d'une urgence particulière. Admettons, le scénario sonne dramatique mais la rythmique de cette suite se casse sur les falaises ardentes d'un réalisme peu ordonné. Le système de méditation et de dégustation de potion est revu à la hausse, tout comme le gameplay. Ça brille comme un beau diamant ; le seul hic, c'est que personne a prévu les espèces de lasers à détecteurs de mouvements qui nous tailladent à chaque mouvement : le durée de vie se doit principalement aux ennemis hyper-drogués qui te tuent si t'as pas pris la BONNE épée au BON moment avec la BONNE armure et la BONNE potion. Et même avec ça, bonne chance pour te taper une famille de chauds nekkers affamés.
Voilà, donc, ce qui te donnait l'impression de t'avoir pris 3 mois de ta vie n'est en fait qu'une illusion : ça t'a juste pris une trentaine d'heures, et à peine plus dans le jeu. Parce que Geralt ne dort JAMAIS. Bon sang, ce type est bourré aux hormones ou je ne m'y connais pas ! Lance Armstrong s'inclinerait devant lui s'il le pouvait. A moins d'être un magnat de la méditation, notre héros peut très bien gambader dans les champs en sautillant au milieu des quêtes, sans jamais dormir. Alors qu'on nous a conditionné, dans le un, de dormir pour un oui ou pour un non. En fin de compte, ce qui paraissait lent dans un épisode parait trop rapide dans la suite. Et en admettant que ce ne soit qu'un soucis de choix, j'ai entrepris la voie Iorveth et la voie Roche... Pour sûr, dans les deux, le blanchâtre est aussi actif.
Ce qui est aussi perturbant, c'est la refonte du système d'évolution du personnage. C'est joli comme arbre : c'est bien soigné, méticuleusement arrangé pour pouvoir nous offrir des bonus efficaces. Sauf qu'un coup on gagne trois niveaux en quelques minutes... et un autre, faut attendre trois heures pour en gratter un. Outre ça, l'invention polonaise du siècle, qui prouve son inutilité dès le 1er chapitre : les mutagènes. Intéressants dans TW1, et dotés d'une présence incompréhensible dans TW2. D'ailleurs, CD Projekt s'en est rendu compte, puisqu'on en croise exclusivement qu'à Flotsam et qu'on jouera ensuite au Démineur tout le long de l'aventure en se demandant si le prochaine évolution va pouvoir permettre l'utilisation (au combien rare) d'un de ses étranges mutagènes qui encombrent l'inventaire ; et juste pour déconner, on en trouve deux qui se battent en duel et à qui ajouter un mutagène ne sert foutrement à rien.
Bref. Ajouté à cela que le scénario se déroule sans se soucier de votre misérable victoire contre messir Jacques et son Ordre fanatique, mais qui - cependant - s'accroche à votre jambe pour que vous puissiez user de votre inutilité compétente histoire de changer le Monde et le royaume qui entoure les souverains-fourmis qui s'entretuent sans aucune raison apparente. D'un côté ou de l'autre, ça reste réaliste et peu conformiste. C'est magnifique, c'est soyeux, c'est délicat. Mais ça n'a rien à voir avec l'expérience de TW1. En réalité, voici la solution à la question du début : cette merde, c'est un jeu spécialement conçu dans le but d'embrouiller les fans qui venaient juste de réviser leurs maigres connaissances dans l'univers contre-linéaire de The Witcher. Je dirais même mieux... CD Projekt s'est dit que puisque refaire le jeu une deuxième fois avec l'EE était un réel plaisir, ils pouvaient très bien ne pas tenir compte de TW1 et abattre tout ses fondements avec un sourire sadique...
En conclusion, The Witcher 2 est un excellent jeu. L'un des meilleurs sans doute. Mais SURTOUT, ne vous risquez pas à jouer à son prédécesseur AVANT, au risque d'être aussi confus que ma critique. Ou, à l'extrême limite, faites le après si vous souhaitez ne pas commettre d'attentat en Pologne avec un coupe ongle.